L’Afrique, continent émergent (II)
La semaine dernière, nous nous étions intéressés à deux fonds spécialisés en actions africaines et cotés à proximité de chez nous. Mais le monde de l’investissement ne se résume pas à Euronext, et nous ne voulons pas vous priver de l’éventail de plus en plus large de trackers spécialisés sur le continent africain.
Market Vectors Africa Index ETF
Les lecteurs attentifs auront sans doute remarqué que ce tracker de la famille Market Vectors, émis par Van Eck Global, était déjà apparu dans cette rubrique l’an dernier. Mais plusieurs changements non négligeables sont intervenus depuis. Le ticker est toujours AFK et le tracker est toujours coté sur le NYSE Arca. La principale modification concerne l’indice sous-jacent. Entre 2008 et 2013, AFK répliquait la performance de l’indice Dow Jones Africa Titans 50. C’était un indice pondéré par la capitalisation, qui ne contenait donc que les actions africaines les plus liquides des plus grandes entreprises du continent. L’an dernier, l’ETF a cependant abandonné son benchmark historique au profit de l’indice Market Vectors GDP Africa. Dans cet indice, le poids des positions est déterminé sur la base du produit intérieur brut (PIB) des différents pays qui y figurent. Cette modification a plusieurs conséquences. La première est une diversification accrue. Alors que l’indice DJ Africa Titans 50 ne comptait que 50 actions, elles sont 109 à être représentées dans l’indice Market Vectors GDP Africa. En outre, le poids relatif de l’Afrique du Sud s’est réduit au profit de l’Egypte. Ce pays représente désormais 22,6% de l’indice, contre 18,9% pour l’Afrique du Sud. Suivent le Nigéria avec 14,8%, et le Royaume-Uni avec 13,3% – qui, comme vous le savez, n’est pas situé en Afrique, mais les entreprises qui génèrent la majeure partie de leur chiffre d’affaires en Afrique peuvent figurer dans l’indice même si elles n’y ont pas leur siège. C’est par exemple le cas de la compagnie pétrolière et gazière Tullow Oil, surtout active en Afrique de l’Ouest. Le poids d’un pays individuel ne peut cependant jamais excéder 25%. Pour une entreprise individuelle, la limite est fixée à 8%. Des limites ont également été prévues en matière de capitalisation boursière (minimum 200 millions USD) et de volume de transactions (en moyenne au moins 1 million USD par jour). L’abandon d’un système à pondération par la capitalisation a profité aux petites capitalisations, dont la part dans l’indice de référence a plus que doublé pour atteindre 20%. La décision a également des conséquences pour la répartition sectorielle. L’an dernier, l’indice souffrait d’une forte surpondération du secteur financier. Elle est toujours présente, mais la part du secteur est retombée de 48% à 40%. L’énergie arrive à présent en deuxième position (19%), suivie par les matières premières (16%) et les télécommunications (11%). Les frais annuels de gestion s’élèvent à 0,8% contre 0,78% il y a un an. Vu la diversification accrue, cette augmentation ne nous pose absolument aucun problème. AFK affiche entretemps environ 110 millions USD sous gestion et est le tracker diversifié le plus liquide sur le thème de l’Afrique.
SPDR S&P Emerging Middle East & Africa ETF
Cet ETF émis par State Street Global Advisors est coté sur le NYSE Arca (ticker : GAF). Son sous-jacent est le S&P Mid-East and Africa BMI Index. Une dénomination pour le moins abusive : 93% des 130 entreprises qui composent l’indice proviennent d’Afrique du Sud. L’Egypte et le Maroc doivent se contenter de 4% à 3%. Le poids du secteur financier s’élève à 21%. Il est suivi par les biens de consommation (20%), les télécommunications (11%) et les matières premières (11%). En termes de diversification, GAF n’est donc pas une alternative à AFK, notamment parce que l’actif sous gestion – 61 millions USD – est nettement inférieur, tout comme la liquidité. Les frais de gestion s’élèvent à 0,59% par an.
Lyxor Pan Africa
Il existe une meilleure alternative plus près de chez nous : AFK. Ce tracker est le seul discuté ici à se négocier en EUR (code ISIN : FR0010636464). L’actif sous gestion se monte à 74 millions EUR et le poids de l’Afrique du Sud ne dépasse pas 35%. Suivent le Maroc (20%), l’Egypte (15%) et le Royaume-Uni (12%). La composition sectorielle est à peu près identique à celle de l’AFK. Les frais annuels sont cependant plus élevés : 0,85%.
Les investisseurs qui veulent se concentrer spécifiquement sur l’Afrique du Sud ont plus intérêt à opter pour un tracker spécialisé. Le plus liquide est l’iShares MSCI South Africa ETF émis par BlackRock (ticker : EZA). Il a pour valeur sous-jacente le MSCI South Africa Index, qui se compose de 51 entreprises. Comme de nombreux autres pays émergents, l’Afrique du Sud est dans l’oeil du cyclone depuis quelques mois. Après une décennie de croissance supérieure à la moyenne grâce à l’augmentation des prix des matières premières, des octrois de crédits et des dépenses de consommation, la situation s’est brusquement détériorée. La confiance des consommateurs est trop faible, les troubles sociaux sont nombreux dans l’important secteur minier et la baisse des cours des matières premières creuse le déficit courant. Un problème crucial pour un pays qui, comme de nombreux autres marchés émergents, dépend énormément des capitaux étrangers. Le rand sud-africain (ZAR) a perdu 22% par rapport à l’EUR ces 12 derniers mois. Sur les deux dernières années, la perte atteint même 33%. Et il est difficile d’estimer dans quelle mesure cette situation défavorable est déjà intégrée dans les cours des actions sud-africaines. Les trois plus grandes positions du tracker sont l’entreprise de médias Naspers (avec une participation de 34% dans le holding Internet chinois Tencent), le groupe de télécommunications MTN Group et l’entreprise énergétique Sasol.
Dérivés
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