Choisissez vos devises en connaissance de cause
Pour l’investisseur en obligations, un euro reste un euro. La stabilité de son placement importera davantage.
EUR : trop d’incertitudes
Vu l’incertitude qu’engendre la crise grecque, il est aujourd’hui impossible de prévoir l’avenir à partir d’extrapolations de données antérieures. Une seule chose est sûre : la situation évoluera tout autrement que ce que nous connaissons. Avec ou sans ” Grexit “. La réputation des dirigeants européens est à ce point affectée que c’est inéluctable. La fragile relance à laquelle nous assistions depuis ce début d’année risque fort de s’estomper. Si la Grèce ne pèse pas lourd économiquement au sein de l’Europe (1,8% à peine), son influence dans les autres domaines n’est pas négligeable. On le constate déjà dès à présent sur le plan politique. En outre, plusieurs élections sont prévues, dont les espagnoles en décembre. Les partis au pouvoir risquent fort d’en faire les frais. Le pouvoir des instances européennes en sera affecté également. Or comme la plupart des décisions doivent se prendre à l’unanimité, le risque existe que l’Europe soit paralysée.
Plus inquiétantes seront les répercussions sur l’euro (EUR). Il pourrait chuter dans les mois à venir. La Banque centrale européenne (BCE) ne pourra pas mettre un terme à sa politique d’expansion monétaire rapidement dans ces conditions. Ce programme prend officiellement fin en septembre 2016. La Banque devra maintenir les taux d’intérêt aussi bas que possible afin de soutenir non seulement les pays de la zone, mais aussi les banques qui sont loin d’être sauvées. Une preuve des dangers imminents est l’interdiction d’accès aux codes d’identification (ISIN) utilisés par les chambres de compensations internationales. Leur nombre est en expansion exponentielle depuis plusieurs mois. Depuis la mi-juin, seules les personnes habilitées ont le droit de connaître ces codes. On se rappellera que la Banque centrale américaine (Fed) avait agi de la sorte en 2005, en abolissant la publication de la masse monétaire M3 reprenant les crédits. Deux ans plus tard éclatait la crise que nous subissons encore aujourd’hui.
Pour l’investisseur en obligations, un EUR reste un EUR. La stabilité de son placement importera davantage. Elle n’est plus garantie de nos jours. Les taux d’intérêt resteront probablement faibles à cause des incertitudes politiques, mais ils pourraient grimper rapidement le jour où l’on se rendra compte que toutes les mesures de relance n’ont servi à rien. L’échelle glisse d’ailleurs vers le haut actuellement (un peu moins de 0,5% en six mois). La qualité primera. Il est évident que les emprunts d’Etat allemands (Bunds) garderont la faveur des investisseurs. Ils ne sont cependant pas exempts de risques. Si l’Union venait à s’effondrer et que l’Allemagne était contrainte à restituer les importants excédents qu’elle a accumulés sur le dos des autres pays membres, toute la zone euro serait en danger. Préférez par conséquent les titres de pays moins exposés (ceux du Benelux, p. ex.) ou les emprunts industriels de renom. Achetez de préférence sur le marché secondaire et en dessous du pair (100%) pour mieux affronter la hausse des taux d’intérêt qui se profilera tôt ou tard. Ne perdez pas de vue que les mois à venir seront houleux.
USD : pas exempt de danger
Osera-t-elle ou non relever ses taux d’intérêt ? Cela fait plusieurs mois qu’on en parle. La Fed devrait agir en fin d’année. La situation économique des Etats-Unis (Aaa, stable; AA+, stable) n’est cependant pas excellente. Toutes les estimations concernant sa croissance sont systématiquement revues à la baisse. Officiellement, le pays croîtrait de 2,7%. Cette performance provient essentiellement de la revalorisation et la constitution de stocks. Les exportations, quant à elles, se sont effondrées à cause du renchérissement du dollar (USD). Le déficit commercial atteint déjà 750 milliards USD. Il est partiellement compensé par l’entrée de capitaux étrangers. Les comptes courants affichent toutefois un déficit représentant 2,4% du PIB. Grâce à la faiblesse des taux d’intérêt, le pays n’a rencontré aucune difficulté pour se financer. Le déficit public se maintient à 2,5% du PIB. La situation économique n’a rien d’enviable. Les conflits ethniques inspirent certains Etats à la sécession, à l’image du Texas, par exemple, qui a réclamé la restitution de son or ; il n’a plus confiance en la Fed.
