Shell quitte le marché russe
En se retirant de Russie, la compagnie pétrolière, qui avait déjà procédé à des désinvestissements ailleurs l’an dernier, a bien conscience qu’elle réduit son potentiel d’expansion. Elle profite néanmoins de l’envolée des cours du pétrole et du gaz.
En 2021, Shell est devenue 100% britannique: son siège a été transféré à Londres et Royal Dutch a disparu de son nom. La compagnie a changé de ticker (SHELL remplace RDSA); sa cotation principale reste à Londres, mais celles d’Amsterdam et de New York sont maintenues.
Shell s’est aussi mise au régime, en vendant ses champs de pétrole de schiste dans le bassin permien (ouest du Texas), qui généraient 175.000 barils d’équivalent pétrole par an, soit environ 6% de sa production. Avant cela, elle avait cessé d’extraire du pétrole des sables bitumineux au Canada. Par ailleurs, elle a cédé la moitié de ses activités d’extraction de pétrole au Nigeria et s’est retirée d’un projet majeur dans la mer du Nord britannique.
Mais c’est le retrait de Russie, en réaction à l’invasion de l’Ukraine, qui fait couler le plus d’encre. Ce faisant, Shell se défait des 27,5% de sa joint-venture avec Gazprom, Sakhalin II, qui produit 33% du gaz naturel liquéfié (GNL) russe, mais aussi de ses 50% dans la raffinerie Salym et Gydan Energy (valeur comptable conjointe de plus de 3 milliards de dollars). Le nom des acheteurs et les modalités de vente ne sont pas encore connus. Pour l’instant, Shell conserve quelque 400 stations-service en Russie.
Les actifs russes représentent environ 5% de la production de la compagnie, mais en quittant le pays, Shell renonce également aux réserves et au potentiel d’exploration de la région. La décision ne devrait avoir pour l’heure aucune incidence sur le bénéfice, vu la hausse des prix de l’énergie, surtout depuis mi-février. Effets de stocks et éléments exceptionnels non inclus, le bénéfice net du 4e trimestre est de 6,4 milliards de dollars, en hausse de 55% par rapport au 3etrimestre; le consensus n’attendait que 5,2 milliards de dollars. Shell a principalement bénéficié de la hausse du prix du gaz: la division Integrated Gas a réalisé 4,1 milliards de dollars de bénéfices. La division Upstream (exploration et production) a vu son bénéfice augmenter de 68%, à 2,8 milliards de dollars. Les revenus de trading ont aussi progressé et les amortissements ont baissé. La division Raffinage, elle, éprouve une perte (-251 millions de dollars) en raison de la hausse des cours du pétrole brut.
Porté en premier lieu par Integrated Gas (8,76 milliards de dollars), puis par Upstream (déficitaire en 2020, +7,96 milliards de dollars en 2021), le bénéfice annuel consolidé a été multiplié par quatre, à 19,29 milliards de dollars, par rapport à celui de 2020.
Shell a allégé sa dette nette de 22,8%, à 52,6 milliards de dollars, au 4e trimestre. Le ratio d’endettement est tombé à 23,1% (32,2% un an plus tôt et 25,6% au 3e trimestre de 2021). La compagnie entend racheter au cours du seul 1er semestre de 2022 pour 8,5 milliards de dollars d’actions (bien plus que les 3,5 milliards qu’elle y a alloués sur l’intégralité de l’exercice 2021); au montant de 1,5 milliard de dollars qu’elle y consacre chaque trimestre s’ajoutent en effet 5,5 milliards de dollars issus de la vente de ses actifs de schiste. Le dividende trimestriel passera de 0,24 à 0,25 dollar par action et devrait augmenter de 4% par an.
Conclusion
Bien que l’aval reste déficitaire, Shell devrait signer un bon trimestre grâce aux cours élevés du pétrole et du gaz. Certes, son retrait de Russie affectera la position de la compagnie sur le marché du GNL et réduira son potentiel d’expansion. Toutefois, un investissement dans Shell demeure justifié: elle profite des prix de l’énergie, gâte ses actionnaires (rendement en dividende de 3,9 %, notamment) et affiche toujours une valorisation faible.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 24,49 euros
Ticker: SHELL NA
Marché: Euronext Amsterdam
Code ISIN: GB00BP6MXD84
Capit. boursière: 206,4 milliards EUR
C/B 2021: 11
C/B attendu 2022: 8
Perf. cours sur 12 mois: +24%
Perf. cours depuis le 01/01: +34%
Rendement du dividende: 3,9%
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