Les propos de Yellen raffermissent le dollar
La nouvelle présidente de la Fed, Janet Yellen, a surpris les milieux financiers en annonçant que les taux d’intérêt pourraient grimper dans les six mois.
D’après les dirigeants occidentaux, les sanctions qu’ils viennent de prendre à l’encontre de la Russie la perturberont profondément. Etrange, alors, que le rouble (RUB) ait progressé de 1,8% la semaine passée. Plus étrange encore est le redressement généralisé des emprunts russes. On dénombrait plus de six fois plus de titres à la hausse qu’inversement, contrastant énormément avec l’évolution des autres devises du marché des capitaux où la tendance était franchement maussade. Les titres à la baisse dépassaient de six fois en moyenne ceux à la hausse.
Pas impressionnés, les Russes !
On comprend dès lors que les sanctions occidentales impressionnent peu les gouvernants russes. David Cameron, le Premier ministre anglais, peut prétendre que la Russie est plus dépendante de l’Europe qu’inversement, les statistiques démentent cette affirmation. Et ce n’est pas en affirmant aujourd’hui que l’Union cherchera d’autres sources énergétiques qu’elle diminuera sa dépendance rapidement.
Les restrictions en matière de visas imposées par les Etats-Unis ne plaisent pas trop aux banques. C’est que bon nombre d’entreprises russes envisageaient l’émission d’emprunts pour quelque 15 milliards de dollars (USD) via les banques occidentales. Or, pour favoriser ces émissions, il était prévu d’organiser des road shows, des entrevues entre investisseurs et responsables de ces entreprises. Les road shows facilitent le placement de nouveaux emprunts.
Mais comme beaucoup de hauts responsables de ces entreprises russes figurent sur la liste noire américaine, ils ne peuvent plus se rendre librement en Occident pour louer leur entreprise. Beaucoup s’imaginent que c’est un coup dur pour les Russes. Il n’en est rien. Si ces messieurs ne sont plus les bienvenus chez nous, ils iront ailleurs, en Extrême-Orient par exemple. Singapour et Hong Kong se préparent déjà à les accueillir. Il est de plus probable que les émissions ne seront plus libellées en USD afin d’éviter des tracas avec les autorités américaines.
Yellen surprend
La nouvelle présidente de la Banque centrale américaine (Fed), Janet Yellen, a tenu sa première conférence de présidente et divulgué sa politique. Elle a surpris les milieux financiers en annonçant que les taux d’intérêt pourraient grimper dans les six mois. Sa décision dépendra de l’évolution économique. Elle a annoncé qu’elle abandonne le taux de chômage en guise de repère. Personne ne sait cependant par quoi elle le remplacera. La présidente a en outre reconnu que la situation était particulièrement compliquée à analyser.
La situation en Europe n’est pas réjouissante non plus. Maintenant que le Luxembourg et l’Autriche ont levé les derniers obstacles pour la formation d’une union bancaire, voilà que les banques se chamaillent entre elles. On sait que d’ici à 8 ans, le fonds de soutien disposera de 55 milliards d’euros (devant faire face à un total bilantaire de l’ordre de 30.000 milliards !). La question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment ce fonds sera alimenté. Personne ne veut le faire et chacun souhaite que sa contribution soit réduite au strict minimum. Les banques, elles, exigent que la contribution soit liée au risque de la banque. Si on omet ce lien, prétendent-elles, on soutirerait indûment des capitaux du système et affecterait la position concurrentielle des établissements. Chose impossible d’après les divers traités qui régissent l’Union. Maintenant que les politiques ont terminé leur jeu, voilà que les banques prennent la relève.
Panique en milieu bancaire
L’annulation de l’amende de 4,9 milliards d’euros (EUR) dont devait s’acquitter Jérôme Kerviel, le trader malchanceux de la Société Générale, crée une certaine panique dans le milieu bancaire. C’est qu’un juge français a annoncé l’ouverture d’une instruction sur les pratiques ayant conduit à cette débâcle. Un nouveau scandale en perspective. N’oublions pas que la thèse défendue par la Société Générale est tout bonnement ridicule. Elle affirme qu’elle n’était pas au courant des opérations de son trader, qu’il agissait en toute indépendance.
