Dolphin Drilling: une fin sans gloire
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Mi-avril, l’action Dolphin Drilling a dévissé de 45%. Pourquoi? Conseillez-vous toujours la vente?”
Le loueur norvégien d’installations de forage pétrolier Dolphin Drilling (Fred Olsen Energy jusqu’à fin décembre) a vu son cours fondre de moitié après la publication de nouvelles informations sur son plan de refinancement complexe. Les covenants bancaires assouplis fin 2016 n’ont pas été prolongés le 30 juin 2018 et les Norvégiens ne remboursent plus leur dette depuis début juillet. Une solution semblait proche en novembre, mais elle aurait quasiment annihilé la valeur des actions existantes de Dolphin Drilling (à 0,2 couronne norvégienne (NOK), soit une valeur résiduelle de 1,5 million de dollars). Mais plusieurs créanciers s’y sont opposés et l’acheteur potentiel du fleuron du groupe, Bolette Dolphin, dont la vente était cruciale pour le refinancement, a déclaré forfait. Les 340 millions de dollars attendus auraient reflué intégralement vers les créanciers garantis, un consortium de banques disposant d’une ligne de crédit de 621 millions de dollars fin septembre.
Un nouvel accord a été annoncé le 12 avril. Grands perdants, les actionnaires existants ne recueillent que des miettes: l’action a donc perdu la moitié de sa valeur. Tous les créanciers garantis l’ont cependant approuvé, indiquant qu’ils se passeraient si nécessaire de l’aval des deux tiers des actionnaires et détenteurs d’obligations ordinaires. Il n’y a en effet pas d’alternative sans faillite. Le plan prévoit à nouveau la vente de Bolette Dolphin, dont le produit serait entièrement affecté au remboursement partiel de la dette garantie. Les quatre autres plateformes de forage seront transférées dans une nouvelle société (NewCo), dont les actionnaires existants de Dolphin Drilling détiendront 1,5%, le reste revenant à tous les créanciers. Dolphin Drilling pourra vendre les actions de NewCo pour deux millions de dollars; le communiqué précise que la société sera sans doute liquidée après exécution du plan de refinancement. Le seul actif restant est le chantier naval chroniquement déficitaire Harland & Wolff, qui a perdu toute valeur et fera l’objet d’une cession ou d’un dépôt de bilan.
A 0,70 NOK l’action, la valeur boursière résiduelle s’élève à 5,3 millions de dollars. Nous recommandons donc de vendre les positions existantes (rating 3C). Une fin sans gloire, pour l’opérateur offshore norvégien jadis si prometteur.
Question des lecteurs
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici