Acter ses miettes sur Nyrstar
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Contrairement à vous, je n’ai pas encore vendu mes actions Nyrstar. Devrais-je conserver ma position après l’annonce, la semaine dernière, du plan de refinancement”?
Les détails sur la manière dont Nyrstar, en grande difficulté, allait refinancer sa dette se sont fait attendre de longs mois. L’annonce par la direction, le 20 septembre 2018, que le bénéfice serait moins important que prévu, avait érodé la confiance des investisseurs. Celle qui a suivi, fin novembre, leur a prouvé que le groupe de fonderies de zinc était au bord de la faillite: Nyrstar allait obtenir, grâce à son actionnaire principal, Trafigura, une ligne de crédit de quelque 650 millions de dollars. Le 15 février dernier, celle-ci était presque épuisée; la dette brute totale du producteur de zinc s’est alourdie de 1,2 milliard d’euros fin septembre à 1,59 milliard à cette date – si l’on y inclut les avances perçues sur les livraisons de zinc, les obligations perpétuelles, et autres dettes, la dette brute s’est hissée de 2,51 à 2,9 milliards sur la période.
C’est officiel à présent: le négociant de matières premières Trafigura prend le contrôle de Nyrstar. Il va céder tous les actifs opérationnels à une filiale anglaise (Newco), dont il détiendra 98% du capital. Les 2% restants iront aux actionnaires existants de Nyrstar. L’actuel Nyrstar survivra sous la forme d’un holding dont le seul actif sera la participation dans Newco. Trafigura lui fournira une nouvelle facilité de crédit, de 250 millions de dollars, qui arrivera à échéance le 30 août. Trafigura a obtenu l’accord de toutes les parties impliquées. En vertu du droit des sociétés anglais, le plan ne nécessite pas l’approbation des actionnaires existants, et ne contraint pas non plus Trafigura à lancer une offre sur les actions résiduelles. Toutefois, les créanciers principaux doivent signer l’accord, d’ici au 29 avril. Sans leur accord, Nyrstar risque la faillite. Pour l’heure, 44,8% des titulaires d’obligations (convertibles) ont marqué leur accord; ils perdront environ 40% du capital investi.
Le rapport intermédiaire relatif à 2018 a fait état de cash-flows opérationnels récurrents (Rebitda) de 117 millions d’euros (contre 205 millions en 2017). Le quatrième trimestre a donc dû être très mauvais. Il reste aux actionnaires existants à vendre leurs titres, qui ne valent certes plus grand-chose (rating 3C).
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