Mosaic enchaîne les records

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Les prix des engrais ne grimperont bien sûr pas indéfiniment, mais nous ne nous attendons pas à une baisse significative de ceux-ci en 2022. Mosaic va donc connaître un formidable exercice, encore meilleur que le précédent.

Le géant américain des engrais Mosaic connaît son heure de gloire. L’exercice précédent avait déjà été un grand cru: le chiffre d’affaires (CA) s’était élevé à 12,4 milliards de dollars (+42% par rapport à 2020), le cash-flow opérationnel récurrent (Rebitda), à 3,6 milliards de dollars (+129%, un record) et le bénéfice net, à 1,63 milliard de dollars (+142%) ou 4,27 dollars par action. Mais pour 2022, les analystes s’attendent à mieux encore: un CA de 21,9 milliards de dollars et un bénéfice net par action de 14,1 dollars. Il faut préciser que les fondamentaux du secteur étaient déjà excellents avant que n’éclate la guerre en Ukraine, puisque le rapport entre les stocks mondiaux de céréales et d’oléagineux et la consommation était à son plus bas niveau depuis 2003. La guerre et les sanctions prononcées contre la Russie et le Bélarus ont restreint les exportations d’engrais, ce qui a encore fait augmenter leurs prix. Au cours des dernières semaines cependant, les prix des engrais potassiques et phosphatés se sont stabilisés ou ont baissé quelque peu. Bien que les engrais demeurent onéreux, les conditions du marché restent favorables pour les agriculteurs. Aux Etats-Unis, ils verront leurs marges bénéficiaires battre le record, atteint l’année dernière, de 500 dollars par acre, niveau le plus élevé depuis 2004.

Si la demande d’engrais reste élevée, l’approvisionnement est difficile. Mosaic, qui avait précisé dans son rapport relatif à 2021 s’attendre à une demande inédite d’engrais phosphatés et potassiques en 2022, a donc dans l’intervalle revu ses projections à la baisse, à 72-75 millions de tonnes pour les premiers (contre 75,8 millions de tonnes, un record, en 2021) et 61-65 millions de tonnes pour les seconds (contre 71 millions de tonnes l’an passé).

Comme de nombreux pays s’efforcent de maximiser leur production malgré les coûts élevés des intrants, Mosaic s’attelle à accroître la sienne. Ainsi le nouveau puits K3, dans la mine Esterhazy, tourne-t-il désormais à plein régime (capacité annuelle de 5,5 millions de tonnes de potasse) et la mine Colonsay, remise en service l’année dernière, livrera-t-elle cette année 1,3 million de tonnes de potasse. Le groupe peut pour l’heure produire annuellement 10,5 millions de tonnes de cet engrais et étudie plusieurs pistes pour accroître cette capacité de 1,5 million de tonnes d’ici au second semestre de 2023. Dans sa division phosphates, il estime la production de cette année à 8,33 millions de tonnes, soit 1 million de plus qu’en 2021.

Au premier trimestre, le CA du groupe a augmenté de 71% en glissement annuel, à 3,92 milliards de dollars. Le consensus misait sur 4,1 milliards de dollars. Le Rebitda s’est hissé de 560 millions à 1,45 milliard de dollars (+159%) et le bénéfice net est passé à 1,18 milliard de dollars, soit une multiplication par près de 8. A 2,41 dollars par action, le bénéfice net ajusté a légèrement déçu le consensus (2,44 dollars). Ce sont néanmoins des chiffres records, atteints malgré la baisse des volumes de vente en glissement annuel; autrement dit, grâce à la hausse des prix de vente. La division potasse n’a en effet vendu que 1,79 million de tonnes d’engrais (-9,5%), mais la tonne s’est écoulée en moyenne à 582 dollars, contre 200 dollars un an plus tôt. Elle a vu le Rebitda passer de 212 millions à 651 millions de dollars. De même, dans la division phosphates, les volumes ont baissé de 19,5 %, à 1,66 million de tonnes, mais la tonne s’est vendue en moyenne à 785 dollars, contre 426 dollars un an auparavant. Le Rebitda y est passé de 271 millions de dollars l’an dernier à 632 millions. Enfin, chez Mosaic Fertilizantes (Amérique latine), le Rebitda a plus que doublé, de 104 millions à 233 millions de dollars.

Conclusion

Bien que l’action Mosaic ait perdu un quart de sa valeur depuis le sommet atteint en avril, la tendance du cours demeure haussière. Les prix des engrais ne grimperont bien sûr pas indéfiniment, mais nous ne nous attendons pas à une baisse significative de ceux-ci en 2022. Le programme de rachats d’actions soutient le titre. S’il retombe entre 45 et 47 dollars, nous relèverons notre conseil.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 57,18 dollars

Ticker: MOS US

Code ISIN: US61945C1036

Marché: New York

Capit. boursière: 20,7 milliards USD

C/B 2021: 13,5

C/B attendu 2022: 4

Perf. cours sur 12 mois: +65%

Perf. cours depuis le 01/01: +45%

Rendement du dividende: 1,1%

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