Les perspectives restent sombres. La chute des prix des matières premières n’a pas relancé la consommation mais a en revanche stoppé les investissements dans le secteur des énergies. Les multinationales souffrent aussi de l’avancée du billet vert. Il est donc peu probable que dans ces conditions nous assistions à une accélération de la croissance dans les mois à venir. La Fed non plus ne pourra modifier sa politique monétaire rapidement. Elle pratiquera sans doute un relèvement modique de ses taux directeurs vers la fin de cette année afin de ne décevoir personne, surtout pas les étrangers dont le capital reste prisé.
L’échelle des taux d’intérêt sur le marché des capitaux a néanmoins entamé sa remontée. Elle s’est légèrement raidie. Cette hausse n’a pas encore eu d’incidence particulière sur les retours obligataires. S’ils sont restés dans l’ensemble positifs, ils étaient dérisoires. L’USD, par contre, a affiché une belle performance, gagnant pas moins de 9,4% face à l’EUR. Moment idéal par conséquent pour se débarrasser de ses USD et passer aux AUD, par exemple.
AUD : attrayant
L’Australie (Aaa, stable; AAA, stable) n’est pas épargnée par la décélération économique mondiale. Sa croissance s’est tassée jusqu’à 2,3% alors qu’elle était encore de 2,9% l’an dernier. Les secteurs minier et agricole sont les plus affectés, suite à la chute des prix des matières premières. La politique monétaire pratiquée dans le pays a toutefois limité les dégâts. Le déficit public a progressé jusqu’à 2,3% du PIB. L’Australie a signé un accord de libre-échange avec la Chine ce 17 juin. Plus de 85% des exportations vers ce pays seront exonérées de tarifs douaniers. Les investissements chinois seront du reste facilités. L’accord doit encore être ratifié par le parlement, ce qui ne saurait tarder. Les perspectives s’améliorent conséquemment, pourvu bien sûr que la reprise chinoise se manifeste. Seules des prises de décisions géopolitiques irraisonnées par le gouvernement Abbott pourraient retarder la relance.
Le dollar (AUD) reste une devise instable, tributaire de mouvements spéculatifs. Par rapport à l’EUR, la monnaie s’est légèrement raffermie (+0,6%). La performance était essentiellement due au recul de la monnaie commune. Les taux d’intérêt australiens se sont légèrement tassés durant le semestre écoulé. La courbe s’est normalisée. Auparavant, elle tendait à s’inverser. Grâce à la baisse généralisée des taux d’intérêt, les obligations libellées en AUD affichent des retours positifs. Une obligation en AUD rapporte pour l’heure près de 2,5% de plus que son équivalente en EUR. La devise garde son attrait et constitue un substitut idéal à l’USD. Accumulez à chaque fois que la devise recule du fait de tensions sur le marché des changes.
CAD : spéculativement intéressant
Le Canada (Aaa, stable; AAA, stable) souffre de plus en plus de la décélération économique mondiale et de l’effondrement des prix des matières premières. Si cette situation perdure, le pays connaîtra de sérieux problèmes. Il est formé d’une fédération d’Etats, appelés Provinces, qui partagent leur fiscalité. Le pourvoyeur le plus important du pays est la province d’Alberta. Malheureusement, en raison de la chute des prix du baril, les revenus qu’elle tire de ses gisements pétroliers fondent, et elle n’est plus en mesure d’aider ses consoeurs. Le nombre de faillites est en pleine ascension et le chômage explose, à plus de 6,8% de la population active. La balance commerciale, jadis un pilier de l’économie du pays, accuse aujourd’hui un déficit. Les comptes courants se détériorent également et affichent un déficit correspondant à 2,8% du PIB. Les finances publiques ont clôturé avec un déficit modeste de 1,8% du PIB tandis que l’inflation augmente lentement (actuellement 0,1%). Comme toujours, les perspectives des économistes sont encourageantes. Ils prévoient une croissance de 2,3% l’année prochaine. Nous doutons qu’on l’atteigne jamais.
