Nvidia n’acquiert pas ARM

© Future Publishing via Getty Images

L’annonce par la direction de Nvidia qu’elle renonçait finalement à acquérir ARM Holdings a éclipsé ses résultats trimestriels et annuels, pourtant excellents. Le groupe atteindra ses objectifs de croissance autrement; il est actif dans plusieurs niches à fort potentiel.

En septembre 2020, le producteur américain de semi-conducteurs avait lancé une offre de 40 milliards de dollars en espèces et en actions sur l’entreprise britannique spécialisée dans la conception de semi-conducteurs peu énergivores et multifonctionnels pour appareils mobiles et centres de données. Mais en rentrant dans le giron de Nvidia, ARM Holdings (ARM) aurait perdu sa neutralité; ses clients et les régulateurs craignaient que Nvidia n’utilise les nouveaux concepts pour obtenir un avantage concurrentiel ou augmenter considérablement les prix. Les Chinois ne voulaient pas non plus que la conception de puces se retrouve concentrée chez un acteur américain. Nvidia a certes évité une longue bataille juridique en abandonnant le projet, mais il perd l’avance de 1,36 milliard de dollars qu’il avait versée en 2020 à Softbank, une charge qu’il comptabilisera au 1er trimestre de l’exercice 2023 (février – avril 2022). Ce n’est donc pas par le biais d’ARM que le groupe dominera le marché des semi-conducteurs pour les applications d’intelligence artificielle.

Si son action a brillé en 2021, c’est parce que Nvidia n’a cessé de dépasser les attentes et de relever ses prévisions – le 4e trimestre de l’exercice 2022, clos le 30 janvier, n’a pas fait exception. Le chiffre d’affaires (CA) du groupe a progressé de 53% sur un an, à 7,64 milliards de dollars, surpassant le consensus de plus de 200 millions de dollars. Le CA issu de la vente de puces graphiques (pour consoles de jeux, notamment) a augmenté de 37%, à 3,42 milliards de dollars. Grâce à sa gamme Geoforce RTX, Nvidia est le leader du marché des puces graphiques destinées, entre autres, aux consoles de jeux; le groupe profitera du lancement d’une nouvelle génération de consoles cette année. Manquant toutefois de capacités de production, il peine pour l’heure à répondre à la demande.

Le CA du segment des centres de données (semi-conducteurs pour les serveurs cloud) a augmenté de 71,5%, à 3,26 milliards de dollars, un record. Ensemble, les centres de données et les puces graphiques apportent au groupe près de 90% de son CA. Sur l’intégralité de l’exercice, le CA consolidé a progressé de 61,4%, à 26,9 milliards de dollars. Quant au bénéfice net consolidé, il a atteint 9,75 milliards de dollars. Pour l’exercice en cours, le consensus table sur un CA de 34,9 milliards de dollars (+28%). Contribueront à cette croissance, outre les deux segments précités, également les plateformes Omniverse (simulations et tests de conception) et Drive; Nvidia a déjà conclu des partenariats avec divers constructeurs pour la fourniture de puces destinées à la conduite autonome.

Nvidia disposait de 21,2 milliards de dollars de liquidités fin janvier 2022, pour une dette de 11,7 milliards de dollars. Comme le groupe n’acquiert pas ARM, aucune nouvelle action ne sera mise en circulation, et il n’y aura donc pas de dilution supplémentaire.

Conclusion

Nvidia ne peinera pas à se remettre d’avoir échoué à racheter ARM. Le groupe est en effet devenu plus qu’un acteur cyclique du secteur des semi-conducteurs: il est actif dans plusieurs niches à fort potentiel de croissance. Le titre se négocie à 19 fois le CA et à 48 fois le bénéfice prévus pour l’exercice 2023. Ce n’est pas bon marché, mais les bénéfices et le CA progressent considérablement. Il peut dès lors rester en portefeuille. A n’acheter qu’en cas de repli.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 272,86 dollars

Ticker: NVDA US

Code ISIN: US67066G1040

Marché: Nasdaq

Capit. boursière: 680 milliards USD

C/B 2021: 61

C/B attendu 2022: 48

Perf. cours sur 12 mois: +104%

Perf. cours depuis le 01/01: -9%

Rendement du dividende: 0,1%

Partner Content