PostNL, prise en tenaille

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Après un été particulièrement difficile, l’activité colis s’est légèrement redressée en septembre et octobre, d’où une légère croissance par rapport à 2021, ce qui a en outre sauvé la part de marché de PostNL. Reste à présent à savoir ce que le quatrième trimestre lui réserve.

La situation a basculé avec une rare rapidité pour PostNL. L’entreprise avait achevé le dernier exercice sur d’excellents résultats, que soutenaient le transport de colis, sur fond de crise sanitaire, et une clientèle qui ne regardait pas à la dépense. Moins de 12 mois plus tard, elle est confrontée à une légère baisse de son chiffre d’affaires et à une nette augmentation de ses coûts. L’envolée des factures énergétiques érodant le pouvoir d’achat et la confiance des consommateurs, le trafic de colis est sous pression. A présent que plus personne n’est contraint de faire ses achats en ligne, l’avantage conféré par la crise sanitaire a de surcroît disparu. PostNL doit pour ne rien arranger faire face à la hausse de ses factures énergétiques et à des revendications salariales particulièrement exigeantes (l’inflation, aux Pays-Bas, a atteint jusqu’à 15% en septembre). Cette flambée des coûts pèse sur le résultat, car PostNL ne relève que très prudemment ses tarifs.

L’entreprise avait achevé l’exercice 2021 (crise sanitaire) sur un bénéfice opérationnel normalisé de 308 millions d’euros. Elle tablait initialement pour cette année sur 145-175 millions d’euros, un montant qu’elle a dû revoir en octobre, car la conjoncture la frappe plus durement et plus longuement que prévu. La direction n’a pas chiffré ses nouvelles prévisions, mais un recul du bénéfice opérationnel normalisé à moins de 100 millions d’euros est certainement envisageable. La chute de l’action et de la capitalisation boursière reflète précisément ce fléchissement du potentiel de bénéfice.

Les résultats du troisième trimestre en disent long sur les difficultés ambiantes. Le chiffre d’affaires a atteint 709 millions d’euros (-3%), tandis que le bénéfice opérationnel normalisé plongeait à -20 millions d’euros, contre +23 millions à la même période l’an dernier. En cause: les hausses des coûts et la stagnation des volumes de colis, volumes que la direction voyait précédemment croître de 10%. Le trafic de lettres a lui aussi ralenti davantage que prévu (-9,3% des volumes). Après un été particulièrement difficile, l’activité colis s’est légèrement redressée en septembre et octobre, d’où une légère croissance par rapport à 2021, ce qui a en outre sauvé la part de marché du groupe.

Reste à présent à attendre, non sans appréhension, ce que le quatrième trimestre lui réserve. Cette période est de loin la plus importante de l’année pour les entreprises postales. PostNL prévoit de traiter à peu près le même nombre de colis que l’an passé, ce qui l’oblige à se livrer à un délicat exercice d’équilibre: elle prend, à raison, des mesures pour adapter sa structure de coûts aux contractions des volumes, tout en devant aussi pouvoir gérer les accélérations du quatrième trimestre. La marge de manoeuvre est de surcroît limitée par l’étroitesse du marché du travail, qui complique la recherche d’intérimaires.

Conclusion

PostNL est frappée de plein fouet par la flambée des coûts et la légère baisse de ses revenus. Des bénéfices élevés réalisés en 2021 grâce au contexte sanitaire, un tiers à peine subsiste cette année. L’action ayant suivi le mouvement, la valorisation peut être qualifiée de correcte. L’investisseur paie aujourd’hui 10 fois environ le bénéfice escompté pour l’exercice. Si le cours a, on le voit, intégré beaucoup de mauvaises nouvelles, une reprise rapide est peu probable. Les volumes de colis devraient croître légèrement en 2023, mais le coût de la main-d’oeuvre, en particulier, n’a pas tout à fait fini d’augmenter. A conserver.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 1,67 euro

Ticker: PNL

Code ISIN: NL0009739416

Marché: Euronext Amsterdam

Capit. boursière: 858 millions EUR

C/B 2021: 8

C/B attendu 2022: 10

Perf. cours sur 12 mois: -56%

Perf. cours depuis le 01/01: -56%

Rendement du dividende: 7%

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