Le dollar (CAD) s’est néanmoins raffermi, entraîné par son homonyme américain et en conséquence de la déconfiture de l’EUR. Il a cependant tendance à s’effriter à nouveau. Il n’a finalement gagné que 0,7% en six mois. L’échelle des taux d’intérêt s’est tassée de 0,5% ce premier semestre, dégageant des retours obligataires positifs. La combinaison des deux mouvements a fait du CAD un placement profitable. Il le restera aussi longtemps que l’EUR se trouvera dans la tourmente. Le CAD est donc une devise spéculative. Une obligation exprimée en CAD rapporte en moyenne 1% de plus que son équivalente en EUR.
NZD : diversification idéale
Malgré la décélération conjoncturelle mondiale, la Nouvelle-Zélande (Aaa, stable; AA, stable) est parvenue à limiter les dégâts. La croissance du pays s’est ralentie mais affiche néanmoins un taux de 2,9%. Elle paraissait suffisante pour réaliser un excédent budgétaire de 0,1% du PIB. La politique monétaire fondée sur de faibles taux d’intérêt n’a pas permis de relancer les exportations. La balance commerciale est déficitaire. La fuite des capitaux accentue cette détérioration. Le déficit sur les comptes courants atteint déjà 4,9% du PIB, contre 4,5% six mois auparavant. L’inflation et le chômage semblent maîtrisés pour l’instant. Le nouveau plan budgétaire table sur une croissance de 3,3% en 2016, largement au-dessus des estimations des professionnels.
Le dollar (NZD) a fortement progressé en début d’année. Il a toutefois perdu la totalité de ses gains en raison de la baisse continue des taux d’intérêt. En six mois, il s’est tassé de 6,4% par rapport à l’EUR qui n’en menait lui-même pas large. Les retours obligataires ont, eux, bénéficié de la baisse des taux d’intérêt. Une obligation libellée en NZD donne actuellement 3% de plus en moyenne qu’une équivalente en EUR. Le marché du NZD reste attrayant mais doit être confiné à la diversification. La négociabilité des titres, généralement d’excellente qualité, reste en effet précaire. Préférez l’AUD au NZD.
GBP : de plus en plus spéculative
Le gouvernement conservateur a remporté les élections du 7 mai. Or les perspectives de la Grande Bretagne (Aa1, stable; AAA, négatif) se détériorent. A plus forte raison depuis qu’on sait qu’elle organisera un référendum quant à son avenir au sein de l’Union européenne. Contrairement à ce que prétend le gouvernement, les performances économiques sont loin d’être attrayantes. La croissance décélère constamment et n’atteindrait que 2,4% cette année. Le déficit commercial grossit, tout comme celui des comptes courants. Cela indique que le pays, à l’instar des Etats-Unis, survit grâce à l’apport de capitaux étrangers. La politique laxiste cache nombre de déséquilibres. Grâce à la faiblesse des taux d’intérêt, l’expansion du déficit public a pu être contenue. Il représente actuellement 4,4% du PIB, soit un recul de 0,6% par rapport à l’année passée. La banque centrale du pays n’ose pas encore relever les taux directeurs alors qu’elle a officiellement mis un terme à ses largesses monétaires. Le secteur du bâtiment, qui avait affiché une encourageante progression en début d’année, s’est effondré depuis le mois de mai.