Toute transaction, surtout internationale, est automatiquement enregistrée, tant par la banque même que par une institution spécialement chargée de cette besogne. Cette procédure a d’ailleurs été mise en place par les banques elles-mêmes afin d’éviter tout malentendu entre elles. Tout le monde est donc en mesure de savoir ce qui se passe tout le temps. Prétendre ne pas être au courant des agissements de son trader est donc une hérésie. Mais ce qui s’est passé à la Société Générale était monnaie courante dans le milieu bancaire. Il est évident que l’instruction dévoilera bien des mécanismes et malversations. Certes, avant que l’instruction soit bouclée, de nombreuses années seront passées.
Progression du rouble et du dollar
Le sentiment sur le marché des capitaux était morose. Seul le RUB a progressé. Partout ailleurs, les emprunts se sont tassés, excepté les émetteurs russes. Toutes les souveraines de renom ont reculé en EUR. Seuls l’Italie et le Portugal ont résisté. L’image était similaire en USD avec pour différence que les titres de pacotille y ont baissé alors qu’ils tenaient la route en EUR et en livre (GBP).
Les propos surprenants de Yellen ont permis le raffermissement de l’USD. Il termine la semaine en hausse de 0,75% par rapport à l’EUR. Le yuan chinois (CNY) a de nouveau perturbé le marché des changes. La banque centrale du pays a décidé le week-end passé d’élargir la marge de fluctuation de la devise, passant de 1 à 2%. La banque centrale pourra donc accepter des fluctuations quotidiennes s’élevant à 2%. Elle a déjà profité de cette faculté en abaissant son taux pivot de 0,5% vendredi dernier, un bond qu’on n’a jamais vu auparavant. En une semaine, le CNY a cédé 0,5% face à l’EUR et 1,2% face à l’USD.
Guerre des devises menée par la Chine
Le Japon a tenté de contrer la manoeuvre chinoise. En vain. Le yen (JPY) a baissé de 0,3% par rapport à l’EUR, mais s’est raffermi face au CNY. Il est de plus en plus évident que la Chine mène de front la guerre des devises actuellement. Une raison de plus pour la Russie de ne pas trop s’en faire des sanctions occidentales à son égard. Les deux pays collaborent étroitement actuellement.
Le marché primaire reste submergé d’émissions bancaires. Tous les regards se sont portés sur celle de Piraeus (CCC). La banque grecque a su lever 500 millions à 3 ans sans rencontrer de problème. Le succès était au rendez-vous. Il est vrai que le titre offre pas moins de 4,5% de plus que la moyenne du marché. Il s’échange déjà à 100,8% (4,71%) sur le marché gris. Les entreprises qui disposent de leur propre banque, tels que Daimler, Renault ou Volkswagen, étaient elles aussi très actives sur le marché. Renault (Baa3) offre 0,77% de mieux que la moyenne du marché, ce qui est plutôt chiche. Le titre s’échange d’ailleurs sous son prix de souscription sur le marché gris, à 99,03% (2,4%).
La chaîne de magasins français Rallye (sans notation) donne du 4% sur 7 ans, soit 2,44% de mieux que la moyenne du marché. Conditions conformes à celles du marché. L’emprunt se négocie d’ailleurs à 100,97% (3,84%) sur le marché gris. Vous obtiendrez encore plus avec un émetteur russe sous-évalué actuellement, comme Gaz Capital (BBB), la filiale financière du géant gazier Gazprom, qui est qualitativement meilleure et certainement plus robuste que les deux émetteurs précédents.
La nouvelle tranche de la BEI (AAA, supranationale) en couronne norvégienne (NOK), où il y a 310 jours d’intérêts à régler, est trop chère. Optez pour la tranche existante (alt.2) tant que frais et différence de prix ne dépassent pas 1,49%. Même remarque pour la nouvelle tranche en lire turque (TRY), où il y a 250 jours d’intérêt à régler. Préférez la KfW (AAA, avec garantie de l’Allemagne), tant que frais et différence de prix restent sous 1,9%. Les deux tranches supplémentaires en ZAR sont chiches. Optez pour la Banque Mondiale (AAA, supranationale, alt.5) tant que frais et différence de prix n’excèdent pas 1% par rapport à la BEI 9% et 1,57% par rapport à la BEI 7,5%.
Obligations
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