Le pétrole redevient l’or noir

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Après la chute spectaculaire de son prix en 2020, le pétrole a connu un net rebond, qu’expliquent les belles perspectives en ce qui concerne la demande et une offre volontairement limitée. Un effet spéculatif s’y ajoute.

Le cours du baril de brut a doublé depuis l’été dernier car la demande devrait augmenter grâce aux nombreuses mesures de relance de l’économie, dans un contexte où la discipline des producteurs a permis une hausse limitée des stocks malgré les achats en berne des consommateurs d’or noir.

Prolongation des quotas

La consommation mondiale est retombée à 90,2 millions de barils de pétrole brut par jour en 2020, contre près de 100 millions en 2019. L’Opep+, qui regroupe les membres de l’Opep et d’autres producteurs, menés par la Russie, produit aujourd’hui 7,2 millions de barils par jour de moins qu’avant la pandémie. L’Arabie Saoudite a en outre réduit volontairement sa production de 1 million de barils par jour, une mesure initialement prévue jusqu’à fin mars mais prolongée.

En matière de quotas de production, l’Opep+ a soufflé le chaud et le froid, ces dernières semaines. La Russie, qui souffre des sanctions économiques à son encontre, aurait grand besoin de revenus pétroliers supplémentaires. Certains membres du cartel, comme l’Iran, voudraient eux aussi pomper davantage. Un compromis a été trouvé: la production de l’Opep+ restera inchangée en avril, mais la Russie (+130.000 barils/jour) et le Kazakhstan (+20.000) sont autorisés à produire légèrement plus. Au-delà de l’Opep+, la baisse de la production aux Etats-Unis, de 13,1 millions de barils il y a un an à moins de 10 millions aujourd’hui, est frappante.

Spéculation

Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande ne rejoindra l’offre qu’au troisième trimestre. L’Opep table pour 2021 sur un rebond de la demande à 96 millions de barils par jour – bien moins qu’en 2019. Il semble donc que les opérateurs financiers aient fait monter le prix du pétrole. La position longue des investisseurs spéculatifs sur les marchés à terme n’a pas été aussi importante depuis 2,5 ans. Le pétrole brut est actuellement en déport, ce qui signifie qu’il faut payer une prime pour les contrats à terme à échéance courte. A l’inverse, les produits dérivés, comme l’essence, sont en report: plus l’échéance est longue, plus le contrat est cher. A court terme, une consolidation, voire un recul du prix du pétrole est très probable. Une nouvelle hausse nécessiterait un rebond effectif de la demande et une nouvelle baisse des stocks.

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