La livre (GBP) a progressé de 9,7% au premier semestre. La performance est surtout due au tassement de l’EUR et au différentiel favorable des taux d’intérêt. La GBP oscillera intempestivement jusqu’à la tenue du référendum. Un ” Brexit ” lui serait cependant fatal. Les taux d’intérêt, de leur côté, ont entamé leur hausse depuis longtemps. Actuellement, un placement en GBP rapporte en moyenne 1,5% de plus qu’en EUR, hormis ceux à très long terme (30 ans et plus) où le différentiel ne fait que 1%. Les obligations exprimées en GBP sont aujourd’hui spéculatives à cause de la devise. Elles ne conviendront qu’à ceux qui utilisent effectivement la livre. Les autres élagueront plutôt leurs positions.
CHF : inébranlable
La Suisse (Aaa, stable; AAA, stable) a causé la stupeur en ce début d’année en abandonnant son taux pivot avec l’EUR. Le franc (CHF) a d’emblée bondi en avant de plus de 20% et oscille actuellement à une fraction de la parité avec la monnaie commune. L’effondrement des exportations qui s’en est ensuivi a largement été compensé par l’apport massif de capitaux étrangers, de sorte qu’un recul conjoncturel a pu être évité. La croissance du pays affiche un taux de 1,5%, à peine 0,4% inférieur à ce qu’il était six mois auparavant. L’excédent des comptes courants a diminué et ne représente plus que 8% du PIB. L’économie évolue dans un environnement de déflation. Si l’Union européenne parvient à se sortir de la crise qu’elle a créée, la Suisse sera un des premiers pays à profiter de l’embellie. Certains avancent dès aujourd’hui un doublement de sa croissance pour l’année prochaine. Nous doutons que ce chiffre soit atteint. Il est clair cependant que le CHF continuera de profiter du moindre désarroi monétaire tant de l’EUR que de l’USD.
Grâce à la faiblesse des taux d’intérêt, parfois négatifs, les retours obligataires ont excellé. La modicité des coupons ne les a nullement entamés. En considérant la hausse spectaculaire du CHF (+14,9%) et les retours obligataires plus que substantiels, un placement en CHF a été le plus avantageux de tous les placements. Certes, cela ne durera pas indéfiniment. Pour l’instant, une obligation libellée en CHF rapporte environ 1% de moins que celle en EUR. Le CHF reste la monnaie-assurance par excellence. Vu la faiblesse des taux, il est préférable d’acheter des obligations d’émetteurs privés mais de renom à des souveraines. Notez que le marché en CHF, quoique liquide, est composé d’émissions de petite envergure.
JPY : spéculativement attrayant
Le Japon (A1, stable; AA-, négatif) ne parvient pas à s’extraire du marasme dans lequel il est plongé depuis plus de vingt ans. La récente expansion monétaire a permis d’améliorer la situation durant un court laps de temps. Aujourd’hui, le recul conjoncturel s’accentue de nouveau. La chute des prix énergétiques a été enrayée par celle du yen (JPY). Si la monnaie s’est redressée vis-à-vis de l’EUR (+6,5%), c’est moins en raison de sa performance que du tassement de la monnaie commune. Le gouvernement Abé continue d’élaborer des plans de relance qui se soldent généralement par un échec. La conjoncture a reculé de 0,9%. Et il va de soi qu’on envisage une progression pour l’année prochaine de 1,6%. Le JPY conserve toutefois les faveurs des spéculateurs. Les capitaux étrangers affluent en abondance, entraînant un excédent de 1,9% sur les comptes courants. Le pays dispose de la deuxième plus importante réserve de change au monde, quelque 1.190 milliards USD.
En dépit des mesures expansionnistes prises par la banque centrale du pays, les taux d’intérêt ont légèrement progressé. L’échelle se situe actuellement 0,5% environ en dessous de celle de l’EUR. Les obligations exprimées en JPY sont peu attrayantes et ne conviennent que pour les gros portefeuilles. La devise reste spéculativement attrayante. Le JPY réagit en effet à toutes les tensions qui secouent le marché des changes. Il est le pendant traditionnel de l’USD et de l’EUR.
