L’uranium, le nouvel eldorado des marchés financiers ?
Avec le regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire et la hausse conséquente du prix de l’uranium, les banques et fonds d’investissement suivent le secteur de près. Ils sont de plus en plus actifs dans la négociation d’uranium en tant que matière première.
L’or n’est pas le seul “métal jaune”. Autant pour son apparence physique que pour son importance sur les marchés financiers, il y a un nouveau concurrent. L’uranium, dans une vague de regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire, est de plus en plus convoité par les banques et les fonds d’investissement. Ou par certaines d’entre ces institutions, en tout cas.
Ils s’y intéressent sous forme d’actions d’entreprises actives dans la chaine de valeur de l’énergie nucléaire, mais pas que. Les banques Goldman Sachs et Macquarie Group sont actives dans le trading d’uranium sous forme physique, et cette activité de négociation sur les marchés augmente fortement. Goldman Sachs négocie même des produits dérivés comme des options, une première pour la banque, rapporte Reuters. Des hedge funds, ou fonds spéculatifs ou de couverture, sont également entrés dans la danse et misent sur l’uranium physique.
Au plus haut en 16 ans
L’intérêt des banques et des fonds pour le secteur n’est pas toujours nouveau, mais ces deux dernières années on peut effectivement parler d’une renaissance de ces activités d’investissement. Ainsi, en 2023, les transactions d’investisseurs ont représenté 26% de tous les échanges sur le marché au comptant.
L’uranium sort en fait d’une période de vaches maigres. Avec la catastrophe de Fukushima, le monde a commencé à se détourner de nucléaire. L’Allemagne en est par exemple entièrement sortie. La matière première a donc perdu en attractivité.
Mais ces deux dernières années, l’énergie nucléaire a regagné en intérêt, dans un souci de décarbonation de la production d’énergie. L’atome n’émet en effet pas de gaz à effet de serre (bien qu’il produise des déchets radioactifs qui ne sont pas recyclables et qui restent dangereux pendant des milliers d’années). De nombreux pays, comme la France, appuient sur l’accélérateur et veulent construire des nouvelles centrales nucléaires.
Ce regain d’intérêt pour l’atome, avec une pénurie d’uranium sur le marché (la production n’arrive actuellement pas à suivre la demande), a fait exploser les prix. Sur un an, ils ont doublé, passant à plus de 100 dollars la livre d’uranium (453,6 grammes). C’est le niveau le plus élevé en 16 ans.
Un actif qui voit sa valeur doubler attire toujours son lot de personnes qui y voient une opportunité de faire des profits. Cela crée de la demande et contribue à faire augmenter les prix. Il y a donc un potentiel de hausse du prix, avec l’augmentation de ces activités d’investissement. Ce qui, plus loin, pourrait se répercuter sur les prix de l’énergie et mener à un paradoxe : un des arguments en faveur de l’énergie nucléaire était que la matière première n’était pas chère.
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