Proximus sème aujourd’hui pour récolter demain
Proximus va réaliser de lourds investissements et promet un retour à la croissance dès 2022. Pour les investisseurs, c’est encore trop loin. L’action ne s’est pas redressée. Or elle offre toujours un rendement supérieur à la moyenne de ses concurrents européens.
Proximus ne s’est presque pas redressé après le creux boursier de fin mars et a perdu plus de 30% depuis début 2020. Analystes et investisseurs n’ont pas apprécié la baisse continue du cash-flow, les lourds investissements annoncés et l’abaissement du dividende. Ils attendaient des perspectives concrètes pour 2020, mais sont restés sur leur faim – Proximus a invoqué l’effet du coronavirus, qui, pourtant, impacte peu les télécommunications.
Le groupe entend libérer davantage de ressources pour la construction du réseau de fibre optique (pour ne pas creuser l’écart avec les concurrents) et la préparation de la 5G, pour laquelle des licences provisoires ont été accordées, même si le déploiement n’aura lieu qu’en 2021. Proximus a versé la quasi-totalité de son cash-flow disponible en 2019, ce qui n’est pas viable. Sa décision d’abaisser le dividende de 1,5 à 1,2 euro par action n’a donc pas surpris. Le nouveau CEO Guillaume Boutin s’est engagé à verser ce montant au titre de 2020, 2021 et 2022. Avec la chute du cours, le rendement de l’action reste encore élevé. La direction promet une croissance durable à partir de 2022.
Pour pouvoir réaliser les investissements supplémentaires et verser le dividende, l’opérateur devra augmenter son taux d’endettement. A 1,2, le rapport entre la dette et le bénéfice opérationnel sous-jacent (Ebitda) est actuellement très faible pour le secteur. Au terme du 1er trimestre, la dette nette ajustée s’élevait à 2,04 milliards d’euros, contre 2,19 milliards d’euros fin décembre. L’échéance moyenne est de 5,2 ans, le taux d’intérêt, de 1,8%. Proximus envisage aussi de vendre certains bâtiments pour couvrir ses futurs besoins en financement. Le groupe table sur un cash-flow disponible de 780-800 millions d’euros pour 2020, soit 5 à 8% de moins qu’en 2019 (844 millions d’euros). Les chiffres du 1er trimestre sont largement conformes au consensus. Les revenus ont baissé, mais les coûts aussi, avec un effet positif sur la rentabilité. Au 4e trimestre de 2019, Proximus avait déjà constitué une provision de 253 millions d’euros pour les indemnités de départ dans le cadre du plan de restructuration. L’intégration de ce montant en une seule fois augmentera l’impact des réductions de coûts dès 2020. Le chiffre d’affaires (CA) réalisé en Belgique a diminué de 1%, à 1,09 milliard d’euros. Le segment des particuliers est resté stable, mais celui des entreprises recule de 2,4%. Les magasins physiques sont restés fermés pendant un certain temps et les installations ont également subi un retard. Proximus a accueilli 30.000 nouveaux clients dans le segment mobile. En incluant la filiale internationale BICS, le CA du groupe atteint 1,39 milliard d’euros (-1,5% en un an).
Grâce à la restructuration et à la baisse des frais de marketing, les coûts se sont allégés de 5%, ce qui a permis de générer un Ebitda de 464 millions d’euros, soit une marge de 33,3% (32,7% un an auparavant). Le bénéfice net a aussi augmenté, à 153 millions d’euros, malgré un repli des ventes de 14% en un an.
Conclusion
Proximus va réaliser de lourds investissements, gage d’un retour à la croissance dès 2022. Pour les investisseurs, c’est encore trop loin. La réduction somme toute limitée du dividende permet toujours à Proximus d’offrir un rendement supérieur à la moyenne de ses concurrents européens. La combinaison des investissements et d’un dividende attrayant alourdira toutefois le taux d’endettement. Après la sanction excessive des derniers mois, l’action bénéficie à nouveau d’une recommandation positive.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 18,37 euros
Marché: Euronext Bruxelles
Ticker: PROX BB
Code ISIN: BE0003810273
Capit. boursière: 6,2 milliards EUR
C/B 2019: 15
C/B attendu 2020: 14
Perf. cours sur 12 mois: -23%
Perf. cours depuis le 01/01: -29%
Rendement du dividende: 6,5%
Actions belges
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