SEK : instable
Grâce à quelques mesures draconiennes tant sur le plan monétaire que fiscal, la Suède (Aaa, stable; AAA, stable) est parvenue à se sortir de la spirale descendante dans laquelle elle était entrée en 2014. La croissance s’est maintenue à 2,6%. Tout est mis en place pour l’améliorer. Et tout dépendra de la situation économique mondiale. Le secteur des exportations reste le plus problématique du pays. La balance commerciale a néanmoins affiché un excédent modeste. La performance est due à l’effondrement des importations. La Riksbank, la Banque centrale suédoise, mène une politique qui vise à restaurer la compétitivité du pays en dépréciant la couronne (SEK). Tout comme la BCE, elle achète massivement des emprunts d’Etat sur le marché secondaire, et elle a réduit ses taux directeurs, jusqu’à -0,35%. La SEK s’est légèrement raffermie par rapport à l’EUR ces derniers mois, surtout grâce au tassement de la monnaie commune. Les chiffres désolants sur le chômage démontrent que le pays est en proie à des déséquilibres conjoncturels importants. Huit pour cent de la population active est officiellement sans travail. Cela dit, les perspectives restent engageantes. On table sur une légère accélération de la croissance pour l’année prochaine. C’est, bien sûr, sans tenir compte des répercussions de la crise grecque.
La SEK a été chahutée durant les six mois écoulés, oscillant dans un canal légèrement haussier. Elle a gagné 0,2% par rapport à l’EUR. La politique monétaire menée dans le pays a entraîné un fléchissement des taux d’intérêt de quelques points de base. L’échelle des taux s’étant normalisée, les obligations exprimées en SEK ont affiché des retours positifs. Ce pan du marché subit actuellement une expansion. De plus en plus d’émissions apparaissent ces derniers mois. La SEK ne fait plus partie de nos recommandations. Son différentiel de rendement par rapport à l’EUR est trop insignifiant pour qu’elle puisse s’y substituer. Préférez-lui la couronne norvégienne.
NOK : en remplacement de l’EUR
La décélération conjoncturelle mondiale assortie à la baisse du prix du baril a pesé sur la performance de la Norvège (Aaa, stable; AAA, stable) dont 22% du PIB dépend du secteur pétrolier. Les exportations ont chuté de 3,8% par rapport à 2014. Leur participation à la croissance s’est estompée, la ramenant à 1,5% alors qu’elle frisait les 2,2% il y a six mois. C’est pourquoi la banque centrale du pays a pris quelques mesures draconiennes. Elle a réduit plusieurs fois d’affilée ses taux directeurs, qui s’établissent aujourd’hui à leur plus bas niveau historique (1%). L’Etat a lui aussi pris des mesures en vue d’endiguer la décélération constatée. De ce fait, son excédent budgétaire s’est tassé jusqu’à 6,5% du PIB alors qu’il était encore de 12,2% six mois plus tôt. Le chômage progresse lui aussi et frappe 4,1% de la population active.
La couronne (NOK) a fléchi en début d’année mais s’est redressée depuis. En six mois, elle a gagné 2,2% face à l’EUR. Son évolution reste cependant incertaine dès lors qu’elle dépend de celle du prix du pétrole. L’échelle des taux d’intérêt s’est normalisée, en glissant davantage vers le haut en fonction de la durée résiduelle. Elle se situe à environ 1% au-dessus de l’échelle en EUR. Les obligations libellées en NOK affichent des retours positifs. Elles restent recommandées en guise d’assurance en cas de déboires de l’EUR. Ce pan du marché est composé de titres de renom et aisément négociables. Ils méritent de figurer dans tout portefeuille obligataire.
