Conserver Vranken-Pommery
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Vous avez récemment évoqué l’émission d’obligations par Vranken-Pommery, mais son action stagne depuis des années. Le cours de cette dernière pourrait-il s’apprécier bientôt, selon vous?”
La maison de champagne franco-belge Vranken-Pommery a récemment émis trois obligations (à trois, cinq et sept ans), pour un total de 145 millions d’euros, soit le haut de la fourchette prévue de 65 à 145 millions d’euros. Les coupons bruts s’élevaient respectivement à 3%, 3,45% et 3,75%. L’émission avait surtout pour but de refinancer une obligation de 125 millions d’euros arrivant à échéance en juin. Bien que le groupe cherche à la réduire depuis plusieurs années, sa dette nette nominale, historiquement élevée, a augmenté l’an dernier de 618,3 à 647,5 millions. La valeur des stocks est traditionnellement au moins aussi élevée et rend le coût de financement supportable. Or, les charges financières continuent à accaparer la majeure partie du bénéfice opérationnel, de sorte que le bénéfice net récurrent est resté inférieur à 10 millions d’euros ces dernières années. L’action Vranken-Pommery a dès lors stagné. Son cours évolue depuis trois ans entre 22 et 25 euros.
Le groupe aurait dû profiter du climat économique favorable en Europe, mais en France, les attentats de 2015 et 2016 et, plus récemment, les manifestations des “gilets jaunes” ont affecté le tourisme et la fréquentation des restaurants. Au Royaume-Uni, pourtant le premier marché du champagne au monde s’agissant des volumes, on en boit moins depuis 2016 – même si Vranken y a renoué avec la croissance l’an dernier. Heureusement, le groupe a accru ses investissements dans la croissance en dehors de la France ces dernières années, et la part des exportations dans son chiffre d’affaires (CA) a dépassé pour la première fois les 50% (55%) l’an dernier. Les ventes de champagne ont augmenté de 2,3%, à 232,6 millions d’euros.
Sans tenir compte de la joint-venture Listel arrêtée l’an dernier, le CA du groupe a progressé de 3,8%, à 299,6 millions d’euros. Le bénéfice opérationnel récurrent a gagné 5,8%, à 26,7 millions d’euros. Mais le bénéfice net a chuté de 52,2%, à 3,4 millions d’euros, parce que l’année 2017 avait été marquée par un produit fiscal unique de 5,4 millions d’euros. A 0,8 euro par action, le dividende brut reste constant depuis plusieurs années. Comme l’économie mondiale s’essouffle, nous entrevoyons peu de potentiel haussier à court terme pour l’action. Nous abaissons dès lors notre conseil à “conserver” (rating 2B).
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