La guerre attise les tensions sur le marché de l’aluminium
Le cours de l’aluminium a bondi du fait des conséquences directes et indirectes du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Le ralentissement de la croissance chinoise pourrait toutefois apaiser un peu la pénurie d’offre.
La formation des cours sur la plus grande Bourse des métaux au monde, le London Metal Exchange (LME), fut très chaotique ces dernières semaines, en premier lieu parce que le chinois Tsingshan Group Holdings avait parié lourdement sur une baisse des prix du nickel et n’a pas fourni de garantie suffisante lorsque le métal a poursuivi sa hausse. Le cours a triplé en moins de 24 heures, dépassant 100.000 dollars la tonne. Les positions existantes ne pouvant plus être traitées, les transactions effectuées après le 7 mars ont été annulées.
Prix record
Malgré des tensions, le négoce de l’aluminium est moins chaotique. L’aluminium était déjà le deuxième métal de base le plus performant (après l’étain) en 2021; il a gagné 42%, clôturant l’année à 2.825 USD la tonne. Le 7 mars, un record historique a été atteint, à 4.073 USD; le cours a donc doublé sur un an, en réaction à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et spécifiquement à l’embargo sur Rusal (6% environ de la production mondiale), qui approvisionnait surtout le marché européen, mais aussi la division commerciale de Glencore. Le groupe russe possède, du reste, six raffineries en Europe, en Australie et en Afrique.
Les conséquences indirectes de la guerre sont encore plus lourdes: les cours énergétiques s’envolent, car la fusion de l’aluminium est très énergivore (l’électricité représente en moyenne 35% des coûts de production totaux; or, ils ont triplé depuis septembre, en Europe). Plus de 15% de la capacité de production a été arrêtée, car non rentable. Or, même avant la guerre, les stocks d’aluminium disponibles sur le LME étaient très faibles; ils sont désormais à leur plus bas niveau depuis 2007.
La Chine à la rescousse?
Une nouvelle vague de Covid-19 dans les régions côtières de la Chine y a partiellement freiné l’activité industrielle, si bien que la demande de métaux est temporairement plus faible. La production se poursuit toutefois dans le Yunnan et le Guangxi, ce qui pourrait atténuer la pénurie. En 2021, l’offre était déficitaire d’un million de tonnes, sur un marché total de 65 millions de tonnes. Les analystes tablent sur un creusement du déficit, à 1,5-2 millions de tonnes en 2022. En outre, une partie de la prime spéculative liée au conflit a disparu. L’aluminium se négocie plus de 800 dollars sous son sommet.
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