Jensen est parvenu à préserver sa rentabilité

La situation est grave. Le chiffre d’affaires a décroché au premier semestre. Et la marge d’Ebit s’est contractée de 9,4 à 1,8%.

Si l’année 2019 avait déjà signé la fin de cinq années de (forte) croissance, le cru 2020 s’inscrit dans une tout autre catégorie. Le repli du titre en Bourse depuis mars a été encore plus marqué que celui du printemps 2018, lorsque le marché avait dû digérer la déplétion du carnet de commandes du 1er trimestre – même s’il est apparu par la suite que le spécialiste de la laverie industrielle s’était montré trop circonspect.

Les prévisions pour l’exercice 2020 sont également empreintes d’une grande prudence, qui nous semble justifiée. Le Covid-19 a touché de plein fouet le secteur touristique. Les voyages d’affaires sont eux aussi presque à l’arrêt. Les hôtels sont quasiment vides. Or, ils forment un segment de clientèle très important pour Jensen, qui voit le sombre scénario esquissé se réaliser: le chiffre d’affaires a en effet fortement reculé au 1er semestre. Les revenus ont diminué de 26,8%, à 130,1 millions d’euros. A titre de comparaison, la baisse avait atteint 22% au 1er semestre de l’exercice 2009, du fait de la crise bancaire. La situation est donc grave, d’autant plus que le 1er trimestre avait été relativement “normal”. La croissance enregistrée depuis 2014 a entièrement été effacée. L’Union européenne (UE) représente 65% du chiffre d’affaires, les Etats-Unis 21% et l’Asie, dont la part a sensiblement reculé, 13%. Jensen vise une répartition égale du chiffre d’affaires entre l’UE et le reste du monde.

Ce décrochage du chiffre d’affaires se répercute aussi au niveau des bénéfices. Le cash-flow opérationnel (Ebitda) a reculé de 56,5% (de 20,7 à 9 millions d’euros, ou de 2,64 à 1,15 euro par action). La marge d’Ebitda est ainsi passée de 11,6 à 6,9%. Le résultat de l’entreprise (Ebit) recule de près de 86%, de 16,8 à 2,4 millions d’euros, soit une contraction de la marge d’Ebit de 9,4 à 1,8%. Mais comme en 2009, le groupe est parvenu à préserver sa rentabilité.

Le 10 octobre 2018, l’ouragan Michael a fortement endommagé le plus important site de production de Jensen aux Etats-Unis. Le versement partiel de l’indemnité d’assurance a eu un effet positif de 1,1 million d’euros sur l’Ebit. Les mesures de soutien de l’Etat ont aussi eu une incidence favorable (+0,7 million d’euros), tandis que les coûts de restructuration ont pesé (2,5 millions d’euros). Le résultat net s’élève à 1,5 million d’euros (0,19 euro par action), en baisse de près de 88% par rapport aux 11,8 millions d’euros du 1er semestre de 2019.

Le grand atout du groupe, contrôlé par la famille danoise éponyme via Jensen Invest (53%), est la solidité de sa position financière. Fin juin 2020, la trésorerie nette atteignait 1,4 million d’euros, notamment du fait de la suppression du dividende. Les perspectives sont toutefois négatives: le groupe pourrait encore manger son pain noir un certain temps. Au 1er semestre, le carnet de commandes ne représente que 111,9 millions d’euros (contre 154,6 millions à la même période de 2019), ce qui n’invite pas à l’optimisme pour le second semestre.

Conclusion

Jensen entrevoit une normalisation des déplacements internationaux (à des fins touristiques ou professionnelles) au plus tôt en 2022. Outre les économies de coûts et le maintien de la rentabilité, la principale ambition du groupe dans les 6-12 prochains mois ne pourrait qu’être un rachat, facilité par l’excellente position financière. Nous craignons que l’action ne fluctue encore un certain temps autour du cours actuel et n’affiche pour l’instant qu’un potentiel de redressement très limité.

Conseil: conserver/attendre

Risque: faible

Rating: 2A

Cours: 22,8 euros

Ticker: JEN BB

Code ISIN: BE0003858751

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 178,3 millions EUR

C/B 2019: 12

C/B attendu 2020: 45

Perf. cours sur 12 mois: -35%

Perf. cours depuis le 01/01: -34%

Rendement du dividende: 4,1%

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