Fountain: un café toujours sans saveur

Seule sa maîtrise des coûts permet à Fountain de rester dans le vert. Si le titre a fait un bond à l’annonce des résultats annuels, rien ne permet de penser que le tracé demeurera orienté à la hausse.

Le ciel reste gris au-dessus de l’entreprise de Braine-l’Alleud, active dans la fabrication et la commercialisation de distributeurs de boissons chaudes (café, mais aussi thé, chocolat, soupes, etc.) et de leurs consommables. Les exercices 2013 et 2014 s’étaient révélés désastreux. Une bien meilleure maîtrise des coûts, essentiellement, permet désormais à Fountain d’atteindre tout juste le break-even (ni gains, ni pertes). Reste que le chiffre d’affaires (CA) le plus élevé de la dernière décennie (38,7 millions d’euros) a été réalisé… il y a 10 ans, justement. Après une nouvelle baisse de 7,4%, il s’établit au terme de l’exercice 2017 à 27,1 millions d’euros, soit un recul de 30% en 10 ans. Deux mille dix-sept est la sixième année consécutive au cours de laquelle le CA (35,7 millions d’euros encore en 2011) a cédé du terrain. Certes, si la rentabilité était au rendez-vous, il n’y aurait pas nécessairement péril en la demeure; mais l’évolution est, sur ce plan également, inquiétante.

L’entreprise a achevé le dernier exercice sur des cash-flows d’exploitation récurrents (Rebitda) de 2,35 millions d’euros, contre 2,90 millions d’euros encore en 2016 (-18,9%). Saluons néanmoins le passage de 1,11 à 1,25 million d’euros entre le premier et le deuxième semestre. De 11,6% en 2015 et 9,9 % en 2016, la marge de Rebitda n’est aujourd’hui plus que de 8,7%; dans les années 2010, elle a atteint, voire franchi, la barre des 20%. Il convient toutefois d’évoquer le très modeste bénéfice net, de 0,4 million d’euros, et de rappeler que l’entreprise avait achevé l’exercice 2016 sur une perte nette de 4,2 millions d’euros. En 2014, Fountain avait fait état d’une perte nette de 15,3 millions d’euros. En septembre de la même année, Paul Baeck, nommé CEO en 2012, fut remercié. Il faut dire que son plan stratégique (Kaffa 2018) s’avérait totalement inefficace. Dans le cadre de ce projet, Fountain avait réalisé au premier semestre de 2014 une importante augmentation de capital, en vertu de quoi deux actions existantes donnaient droit à trois nouvelles pour un prix qui ne dépassait pas deux euros par action (contre 56 euros lors de l’entrée en Bourse, en 1999!).

Fountain perd de nombreux petits clients, lesquels sont du reste à peine, voire pas du tout, rentables. Elle tente de les remplacer par des entreprises de 50 salariés ou plus, et recrute à cette fin depuis quelques années de nouveaux commerciaux, mais ceux-ci n’ont pas encore réussi à inverser le mouvement. Le CA est donc résolument orienté à la baisse, et la tendance est tenace. Eugeen Beckers est demeuré plus longtemps que prévu à la tête de la société; il a récemment transmis le flambeau à Patrick Rinaldi, qui peut se prévaloir d’une longue expérience au sein de grandes entreprises spécialisées dans les biens de consommation. Reste à savoir s’il pourra enclencher un redressement du CA. La dette financière nette est passée de 7,67 à 6,77 millions d’euros (2,9 fois le Rebitda) au terme de l’exercice2017.

Conclusion

Le cours de Fountain ne se redressera structurellement qu’à condition que le CA renoue avec la croissance. Si l’on envisage l’hypothèse d’un redressement du CA, le titre est aujourd’hui (très) bon marché. Malheureusement, l’amélioration se fait désespérément attendre; le risque est donc actuellement supérieur à la moyenne.

Conseil : acheter

Risque : élevé

Rating : 1C

Cours : 1,00 euro

Ticker : FOU BB

Code ISIN : BE0003752665

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 4,2 millions EUR

C/B 2017 : 10

C/B attendu 2018 : 9

Perf. cours sur 12 mois : -46 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -4 %

Rendement du dividende : –

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