Trois scénarios pour ASML
Hausse des taux, récession, guerre commerciale: de nombreuses incertitudes pèsent sur l’évolution de l’action du fabricant de machines pour semi-conducteurs. Nous esquissons trois scénarios.
Au-delà du spectre des hausses des taux et d’une récession, la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, dont l’un des enjeux est la maîtrise des technologies, pèse depuis des années déjà sur les fabricants de puces; ASML n’est par exemple pas autorisé à fournir des machines EUV à la Chine. La nouvelle réglementation américaine vient assombrir encore les perspectives.
Guerre commerciale
Au 1er semestre de 2022, ASML générait 16,9% de son chiffre d’affaires (CA) en Chine. L’interdiction des exportations vers l’empire du Milieu aura donc des répercussions sur les ventes du groupe néerlandais, bien qu’à terme, une partie puisse être récupérée, par exemple quand les clients sont en fait des filiales d’entreprises américaines basées en Chine qui relocalisent la production.
La forte internationalisation du secteur et l’interconnexion des chaînes compliquent les prévisions. Cependant, le marché des puces est structurellement sain et affiche un beau potentiel de croissance sur le long terme, notamment parce que les Etats-Unis, l’Europe et la Chine souhaitent doper leur production nationale de semi-conducteurs, ce qui nécessitera la construction de nombreuses usines bien équipées. Enfin, le carnet de commandes d’ASML semble bien garni.
De nombreuses incertitudes pèsent donc sur l’évolution de l’action. Comme nous n’avons pas de boule de cristal, nous esquissons trois scénarios.
Scénario 1
ASML ne souffre guère du bref creux que connaît le marché, car son carnet de commandes est bien fourni et les producteurs de puces continuent à investir dans les technologies les plus récentes. Le CA progresse d’un peu plus de 14% – bien moins que la moyenne des cinq dernières années (22,0%), mais plus que celle des 10 dernières (12,7%). Les marges bénéficiaires nettes ne sont plus aussi élevées qu’en 2021 ( 31,6%), mais dépassent la moyenne de la décennie écoulée (23,6%) grâce aux économies d’échelle et à l’excellent positionnement du groupe sur le marché. Le ratio cours/bénéfice (C/B) est de 30, comme en 2013-2018.
Scénario 2
Le plongeon du CA, en 2023, est compensé par les machines livrées en 2022 mais comptabilisées l’année suivante (2,2 milliards d’euros). Les ventes se redressent sensiblement en 2024 et 2025. Jusqu’en 2024, les marges sont nettement en retrait par rapport à celles de 2021, mais elles se redressent en 2025. A 27, le ratio C/B se situe un peu plus de 20% sous la moyenne de la décennie écoulée (34,2).
Scénario 3
Le CA recule de 16% en 2023 (comme en 2012, pire millésime depuis 2009), puis encore de 10% en 2024. En 2008 et 2009, le CA avait baissé deux ans de suite pour la dernière fois, avec un recul cumulé de 48%. Mais en 2010, les ventes d’ASML avaient presque triplé et atteint un nouveau record, pulvérisant celui de 2007. Au vu des pénuries des dernières années, il est peu probable que les fabricants de puces réduisent à nouveau drastiquement leurs investissements, surtout dans les machines de pointe. En 2023, ASML comptabilisera aussi 2,2 milliards de ventes réalisées en 2022. En 2025, le CA repart à la hausse, mais pas autant qu’en 2010, et les marges bénéficiaires se redressent. Le rapport C/B tombe à son plus bas niveau de la dernière décennie.
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