Le tuyau de la semaine: Continental

© Getty Images

Notre “tuyau” est cette fois une action qui s’est fort dépréciée mais est prometteuse à long terme. Sa valeur actuelle est si peu élevée que le rapport risque/rendement est devenu favorable.

L’action de Continental, fabricant de pneus et autres pièces pour véhicules, ne s’échangeait plus qu’à environ 46 euros au moment où nous rédigions ces colonnes, contre un peu plus de 220 euros quelques années plus tôt. Rien qu’en 2022, elle a perdu environ 50% de sa valeur. Ce sont essentiellement les confinements en Chine et l’inflation qui ont conduit à sa chute. Continental n’est pas un petit acteur de l’industrie du pneu. A fin juin, le groupe employait 192.000 personnes. Entendant se distinguer au sein de son secteur par son efficacité opérationnelle, il s’est fixé trois objectifs: améliorer sa performance opérationnelle, diversifier davantage son portefeuille et passer à des solutions durables.

Pour améliorer sa performance opérationnelle, le groupe va d’une part réduire annuellement ses coûts de 850 millions d’euros dès 2023 et d’autre part, gagner en efficacité grâce à une série de mesures (réduction de la consommation d’énergie, automatisation de davantage de tâches, etc.). De l’avis de la direction, l’équipementier devrait élargir son offre aux segments du marché à la croissance plus rapide, exceller dans les innovations technologiques et se concentrer davantage sur son positionnement sur le marché. Il s’agira de faire des choix d’investissement judicieux. Continental devra aussi, pour soutenir sa croissance, continuer à attirer les talents.

Le groupe ambitionne d’atteindre d’ici à 2050 la neutralité carbone comme l’objectif zéro émission nette, et de ne plus recourir alors qu’à des matières premières durables, soit, d’après sa propre définition, “des matières provenant de cycles en boucle fermée, qui n’ont pas d’effets nocifs sur l’homme ou l’environnement, et qui sont d’origine responsable et climatiquement neutres tout au long de leur chaîne d’approvisionnement”.

Au premier semestre de 2022, son chiffre d’affaires (CA) a baissé de 15,7% par rapport à la même période en 2019. La perte nette s’est élevée à 5,4 millions d’euros; ce n’est pas rien, sur un CA de 18,7 milliards d’euros. Le cash-flow disponible a été négatif de 870,6 millions d’euros. En août, la direction a néanmoins maintenu ses perspectives pour l’exercice. Le second semestre ne peut donc être que meilleur que le premier. Pour autant, l’action Continental ne s’est pas redressée.

Le groupe nous paraît en mesure de surmonter cette période difficile sur le plan financier, même si elle devait se poursuivre en 2023. Il dispose de 1,9 milliard d’euros de liquidités. Mais il a une dette de 1,25 milliard d’euros à apurer avant la fin de l’année prochaine. Il est donc susceptible d’afficher des flux de trésorerie négatifs un certain temps encore. Il dispose jusqu’en 2026 d’une ligne de crédit, non encore utilisée, de 4 milliards d’euros.

De 2010 à 2019, Continental a gagné en moyenne quelque 9 euros par action – plus de 14 euros, les bonnes années; sur la période, le ratio C/B moyen est de 12,5.

Conclusion

Quand les temps seront meilleurs, la valeur de l’action pourra doubler ou tripler. Dans l’intervalle – lequel pourrait être long -, elle pourrait se maintenir à son niveau actuel. Mais notons que le rapport entre la capitalisation boursière et le CA est aujourd’hui de l’ordre de 0,24, soit à peu près le plancher atteint durant la crise sanitaire. Ce ratio était tombé sous 0,1 au début de 2009 avant de passer à 0,3 la même année.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 46,81 euros

Ticker: CON GR

Code ISIN: DE0005439004

Marché: Francfort

Capit. boursière: 9,43 milliards EUR

C/B 2021: 6

C/B attendu 2022: –

Perf. cours sur 12 mois: -56%

Perf. cours depuis le 01/01: -53%

Rendement du dividende: 4,7%

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