La Bourse russe à la traîne (justifié ?)
Le début de l’année 2013 n’a pas été flamboyant pour les marchés émergents, notamment en comparaison avec les Bourses mondiales. Sur les cinq premiers mois de l’année, les différents indices des marchés émergents affichent une sous-performance de 20 à 25% par rapport au S&P500, considéré comme l’indice de référence. Mais les marchés émergents forment une catégorie très hétérogène, avec d’importantes nuances.
Dans cet article, nous nous concentrerons dès lors sur la sous-performance enregistrée cette année par les actions russes. Les différents trackers qui permettent de miser sur la Bourse russe affichent une baisse de 10 à 15% depuis le début de cette année. Un résultat encore moins bon que la moyenne des marchés émergents, et inférieur de 25 à 30% à celui du S&P500.
La Russie est une économie de matières premières. Le pays est le premier producteur et le deuxième exportateur – après l’Arabie saoudite – de pétrole brut au monde. Il dispose également de plus grandes réserves de gaz au monde. Pour démontrer l’importance de l’industrie des matières premières pour l’économie, il suffit de rappeler que le géant énergétique Gazprom, entreprise publique, assure à lui seul la moitié des revenus de l’État. La Russie est également un important producteur de plusieurs métaux précieux et industriels et contrôle une grande partie de la production mondiale d’uranium par le biais de participations. Le produit intérieur brut (PIB) russe a enregistré une croissance de 1,6% au 1er trimestre. Rien de spectaculaire, mais cela reste nettement mieux que la zone euro, principal partenaire commercial de la Russie. Et c’est précisément la croissance morose dans la zone euro qui sert d’explication à la baisse des cours des actions. La production industrielle a enregistré une croissance de 2,3% sur base annuelle en avril, après une hausse de 2,6% en mars. Pour l’ensemble de l’année, le gouvernement russe table sur une croissance du PIB de 2,4%. Mais l’évolution des prix du pétrole et du gaz et de produits sera déterminante pour le taux de croissance.
Nous nous intéressons ici à quatre trackers ou ETF permettant de miser sur un redressement des actions russes. Les deux principaux indices du pays sont le Micex (Moscow International Currency Exchange) et RTS (Rossieskaja Torgovaja Sistema). La valorisation moyenne des actions du Micex s’élève à peine à six fois les bénéfices attendus pour cet exercice. Cependant, ce critère seul n’est pas déterminant. Il faut également prendre en compte le risque (géo)politique et le fait que le système financier du pays n’est pas encore considéré comme totalement stable par les investisseurs étrangers. On aurait pourtant tort d’exagérer ces risques. Un effondrement des cours de l’énergie et des autres matières premières est très peu vraisemblable. De plus, l’économie enregistre une croissance plus rapide que celle de la zone euro. La Russie compte une série de grandes capitalisations dont la plupart sont également cotées sur les Bourses occidentales et qui ont un poids élevé dans les indices qui constituent la valeur sous-jacente des ETF discutés.
Market Vectors Russia ETF (RSX)
Les investisseurs qui veulent investir sur les marchés d’actions russes par le biais d’ETF ne peuvent ignorer ce tracker. Le Market Vectors Russia ETF est émis par le célèbre spécialiste des trackers Van Eck Global et coté sur le NYSE Arca (ticker : RSX) depuis avril 2007. C’est de loin le tracker le plus liquide avec un volume de transactions journalier moyen de 4,2 millions de titres ces trois derniers mois. La valeur sous-jacente est l’indice Market Vectors Russia. Celui-ci compte 48 entreprises qui soit sont cotées sur la Bourse russe, soit réalisent une grande partie de leurs revenus en Russie. Les dix plus grandes participations pèsent ensemble près de deux tiers de l’indice. La part de l’énergie et des matériaux se monte à 70%. Suivent à distance respectable les télécommunications (14%) et le secteur financier (11%). En termes de participation individuelle, Lukoil et Rosneft arrivent en tête, suivies de la chaîne de magasins de détail Magnit. Les frais de gestion annuels s’élèvent à 0,62%.
Market Vectors Russia Small-Cap ETF (RSXJ)
En mars 2011, le même émetteur a mis sur le marché le Market Vectors Russia Small Cap ETF, également coté sur le NYSE Arca (ticker : RSXJ). Comme le nom le laisse présager, ce tracker se concentre sur le segment des petites capitalisations de la Bourse russe, même si on est loin des small caps selon les normes “belges” avec une capitalisation boursière moyenne de 1,9 milliard USD. L’indice sous-jacent (Market Vectors Russia Small-Cap Index) compte 26 entreprises. L’énergie (27%) y est un peu moins dominante que chez RSX. Les frais de gestion annuels (0,75% sur base annuelle) sont en revanche un peu plus élevés.
iShares MSCI Russia (ERUS)
Ce tracker de la famille iShares de Blackrock (cotation sur NYSE Arca, ticker : ERUS) utilise le MSCI Russia 25/50 comme indice sous-jacent. Celui-ci compte 28 membres et Gazprom, Sberbank et Lukoil y sont les trois plus grandes participations. Sur le plan sectoriel, l’énergie arrive en tête avec 50%, suivie par le secteur financier. Les frais de gestion annuels s’élèvent à 0,6%.
SPDR S&P Russia (RBL)
Les trackers SPDR sont émis par State Street Global Advisors. Le SPDR S&P Russia ETF est coté sur le NYSE Arca (ticker : RBL) depuis mars 2010. Le sous-jacent est le S&P Russia Capped BMI Index et le tracker peut se targuer – de justesse – des frais de gestion annuelle les plus bas de notre liste (0,59% sur base annuelle). En termes d’allocation sectorielle et de poids des participations individuelles, ce produit est très semblable à l’ERUS.
Dérivés
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