Le point sur le premier semestre (II)

Cette semaine, nous poursuivons l’analyse de plusieurs scénarios abordés dans cette rubrique au deuxième trimestre.

Brésil

Mi-avril, nous avons présenté 3 trackers permettant un investissement diversifié en actions brésiliennes. C’était un choix à contre-courant, car le sentiment des investisseurs était alors largement négatif vis-à-vis d’un pays en proie à des scandales de corruption, une inflation galopante et l’effondrement de la monnaie locale, le real brésilien (BRL). Trois mois plus tard, la situation n’a guère évolué, même si l’on peut pointer plusieurs lueurs d’espoir. L’USD s’échange toujours à proximité de niveaux records vis-à-vis du BRL. L’inflation est toujours très élevée. L’indice des prix à la consommation a augmenté de 8,47% en mai, son plus haut niveau depuis décembre 2003, notamment en raison d’impôts et de taxes supplémentaires destinés à rétablir l’équilibre budgétaire. Le taux à court terme a entretemps bondi à 13,75%. La plupart des analystes s’accordent toutefois à dire que les taux d’intérêt ont atteint leur pic et qu’une première baisse des taux interviendra avant la fin de l’année pour redonner un peu d’oxygène à l’économie. Ce qui devrait profiter en premier lieu au secteur bancaire.

Les 3 trackers proposés, cotés en USD, ont perdu quelques pour cent par rapport à la mi-avril, mais ce recul est largement compensé par l’appréciation du billet vert par rapport à l’EUR durant cette même période. En raison de la part importante (25%) des valeurs financières dans l’indice sous-jacent (MSCI Brazil 25/5), les perspectives sont plus favorables pour l’ iShares Brazil Capped ETF. Les deux trackers spécialisés dans les petites capitalisations (Market Vectors Brazil Small Cap ETF et iShares MSCI Brazil Small Cap ETF), dont les indices sous-jacents comptent de nombreuses entreprises exportatrices, doivent à terme profiter de la baisse du BRL. Quoi qu’il en soit, tout investissement dans la Bourse brésilienne doit être évalué sur une plus longue période.

Platine et palladium

Fin avril et fin mai, nous avons examiné les possibilités d’investir dans le platine et le palladium par le biais de produits dérivés. Comme les deux métaux précieux sont très liés l’un à l’autre, nous les aborderons ensemble.

Commençons par la mauvaise nouvelle : le platine et le palladium ont atteint de nouveaux planchers ces dernières semaines. En avril et juin, le platine a enregistré sa quatrième perte trimestrielle consécutive et est retombé à son plus bas niveau en plus de six ans. Le métal a déjà abandonné 11% depuis début 2015. Dans le cas du palladium, la perte depuis le début de l’année atteint même 15%. L’once troy de palladium n’avait jamais été aussi bon marché depuis juillet 2013. Ceux qui ont investi via des trackers ou des produits à effet de levier assortis d’une barrière désactivante nettement inférieure au cours de référence n’ont aucune inquiétude à nourrir. En revanche, un levier plus élevé engendre un risque à l’avenant.

La principale cause de la baisse constante des cours des deux métaux est la perspective d’une augmentation de la production alors que la demande stagne. L’industrie constitue de loin la principale composante de la demande de platine et de palladium. Ces métaux sont essentiellement utilisés dans les pots catalytiques pour moteurs essence (palladium) et diesel (platine). L’industrie automobile est donc un débouché important, et dans ce contexte, le récent accès de faiblesse de l’économie chinoise n’est pas favorable. La Chine est en effet le premier marché automobile au monde, mais aussi celui qui a enregistré la plus forte croissance ces dernières années. Selon les chiffres récents de la China Association of Automobile Manufacturers, les ventes totales de voitures et d’utilitaires légers sont retombées à 1,964 million d’unités en mai, contre 2,079 millions en avril et 2,283 millions en mars. Les ventes enregistrées sur les 5 premiers mois de 2015 sont encore en légère hausse par rapport à l’an dernier, mais les chiffres de 2014 ne seront pas atteints si la tendance de ces derniers mois se confirme. En Europe aussi, le redressement du marché automobile a fait long feu. Le seul motif d’espoir est pour l’instant les Etats-Unis, 2e marché mondial, où les ventes annuelles s’élèvent actuellement à 17,8 millions d’unités, contre 16,8 millions d’unités l’an dernier. On peut cependant s’interroger sur le caractère durable de la demande à présent que la période de conditions de financement extrêmement favorables touche peu à peu à son terme.

Bonne nouvelle

La bonne nouvelle est que malgré l’augmentation de la production et le ralentissement de la croissance de la demande, cette année se soldera par un déficit à la fois pour le platine et le palladium. L’augmentation attendue de l’offre trouvera avant tout son origine dans la hausse de la production minière, mais l’offre de métal recyclé provenant des anciens pots catalytiques est également en hausse. La croissance de la production des mines sud-africaines n’a pas surpris puisque le secteur a été paralysé par cinq mois de grève l’an dernier. Les prévisions relatives aux mines sud-africaines (+17% pour le palladium et même +20% pour le platine) ne tiennent cependant pas compte de nouveaux problèmes sociaux ou opérationnels. Dans son Platinum Group Metals Yearbook 2015, CPM Group SI estime le déficit à 215.000 onces. Le producteur de pots catalytiques Johnson Matthey table sur un déficit légèrement plus élevé (285.000 onces). L’année 2015 sera ainsi la cinquième de déficit consécutive, ce qui réduit inévitablement aussi les stocks disponibles. Pour le palladium, le déficit est estimé à 100.000 onces. Un déficit constant depuis 2007.

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