General Electric: interruption du mouvement de redressement

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A la tête du groupe depuis 10 mois, Lawrence Culp a déjà marqué des points. Mais les accusations d’inconduite financière dont General Electric fait l’objet pourraient lui en faire perdre, si ce n’est déjà fait.

Un rapport publié le 15 août accuse en effet General Electric (GE) d’avoir falsifié ses comptes. Il révèle que la branche assurance de GE devrait constituer une réserve de 18,5 milliards de dollars et que les activités pétrolières et gazières n’ont pas été comptabilisées convenablement. Et surtout, que GE aurait dissimulé 38 milliards de dollars de pertes, ou plus de la moitié de sa valeur boursière actuelle. Le cours a plongé de 11% à cette annonce. Il faut dire qu’elle émane de Harry Markopolos, le comptable qui a dénoncé le stratagème de Ponzi de Bernard Madoff. Le CEO a vigoureusement démenti ces allégations, qui ne sont “rien d’autre qu’une manipulation du marché”. L’auteur du rapport a d’ailleurs reconnu l’avoir soumis au préalable à un fonds d’investissement, qui a parié sur la chute de l’action GE; le comptable percevra un pourcentage sur les gains éventuels. Pour témoigner de sa confiance dans le conglomérat, Lawrence Culp a acquis pour deux millions de dollars d’actions GE à moins de huit dollars l’unité. Son geste a entraîné une stabilisation du cours.

Au 2e trimestre, le chiffre d’affaires (CA), de 28,83 milliards de dollars, était supérieur au consensus (28,68 milliards), même s’il avait cédé 1% en un an (29,16 milliards). Ce résultat est notamment à mettre au crédit de l’appréciable croissance du CA des divisions GE Renewable Energy (+26%) et GE Aviation (+5%). Mais tout ne va pas encore pour le mieux dans le meilleur des mondes. GE Power, sur le goodwill de laquelle Lawrence Culp avait acté une réduction de valeur de près de 22 milliards de dollars lors de son entrée en fonction, a vu son CA chuter d’un quart, à 4,68 milliards de dollars, et ses bénéfices fondre de 71%, à 117 millions, au cours du trimestre. Des résultats qui, grâce à la nette baisse des coûts fixes, n’en demeurent pas moins supérieurs au consensus. A 0,18 dollar, le bénéfice par action surclasse les prévisions des analystes, arrêtées à 0,12 dollar.

John Flannery avait déjà vendu une partie de la division Santé, et fusionné la branche ferroviaire avec Wabtec. Il avait également causé des remous peu après son entrée en fonction, en 2017, en faisant passer de 0,24 à 0,12 dollar par action le dividende trimestriel. Lawrence Culp, lui, l’a ramené à 0,01 dollar. Mais il a agréablement surpris en annonçant, en février, la vente de Biopharma, l’une des divisions phares du conglomérat, à Danaher, qu’il dirigeait autrefois, pour un montant de 21,4 milliards de dollars. La transaction, destinée à rassurer un marché qu’inquiète l’endettement du groupe, limite évidemment le potentiel de rentabilité. Enfin, l’exercice de refonte de la direction se poursuit: Jamie Miller, le directeur financier nommé par le précédent CEO, quittera son poste une fois son successeur désigné.

Conclusion

L’allégation de fraude a interrompu le cours dans son mouvement de redressement. Elle a effacé d’un trait les efforts déployés par le CEO pour stabiliser le conglomérat chancelant et lui offrir de nouvelles perspectives d’avenir. Restaurer la confiance ne sera pas l’unique défi de Lawrence Culp. Il a notamment pour mission de réanimer la division GE Power. La transformation de GE est loin d’être achevée. Et compte tenu du regain d’incertitude, nous n’attribuerons pas plus qu’une note neutre.

Conseil: conserver/attendre

Risque: élevé

Rating: 2C

Cours: 8,01 dollars

Ticker: GE US

Code ISIN: US369604103

Marché: NYSE

Capit. boursière: 69,9 milliards USD

C/B 2018: 13

C/B attendu 2019: 13,5

Perf. cours sur 12 mois: -31%

Perf. cours depuis le 01/01: +10%

Rendement du dividende: 0,1%

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