Se défaire de Transocean
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Profiteriez-vous des cours historiquement bas de Transocean pour racheter des titres ou vendriez-vous votre position?”
Les actionnaires du leader mondial sur le marché de la location d’installations de forage pétrolier n’ont guère de raison de se réjouir. Au plancher à 6,19 dollars de la fin 2018 a succédé un redressement jusqu’à 9,65 dollars fin avril, puis l’action a à nouveau perdu progressivement plus de la moitié de sa valeur. Les titres de ses concurrents (Seadrill, Noble Corp, etc.) ont été au moins autant sanctionnés. Transocean échappe donc de moins en moins à la tendance. Cinq ans après le début de la crise, les principaux problèmes, dont la surcapacité structurelle, auxquels est confronté le secteur ne sont pas résolus. De nombreuses installations de forage ont été démantelées de 2015 à 2017 mais depuis, la capacité n’est plus réduite.
Dans son rapport sur le 2e trimestre, Transocean fait état d’un taux d’occupation maigrichon de 56%, conforme à la moyenne du secteur mais beaucoup trop bas pour conférer au loueur le moindre pouvoir de tarification. Les perspectives pour 2023 font état d’un taux d’occupation à peine supérieur à 60% dans l’ensemble du secteur. Ce dernier s’est certes repris, par rapport aux années 2015 et 2016, mais les majors pétrolières n’y investissent plus que moitié moins, en moyenne, qu’avant 2014. Ce qui limite le potentiel de redressement des tarifs de location.
Le taux d’endettement de Transocean préoccupe de plus en plus les investisseurs. Les acquisitions de Songa Offshore et Ocean Rig ont gonflé sa dette nette. A 7,5 milliards de dollars fin juin, elle correspondait à 8,1 fois le cash-flow opérationnel (Ebitda) attendu en 2019. A la même date, sa position de liquidités s’élevait, compte tenu des lignes de crédit ouvertes, à 3,6 milliards de dollars. Si l’on se fonde sur le carnet de commandes, elle devrait diminuer à 1-1,2 milliard fin 2021. Les nouveaux contrats que Transocean a conclus ces sept derniers mois pesaient à peine 530 millions de dollars. Les tarifs de location se sont accrus légèrement, cependant moins qu’espéré et pas assez pour que le loueur devienne structurellement rentable. Une grande part de sa dette brute (10 milliards) arrivant à échéance après 2021, une nette amélioration de la situation d’ici là est cruciale pour lui. L’incertitude croissant, profitez des bonds du cours pour vendre les titres (rating 3C).
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