RUB : spéculativement intéressant
La Russie (Ba1, négatif; BB+, négatif) ne semble pas souffrir intensément des sanctions que lui infligent les pays occidentaux et de la baisse du prix du pétrole. L’économie s’est toutefois contractée de 2,2% pour se redresser ensuite, certes de façon chaotique. Le pays dispose toujours d’un excédent satisfaisant sur sa balance commerciale. La chute brutale du rouble (RUB) qui a engendré une fuite des capitaux étrangers fait partie du passé actuellement. La banque centrale est parvenue à stabiliser la situation et diminue le niveau des taux directeurs de nos jours, sans trop de dommage pour le RUB. Ce dernier s’est raffermi durant les six mois écoulés et se retrouve 16,9% plus haut qu’en début d’année. Seule l’inflation pose problème. Elle atteint les 11% mais évolue depuis mars dernier dans un canal baissier. Le déficit budgétaire est de 2,6% par rapport au PIB. Les réserves de change dont dispose le pays avoisinent les 360 milliards USD.
Les taux d’intérêt en RUB ont évolué à la hausse jusqu’au jour où la banque centrale a changé de tactique. Depuis ils se sont tassés. L’échelle est actuellement horizontale, en voie de normalisation. Les obligations exprimées en RUB accusent bien entendu des retours négatifs. Ils sont heureusement compensés par la hausse de la devise de ces six derniers mois. Tout comme en rand sud-africain, les obligations en RUB sont d’excellente qualité. Elles rapportent en moyenne 11% de plus que leurs équivalentes en EUR. Elles sont bien sûr très spéculatives à cause du jeu géopolitique que les superpuissances se livrent actuellement. Le RUB est recommandé en guise de diversification pour les gros portefeuilles.
ZAR : intéressant à LT
L’Afrique du Sud (Baa2, stable; BBB-, stable) encaisse mal la baisse des prix des matières premières. Le pays a enregistré sa plus faible croissance en 2014 (1,4%). Pour 2015, elle s’est accélérée jusqu’à 2,1% mais semble ralentir de nouveau. En cause : les grèves et les tensions ethniques. La demande extérieure s’est révélée insuffisante pour compenser la fuite de capitaux, un problème récurrent pour ce pays. Le solde des comptes courants reste dans le rouge et correspond à 5,5% du PIB. Le chômage progresse toujours et frappe 26,4% de la population active. Sa tendance est malheureusement ascendante. On peut craindre de nouvelles tensions politiques. Il est peu probable que le pays connaisse une reprise en 2016. Un point positif dans ce sombre tableau : le déficit budgétaire a fondu jusqu’à 3,8%, contre 4,4% six mois auparavant.
Le rand (ZAR) reste instable. Il est chahuté au gré des mouvements spéculatifs. Il s’est cependant raffermi de 2,9% face à l’EUR au cours de ces six premiers mois. Les taux d’intérêt ont glissé de 0,5% vers le haut, sans que l’échelle ne change de forme. Les retours obligataires sont légèrement négatifs. Une obligation libellée en ZAR, généralement d’excellente qualité, reste un placement spéculatif. Elle doit en outre rapporter entre 6 et 6,5% de plus que son équivalente en EUR. Si vous avez une perte de change à recouvrer, n’hésitez pas à prolonger votre placement en ZAR. Les perspectives sur le (très) long terme sont, en effet, favorables.
TRY, HUF, PLN : très instables
Une nouvelle période d’incertitudes affecte la Turquie (Baa3, négatif; BB+, négatif). Le parti au pouvoir a perdu sa majorité lors des élections du 7 juin. Le gouvernement devra désormais composer avec l’opposition. Le pays a connu un ralentissement spectaculaire de sa croissance au premier trimestre. On s’attend à un taux de croissance de 2,3% pour 2015, largement en dessous des 3,7% anticipés, que les économistes avancent de nouveau pour 2016. Le pays est confronté à une fuite importante de capitaux. En témoigne la détérioration de ses comptes courants (-4,6%). La décélération conjoncturelle s’est soldée par une augmentation du chômage qui frappe déjà 10,6% de la population active. L’inflation semble difficilement maîtrisable et atteint 7%. La lire (TRY) a continuellement perdu du terrain face à l’EUR (-5,2%). Les taux d’intérêt ont grimpé et penchent dangereusement vers une inversion. Les taux à court terme ont progressé de plus de 2%. Les retours obligataires étaient dès lors négatifs. Il est peu probable qu’une amélioration se dessine prochainement. Une obligation exprimée en TRY rapporte aujourd’hui en moyenne 9% de plus que celle en EUR. Elle reste hautement spéculative.
