Oxurion dans la tourmente
La rédaction répond à la question d’un abonné: “L’action Oxurion a récemment plongé. L’entreprise s’en remettra-t-elle?”
La semaine dernière, la société de biotechnologie basée à Louvain a hélas annoncé des résultats d’étude décevants pour son inhibiteur d’intégrines pan-RGD THR-687. Il s’agissait des premières données du volet A de l’essai de phase II consacré au traitement de patients présentant un oedème maculaire diabétique (OMD) qui n’avaient jamais été traités. La phase I a beau avoir été encourageante, les principaux critères d’évaluation – acuité visuelle et épaisseur du sous-champ central – n’ont, ici, pas été atteints. C’est évidemment un coup dur pour Oxurion, qui a dû se résoudre à ne pas lancer le volet B, au cours duquel le candidat traitement devait être comparé avec l’agent anti-VEGF Eylea.
L’entreprise n’a d’autre choix que celui de se concentrer désormais sur le développement de son inhibiteur de kallikréine plasmatique (Pkal) THR-149, unique molécule que compte encore son pipeline (initialement, quatre destinées aux maladies oculaires liées au diabète). Le THR-149 cible, lui, les 40 à 50% de patients atteints d’OMD qui ne répondent pas, ou pas de manière optimale, au traitement standard actuel, un anti-VEGF. Le marché de l’OMD représentait 4 milliards de dollars en 2020. Les analystes estiment que le candidat produit pourrait rapporter plus de 500 millions. Rappelons qu’il était ressorti d’une analyse approfondie des résultats prometteurs de la 1re partie de l’essai de phase II, que deux des huit sujets ayant reçu la dose la plus élevée du produit n’auraient pas dû y être inclus. Le protocole a été modifié en conséquence, et les deux patients n’ont dès lors pas été intégrés dans le 2e volet, en cours, qui compare l’effet de la molécule avec celui de l’Eylea et dont les résultats devraient tomber mi-2023. Ces patients exclus représentent environ 20% du groupe cible. L’on sait aujourd’hui qu’ils peuvent être détectés sur la base de deux biomarqueurs. Les résultats de l’étude devront, cela va de soi, être concluants pour qu’Oxurion, désormais dans la tourmente, survive.
Au cours de ces derniers mois, l’entreprise n’avait pas chômé, et a par exemple vu arriver à bord le célèbre investisseur en biotechnologie américain Fidelity Management, lequel a apporté 4,5 des 10 millions d’euros levés début mars à 1,44 euro par action (+4% par rapport au dernier cours). Tom Graney, le CEO, est contraint de renflouer à nouveau les caisses d’Oxurion, pour qu’elle puisse fonctionner convenablement jusque mi-2023 au moins. Après la récente grosse déception, ce ne sera pas facile.
Tout reposant désormais sur le THR-149, le risque s’est accru. Nous abaissons donc notre recommandation, à “à conserver/attendre” (rating 2C), mais gardons nos quelques actions dans le portefeuille modèle.
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