Le café reste volatil (II)
La tendance à la hausse reste intacte pour le café
Nous revenons sur le récent repli du cours du café que nous évoquions déjà la semaine dernière. Le café s’est montré performant cette année avec une ascension de 47% depuis début janvier. Mais nous ne pouvons pas non plus faire abstraction de la correction de 22% depuis fin avril. Un recul imputable à la combinaison de plusieurs facteurs. Après une sécheresse exceptionnelle pendant les premiers mois de 2014, un grand pessimisme planait sur la récolte de cette année. Mais plusieurs grands négociants en café ont légèrement revu leurs prévisions à la hausse depuis. Le Conab, le ministère brésilien de l’Agriculture, semble prendre la même voie. Neri Geller, le ministre brésilien de l’Agriculture, a fait savoir la semaine dernière que les dégâts causés par la sécheresse ne seraient peut-être pas aussi importants que ce que l’on craignait initialement. Les prévisions de récolte officielles de la Conab s’établissent désormais à 44,6 millions de sacs de 60 kilos, contre une première fourchette d’estimation de 46,5 à 50,2 millions de sacs. Le marché tient d’ores et déjà compte du fait que le nouveau chiffre sera revu à la hausse.
Chez les autres grands producteurs d’arabica, les informations sont neutres à positives. Au début de l’année, la contamination des caféiers d’Amérique centrale et du Mexique à la rouille – un champignon – avait semé le trouble. Ici aussi, les dégâts semblent finalement limités, même si l’on en saura davantage dans quelques mois. En tout cas, aucun fournisseur de la région ne s’est trouvé dans l’impossibilité d’honorer ses engagements à ce jour. Au Costa Rica, la fédération nationale du café Icafe a relevé ses prévisions de récolte de 7,3% à 1,6 million de sacs. La production cumulée en Amérique centrale et au Mexique devrait atteindre 17,6 millions de sacs cette année de récoltes, contre 16 millions de sacs il y a un an. La Colombie, 2e producteur d’arabica après le Brésil, se dirige vers sa production la plus importante depuis 2008. En avril, la production avait encore baissé de 14,2% sur base annuelle, mais le mois de mai a été marqué par un redressement de 12,1% à plus d’un million de sacs. Après les huit premiers mois de l’année de récoltes 2013/2014, la production colombienne s’établit à 7,9 millions de sacs, presque un quart de plus qu’au cours de la même période il y a un an.
Spread réduit
On notera que le prix de la variété robusta, cotée sur Euronext Liffe, a augmenté ces dernières semaines. Le spread, c’est-à-dire le différentiel de prix entre l’arabica et le robusta (normalement la variété la moins chère) n’avait plus été aussi réduit depuis février. Au Vietnam, le marché physique est à peu près gelé parce que les vendeurs et les torréfacteurs de café ne parviennent pas à s’entendre sur les prix. En Indonésie, le pic de la récolte n’a pas encore été atteint.
La volatilité restera élevée à court terme, même si la tendance à la hausse est intacte. Quoi qu’il en soit, la récolte brésilienne de cette année sera nettement inférieure à celle de l’an dernier (52,8 millions de sacs). Au Vietnam aussi, la production diminuera l’an prochain en raison d’une baisse des rendements (baisse de la production par unité de superficie cultivée).
Mini-futures
Nous avons déjà expliqué que vous ne pouviez plus vous adresser à RBS Markets sur Euronext pour des turbos ayant des matières premières agricoles comme valeur sous-jacente. En revanche, il est toujours possible d’investir dans les mini-futures du même émetteur qui sont négociés sur la Bourse allemande. On y trouve actuellement huit mini-futures longs qui ont le contrat à terme septembre comme valeur sous-jacente et un levier compris entre 1,7 et 6,6. Nous nous intéresserons également à deux trackers qui permettent de miser sur une hausse du cours du café.
Barclays propose deux Exchange Traded Notes ou ETN sur le café. Nous n’approfondirons pas la différence entre les ETN et les ETF dans cet article. Retenez cependant que les deux produits répliquent l’évolution de la valeur sous-jacente, mais qu’en théorie, les ETN comportent un risque de contrepartie plus élevé.
L’iPath Dow Jones-AIG Coffee Total Return Sub-Index est coté sur le NYSE depuis juin 2008 (ticker : JO). La valeur sous-jacente est un indice qui reflète l’évolution du cours du contrat à terme de référence sur le café. Actuellement, il s’agit p. ex. du contrat à terme juillet. Lorsque ce contrat arrivera à échéance, la position sera reportée sur le contrat septembre, décembre, mars 2015, etc. Le marché du café est actuellement en situation de contango, ce qui signifie que les contrats à terme assortis d’une échéance plus lointaine sont plus chers. Le roulement des positions entraîne donc un rendement négatif. C’est également le cas pour les produits à levier qui investissent dans des contrats à terme sur le café ou en reflètent l’évolution des cours. JO est le plus grand des deux trackers sur le café de Barclays avec 89 millions USD en gestion et un volume journalier moyen de 175.000 titres. Les frais annuels s’élèvent à 0,75%.
L’iPath Pure Beta Coffee ETN du même émetteur est un peu plus petit. Il n’est coté que depuis avril 2011 sur le NYSE (ticker : CAFE). De ce fait, l’actif sous gestion ne dépasse pas 8,8 millions USD, mais la liquidité ne pose pas de problème avec 22.000 ETN négociés chaque jour en moyenne. Comme dans le cas de JO, les frais s’élèvent à 0,75% sur base annuelle. La grande différence est que CAFE ne reflète pas le prix d’un seul contrat à terme (comme c’est le cas de JO), mais de plusieurs contrats assortis d’échéances différentes. Une manière de compenser le rendement de roulement négatif. Les investisseurs doivent cependant tenir compte du fait que le marché n’est pas toujours en situation de contango. Il arrive que la courbe des échéances s’aplanisse, voire que le marché se trouve en situation de backwardation.
Dérivés
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