Le premier trimestre en Hongrie (Ba1, stable; BB+, stable) était excellent. Le pays a profité de l’assouplissement monétaire dans la zone euro, lui permettant d’abaisser ses taux directeurs. Les capitaux étrangers affluent toujours. La croissance pour 2015 devrait atteindre 3,5% et ralentir en 2016 jusqu’à 2,9%, selon les experts. La Hongrie reste honnie par les autres pays européens. Le forint (HUF) a perdu tout son gain réalisé en début d’année.
La Pologne (A2, stable; A-, stable) a subi un changement de régime après les élections du 24 mai. La nouvelle équipe sera-t-elle à même de poursuivre la performance de la précédente ? Si l’on se fonde sur les prévisions du secteur industriel, la réponse est négative. Un recul conjoncturel est donc possible, d’autant que plus de 10% de la population active est au chômage. Le zloty (PLN) a imité l’évolution du HUF et a cédé la majeure partie de ses gains réalisés en début d’année. Il termine le semestre avec un léger redressement de 1,9%. Les deux devises sont spéculatives et leurs obligations difficilement négociables. Nous les déconseillons.
BRL, MXN : très spéculatifs
Depuis ce début d’année, le Brésil (Baa2, négatif; BBB-, stable) connaît pas mal de remous. Le pays est en récession. La contraction atteindrait 1,6% cette année. Tout se détériore à vive allure. La balance commerciale reste ancrée dans le rouge et les capitaux fuient le pays. Les tensions politiques ne favorisent aucun redressement. Le gouvernement, conscient de ces difficultés, a gelé près de 22 milliards de dollars de son budget et relevé la taxe sur les bénéfices du secteur financier à 20% (+5%). D’autres mesures d’austérité sont en préparation. L’ensemble devrait permettre une relance économique, réduire le déficit budgétaire (actuellement de 5,5%), maîtriser l’inflation (7,9%) et faire baisser le chômage (6,4%). Comme partout, les prévisions pour l’année prochaine sont encourageantes. Les experts tablent sur une croissance de 1,1%. Ils prédisaient l’année passée une croissance de 1,4% pour cette année. Le chiffre est bon dans l’absolu, son signe est erroné.
Le real (BRL) évolue dans un canal baissier et il est peu probable qu’il en sorte rapidement (-6,9%). L’échelle des taux d’intérêt s’est inversée : les taux à court terme sont supérieurs à ceux à long terme, ce qui compliquera toute reprise. En conséquence, les retours obligataires sont négatifs. Une obligation exprimée en BRL rapporte en moyenne 10% de plus que son équivalente en EUR. Elle s’adresse toutefois davantage aux spéculateurs qu’aux investisseurs traditionnels.
Les élections du 7 juin sont révolues au Mexique (A3, stable; BBB+, stable). Si le parti au pouvoir a remporté la majorité, l’opposition a progressé. L’avenir politique du pays n’en devient que plus compliqué. L’économie a bien résisté malgré la chute des prix pétroliers. Elle a profité de la croissance affichée par son grand voisin américain. La croissance faisait 2,5%. Les comptes courants se détériorent et le déficit budgétaire représente 3,4% du PIB. Ici aussi, les prévisions pour 2016 avancent des chiffres en nette amélioration. Elles se basent sur un redressement de l’économie américaine dont profiterait la mexicaine et la croissance atteindrait 3,3%. Trop optimiste, selon nous. Le Brésil et le Mexique disposent chacun d’importantes réserves de change, 370 et 195 milliards de dollars respectivement.
Le peso (MXN) qui s’était raffermi en début d’année a perdu du terrain depuis. Il a progressé de 2,5% ces six derniers mois, soutenu par la hausse continue des taux d’intérêt. Les obligations libellées en MXN affichent par conséquent des retours négatifs. Elles rapportent de 3 à 5 % de plus que celles en EUR en fonction de leur durée résiduelle.
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