Le marché, craintif à l’égard de KBC

Les rapports publiés à l’issue du premier trimestre objectivent les craintes: la pandémie frappe lourdement le secteur financier. Le marché réagit mal, y compris à l’égard de KBC.

Au fil des ans, le groupe belge a su se profiler comme une grande banque européenne, aux ratios tout aussi solides que les résultats. Sans aller jusqu’à l’immuniser contre les retombées du confinement sur l’économie et donc, sur ses débiteurs (ménages, indépendants, entreprises), cette position rend KBC moins fragile que d’autres. La banque n’en annonce pas moins que son bénéfice trimestriel, qui tourne traditionnellement autour de 600-700 millions d’euros, s’est mué en une perte nette de 5 millions d’euros (-0,04 euro par action). En cause, principalement: le résultat net des instruments financiers évalués à la juste valeur, la panique qui a envahi les marchés en mars ayant fait chuter les Bourses, se creuser les différentiels d’intérêts, etc. Les réductions de valeur ont provoqué une perte nette sur les instruments financiers de 385 millions d’euros, contre un gain de 130 millions encore au quatrième trimestre de 2019. Cela dit, la suite, au vu de la manière dont les choses se présentent aujourd’hui, devrait être davantage positive que négative. L’attention va se concentrer sur les pertes de valeur sur crédits car comme bien d’autres, KBC va devoir acter des pertes sur les prêts non remboursés (par des entreprises en faillite, par exemple). Elle a d’ores et déjà enregistré pour 121 millions d’euros de réductions de valeur au premier trimestre (75 millions au quatrième trimestre de 2019 et 69 millions au premier), et c’est loin d’être fini. La direction prévoit pour 1,1 milliard d’euros de pertes de valeur sur crédits pour l’exercice, alors que le consensus mise sur 933 millions d’euros (le scénario le plus optimiste est arrêté à 800 millions; le plus pessimiste, à 1,6 milliard).

L’essentiel des résultats de KBC demeure formé par ses revenus d’intérêts nets, qui s’établissent à 1,195 milliard d’euros (consensus: 1,17 milliard; +6% par rapport au 1,129 milliard d’euros sur lequel la banque avait achevé le premier trimestre de 2019). Les revenus d’intérêts nets escomptés pour l’exercice courant ont été abaissés de 4,65 à 4,3 milliards d’euros, à cause des diminutions de taux enregistrées en République tchèque et des pertes de change probables. Tout cela n’empêche pas les ratios de liquidité et de solvabilité affichés à l’issue du premier trimestre de demeurer très bons, et de continuer à figurer parmi les meilleurs d’Europe.

KBC est un bancassureur résolument intégré, doté d’un pôle Gestion de patrimoine (“usine à fonds”) très avancé. Il est parfaitement implanté en Belgique, mais aussi en République tchèque. La suppression du dividende final, de 2,50 euros brut par action, très tôt annoncée, ne fait naturellement pas les affaires de KBC Ancora, son actionnaire de référence. KBC Ancora est un monoholding (ce qui signifie qu’il ne détient de titres que d’une seule entreprise, dont il tire la quasi-intégralité de ses revenus) typiquement belge, dont les 18,6% d’actions KBC qu’il possède n’assurent à l’inverse qu’une partie de l’ancrage de la banque.

Conclusion

A une fois la valeur comptable (moyenne européenne: 0,6), KBC est chère par rapport au reste du secteur bancaire européen, mais il faudra sans doute opter, cette année, pour des entreprises offrant des titres et des ratios de qualité supérieure. Investir dans KBC par le truchement de KBC Ancora permet de bénéficier d’une décote de 25% à 30%; c’est la raison pour laquelle nous préférons prendre une première position dans le monoholding, plutôt qu’investir directement dans KBC.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 42,33 euros

Ticker: KBC BB

Code ISIN: BE0003565737

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 17,44 milliards EUR

C/B 2019: 8,5

C/B attendu 2020: 31

Perf. cours sur 12 mois: -30%

Perf. cours depuis le 01/01: -38%

Rendement du dividende: 2,5%

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