La crise turque pèse sur Deceuninck
Si Deceuninck a su répondre aux attentes l’an dernier, rien n’est moins sûr pour 2019. Le groupe ne manque en tout cas pas d’ambition. Il s’attelle à accroître la rentabilité au cours des années à venir. Pour récolter le fruit de ses efforts, il devra patienter. L’action n’intègre pas encore ces perspectives favorables.
La crise que traverse la Turquie a déjà pesé sur les ventes du deuxième semestre de l’an dernier et du premier semestre de 2019 du producteur de systèmes en PVC pour portes et fenêtres. Il ne fait par ailleurs aucun doute qu’elle affectera également les chiffres du second semestre. La situation économique et politique n’a cessé de se dégrader ces dernières années en Turquie. Le pays a déjà plongé en récession. Mais pour le directeur (CEO) et actionnaire de référence de Deceuninck, Francis Van Eeckhout, cette économie recèle un fort potentiel à long terme. C’est pourquoi, par le biais des sociétés Gramo et Holve, il accroît régulièrement sa participation dans l’entreprise, profitant des niveaux de cours actuellement faibles. Il détient actuellement environ 29% des actions Deceuninck.
Il y a quelques semaines, l’action avait à nouveau plongé sous les deux euros sur Euronext Bruxelles, en réaction aux avertissements sur chiffre d’affaires et bénéfice émis par la filiale turque (part de Deceuninck: 95,9% ) Ege Profil Ticaret ve Sanayi AS, cotée sur la Bourse d’Istanbul. Son chiffre d’affaires a cédé quelque 30% (passant de 50,4 à 35,2 millions d’euros), ce qui a entraîné un repli des cash-flows opérationnels (Ebitda) d’un peu moins de 60%, à 4,2 millions d’euros. La marge d’Ebitda s’est ainsi contractée de 20,6 à 11,8% sur les trois premiers mois de 2019.
Deceuninck n’a pas communiqué les résultats consolidés du premier trimestre. Il faudra attendre le 20 août pour connaître ses performances sur le premier semestre de 2019. Mais selon les analystes, les moins bonnes prestations enregistrées dans la division turque, à laquelle le groupe doit 30% de son chiffre d’affaires, devraient rogner de 15 à 20% la rentabilité. L’exercice 2018 s’était déjà soldé par un recul du chiffre d’affaires du groupe de 1,9%, à 674,2 millions (contre 687,2 millions en 2017). En revanche, Deceuninck avait surclassé les attentes du marché en matière de rentabilité, en rapportant des cash-flows opérationnels récurrents (Rebitda) de 72,4 millions d’euros (contre 66,4 millions un an auparavant), un montant inédit sur la décennie. A 10,7%, la marge de Rebitda (Rebitda/chiffre d’affaires) s’est par conséquent élevée au-delà du consensus. En 2017, elle s’était établie à 9,9%. Si le CEO vise à plus long terme une marge de Rebitda de 15%, il est évident, vu l’érosion des marges de la filiale turque au premier trimestre, que les chances sont maigres de voir la marge de Deceuninck progresser cette année.
Conclusion
L’action n’intègre pas encore les perspectives favorables, ni même la qualité du management, puisqu’elle se négocie pour l’heure à peine à sa valeur comptable escomptée cette année et à un rapport EV (valeur d’entreprise)/Ebitda (cash-flows opérationnels) attendu en 2019 d’un peu plus de six. Sa valorisation n’avait plus été aussi faible depuis plusieurs années. Pour autant, nous ne nous empresserions pas d’acheter/accumuler le titre. Nous avons déjà pris une position, dans le portefeuille modèle, et attendons le moment opportun pour la doubler.
Conseil: acheter
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 2,07 euros
Ticker: DECB BB
Code ISIN: BE0003789063
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 283 millions EUR
C/B 2018: 19
C/B attendu 2019: 23
Perf. cours sur 12 mois: -22%
Perf. cours depuis le 01/01: +7%
Rendement du dividende: 1,5%
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