Investissement à contre-courant dans le nickel
Des six métaux de bases cotés sur le London Metal Exchange (LME), le moins performant cette année fut le nickel.
En 2007, la tonne de nickel coûtait encore 51.800 USD en moyenne. En décembre 2008, le métal était déjà retombé à moins de 10.000 USD la tonne. Un rebond l’a ensuite catapulté à 26.000 USD la tonne en mars 2011, mais le cours du nickel a retrouvé un plancher à 13.205 USD la tonne, son plus bas niveau en plus de quatre ans, l’été dernier.
Le nickel est principalement utilisé pour produire de l’acier inoxydable. L’essor de la Chine dans la production de nickel et d’acier a bouleversé le marché mondial ces dernières années. L’empire du Milieu ne représentait encore qu’un cinquième de la production mondiale d’acier en 2005. Cette année, il en prendra à son compte plus de la moitié. Ces dernières années, la Chine est devenue le premier producteur au monde de fonte de nickel, une variante moins chère et moins raffinée du nickel. Jusqu’il y a peu, les producteurs de nickel raffiné intervenaient rapidement lorsque les cours menaçaient de retomber sous leur coût marginal de production. Mais selon le groupe russe Norilsk Nickel, le premier producteur de nickel au monde, 40% de la production mondiale n’est pas rentable au cours actuel. La construction de hauts fourneaux à la pointe de la technologie, combinée à une électricité bon marché, a permis à la Chine de réduire considérablement ses coûts de production. La production de fonte au nickel est donc toujours rentable à 11000 USD la tonne. La Chine n’est donc pas seulement le principal facteur du côté de la demande : elle oriente également l’offre de nickel.
Selon les dernières prévisions de l’International Nickel Study Group (INSG), l’excédent de production atteindra cette année un niveau record de 136.900 tonnes. L’an dernier avait déjà été marqué par un surplus de 102.600 tonnes. Plusieurs fournisseurs de nickel raffiné (Glencore Xstrata, Anglo American) ont récemment réduit leur capacité de production. L’INSG voit la suroffre retomber à 114.000 tonnes l’an prochain.
Il n’est cependant pas impossible que cette fonte au nickel à bas prix disparaisse bientôt du marché. En effet, la Chine achète plus de la moitié des minerais utilisés pour la production de nickel en Indonésie. Or ce pays envisage d’interdire les exportations de minerais de nickel non transformés à partir du 1erjanvier 2014. Le gouvernement indonésien supporte de moins en moins de voir que les minerais ne sont qu’extraits dans le pays, alors que les activités présentant une plus forte valeur ajoutée ont lieu ailleurs. En interdisant les exportations, l’Indonésie espère attirer davantage d’investissements étrangers et pouvoir percevoir des impôts sur les bénéfices plus élevés. Une interdiction totale des exportations pénaliserait surtout la Chine. Le pays dispose certes d’importantes réserves de nickel, mais n’a pas de réelle alternative aux importations à bas prix en provenance d’Indonésie. La Chine importe également des minerais des Philippines, mais ceux-ci présentent une teneur en nickel plus faible. Sans doute n’en arrivera-t-on pas à une telle extrémité. Avec les élections présidentielles de 2014, il est peu probable que l’Indonésie impose une interdiction totale des exportations qui toucherait également son secteur minier à court terme. Une forte augmentation des taxes sur les exportations constitue dès lors un scénario plus logique.
Une augmentation du coût marginal de production entraînera quoi qu’il en soit un relèvement du prix plancher. Et cet élément n’est pas encore intégré dans les cours actuels. Associé à la forte augmentation des positions vendeuses sur le nickel depuis le début de cette année, cela constitue un terrain favorable à une hausse des prix.
Les investisseurs qui veulent anticiper une hausse du cours du nickel peuvent acquérir directement des actions de Norilsk Nickel. Mais le nickel ne représente qu’un peu plus de 40% du chiffre d’affaires du groupe russe. Un investissement direct dans le métal est également possible par des produits à levier ou des trackers.
Parmi les produits à levier, on trouve des turbos et des mini-futures de RBS Markets, cotés respectivement sur Euronext Amsterdam et sur la Bourse allemande. La valeur sous-jacente n’est pas le prix spot pour livraison physique, mais le contrat à terme pour livraison en mars 2014. L’offre sur Euronext Amsterdam se limite pour l’instant limité à un turbo long (NL0000015287) assorti d’un levier de 3,39. L’écart entre la barrière désactivante et le cours de référence se monte à un peu plus de 20%. L’assortiment de mini-futures est un peu plus étoffé avec 6 Mini Long, ce qui offre un grand choix de levier aux investisseurs.
Le même émetteur propose également un Nickel Quanto Open End Certificate (NL0000470409). Ce certificat réplique l’évolution du cours du nickel sur le LME. En raison de la structure du cours des contrats à terme (contango ou backwardation), l’évolution du certificat et du cours du nickel ne coïncident pas totalement. Actuellement, on note un léger levier de 1,0865. Le certificat couvre également le risque de change qui provient du fait que le nickel est coté en USD. Cette protection coûte actuellement 2,57% sur base annuelle.
L’ETFS Nickel de l’émetteur britannique ETF Securities est une alternative au certificat de RBS. Ce tracker coté en USD sur le London Stock Exchange (LSE) (code ISIN : JE00B3W0N983) a été développé pour suivre le prix spot (et donc pas le prix des contrats à terme). Le tracker est couvert par du nickel physique détenu par l’émetteur sur le LME. Les parts ne peuvent cependant pas être échangées contre du nickel physique. Outre des frais de gestion de 0,69%, la couverture physique impose également des frais d’assurance de 0,12% par an et une indemnité de stockage sur une base journalière.
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