Conserver Solvay
La rédaction répond à la question : “Solvay s’est transformé ces derniers temps en société chimique de haute technologie. Dans ce secteur en train de se concentrer, le groupe pourrait-il faire l’objet d’une offre de rachat ?”
Avant tout, le potentiel d’être racheté ne saurait constituer une motivation pour un investissement. Particulièrement pour ce qui concerne notre fierté belge et blue chip Solvay. La société fondée en 1863 par Ernest Solvay bénéficie jusqu’ici d’un actionnariat familial stable, qui détient via le holding Solvac 30,7% du capital. La société a prouvé au fil des ans qu’elle avait suffisamment de maturité pour continuer de croître de manière autonome. La position de Solvac lui offre en quelque sorte une protection contre un prédateur éventuel. Il est vrai que l’activité de fusions et acquisitions est importante dans le secteur chimique, mais nous ne voyons aucune raison pour laquelle Solvay pourrait être repris.
Ces dernières années, le groupe belge a subi une profonde transformation, pour devenir un leader mondial des spécialités chimiques. Une première étape importante fut la reprise en 2011 du groupe français Rhodia, suivie par l’acquisition coûteuse de Cytec en 2015. Solvay a déboursé pour elle 14,7 fois le rapport attendu cette année-là entre la valeur d’entreprise et le cash-flow opérationnel. Le prix d’acquisition de 5 milliards d’euros a été financé partiellement par une augmentation de capital de 1,5 milliard d’euros. C’était la première à laquelle procédait depuis l’IPO de 1967. Solvac a participé pleinement à l’augmentation de capital et a conservé ainsi sa participation. Solvay a en outre racheté Chemlogics. Mais le groupe s’est également délesté de nombreuses activités ces dernières années, notamment de sa division Polyamides, vendue à BASF pour 1,6 milliard d’euros. On peut estimer que sa transformation est terminée.
Nous prévoyons que Solvay procédera à de nouvelles acquisitions dans un futur proche. L’augmentation de capital et les doutes entourant l’économie chinoise ont ouvert une belle fenêtre d’entrée en 2015, qui nous a permis d’intégrer l’action en portefeuille modèle. La valorisation avait alors baissé à une valeur d’entreprise (EV) faible de 5,5 fois le cash-flow opérationnel (Ebitda) escompté en 2015. Depuis, l’EV s’est hissée à 8,4 fois l’Ebitda attendu en 2017. C’est, selon nous, une valorisation juste, et c’est pourquoi nous confirmons le conseil “à conserver” (rating 2B).
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