L’incertitude, pas bonne pour Melexis
Si le coronavirus s’est fait peu sentir sur les chiffres du premier trimestre du groupe, ce sera moins le cas au deuxième.
Le mois dernier, Melexis a renoncé à ses ambitions annuelles de 2020 (entre autres, une hausse de 10% des ventes en glissement annuel – un pronostic prudent qu’expliquait un exercice 2019 décevant, les ventes s’y étant révélées de 15% inférieures au niveau de l’année record 2018. Pour le trimestre courant, l’incertitude demeurant très élevée, la direction n’a émis aucune nouvelle prévision.
Sur les trois premiers mois de 2020, le chiffre d’affaires (CA) du groupe s’est accru de 9% par rapport aux trois derniers de 2019 et de 19% en glissement annuel, à 138,2 millions d’euros. Sans le virus, qui n’a affecté Melexis que fin mars, les ventes auraient été supérieures d’environ deux millions d’euros. Comme l’année dernière, Melexis a bénéficié (effet: +1%) de la vigueur du dollar. Le groupe a indiqué que la demande de capteurs est élevée. Depuis peu, à l’instar des véhicules diesel, les voitures à essence doivent également être équipées d’un filtre à particules.
La marge brute s’est élevée au premier trimestre à 40,6%, légèrement plus qu’à la même période un an plus tôt (40,1%). Le bénéfice opérationnel (Ebit) et le bénéfice net ont tous deux augmenté de moitié, à respectivement 24 et 20,7 millions d’euros, conformément aux prévisions. Cependant, les ventes mondiales de voitures ayant fléchi de 28% au premier trimestre, il faudra un certain temps avant que Melexis et ses concurrents n’en ressentent les effets sur leurs chiffres. Que des chaînes de montage en Chine ont redémarré est néanmoins rassurant. Ces prochaines semaines, la production reprendra également sur d’autres continents, certes pas à plein régime.
La chaîne logistique du secteur des semi-conducteurs a elle aussi souffert de la crise: retards dans l’assemblage et l’emballage des puces, notamment, qui rendent impossible la remise en service de l’intégralité des lignes de production – Melexis compte une usine à Ypres, mais également des centres de production en France, en Bulgarie et en Malaisie. Cela étant, les commandes continuent d’affluer et les stocks de ses clients sont loin d’être élevés. En outre, le recul des ventes de voitures est en partie compensé par une augmentation du nombre de semi-conducteurs par véhicule. Si aujourd’hui, Melexis construit en moyenne 11 des capteurs de chaque voiture, le groupe anticipe que ce nombre passera à 20 d’ici à 2023.
A l’issue du premier trimestre, Melexis disposait de 51 millions d’euros en espèces, sa dette à long terme atteignait 62 millions. Ce groupe compte parmi ceux qui ont décidé de ne pas verser le dividende final (0,9 euro par action) prévu pour l’exercice 2019; ce sont donc 36 millions qui viennent s’ajouter à sa réserve de cash. Les investisseurs se contenteront par conséquent de l’acompte sur dividende de 1,3 euro perçu en octobre; la réduction du dividende – la première, après une décennie caractérisée tantôt par un statu quo, tantôt par une croissance – est de plus de 40%, et ramène le rendement escompté du dividende de 4% à 2,3%.
Conclusion
Contrairement à celle d’autres entreprises technologiques, l’action Melexis s’échange toujours 30% sous son sommet. L’incertitude est grande, tant s’agissant du redémarrage du secteur que de la vigueur de la reprise. Mais au regard du bilan et de la position de l’entreprise sur ce segment du marché, nous considérons importante la marge de progression de son titre. Nous pourrions l’inclure dans le portefeuille modèle.
Conseil: conserver/attendre
Risque: moyen
Rating: 2B
Cours: 56,5 euros
Ticker: MELE BB
Code ISIN: BE0165385973
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 2,3 milliards EUR
C/B 2019: 34
C/B attendu 2020: 38
Perf. cours sur 12 mois: -20%
Perf. cours depuis le 01/01: -16%
Rendement du dividende: 2,3%
Actions belges
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