Fountain: toujours du jus de chaussette
Si l’investisseur était certain que l’entreprise parviendra à renouer avec la croissance, il prendrait peu de risques, en acquérant aujourd’hui son titre, bon marché. Mais voilà, Fountain devra mettre les bouchées doubles pour accroître son chiffre d’affaires et sa rentabilité. Le titre est digne d’achat, mais le risque est supérieur à la moyenne.
L’entreprise de Braine-l’Alleud, qui commercialise des distributeurs de boissons chaudes (café, surtout) a certes tiré les leçons des exercices catastrophiques de 2013 et 2014 et maîtrise bien mieux ses coûts, mais elle parvient tout juste à se maintenir en équilibre. Car Fountain a un problème fondamental: son chiffre d’affaires (CA) a fondu comme peau de chagrin en 10 ans. L’exercice 2018 a été marqué par un septième recul successif (-7,4%), à 25,7 millions d’euros – soit 30% de moins que le record d’il y a 10 ans (38,7 millions d’euros). En 2011, le CA atteignait encore 35,7 millions d’euros. En soi, une baisse du CA n’a rien de dramatique si les activités demeurent rentables. Or, là non plus, l’évolution n’a rien de réjouissant. En 2018, le cash-flow opérationnel récurrent (Rebitda) atteignait 1,98 million d’euros, contre 2,35 millions encore en 2017 (-15,9%) et 2,90 millions en 2016 (-31,7%). La marge de Rebidta est aussi en baisse: 7,7% en 2018, contre 8,7% en 2017, 9,9% en 2016 et 11,6% en 2015. Il y a moins d’une décennie, Fountain affichait encore des marges de Rebitda supérieures à 20%.
Mais il y a de bonnes nouvelles, à commencer par la légère amélioration du bénéfice récurrent (Rebit) de l’entreprise, qui passe de 278.000 à 285.000 euros. Du fait d’une charge d’impôt plus élevée, l’entreprise enregistre de nouveau une perte nette de 10.000 euros – une bagatelle par rapport aux 15,3 millions d’euros de déficit net en 2014. En septembre 2014, le conseil d’administration avait d’ailleurs pris des mesures radicales, dont le licenciement du CEO Paul Baeck. Ce dernier avait, en vue de financer le plan stratégique Kaffa 2018, procédé à une forte augmentation de capital, au premier semestre de 2014: deux actions existantes pouvaient être échangées contre trois nouvelles, à seulement deux euros par action (contre 56 euros lors de l’entrée en Bourse, en 1999!). Au terme de l’opération, le nombre d’actions en circulation était passé de 1,7 à 4,15 millions.
Ces dernières années, Fountain a chargé des commerciaux de remplacer ses petits clients, qu’elle perd beaucoup mais qui sont peu, voire pas du tout rentables, par des clients occupant une cinquantaine de collaborateurs au bas mot. Mais le CA se tasse toujours. L’entreprise devra donc redoubler d’efforts, pour renverser la tendance.
Eugeen Beckers a assumé plus longtemps que prévu le rôle de CEO par intérim, jusqu’à la nomination de Patrick Rinaldi il y a un peu plus d’un an. Ce dernier peut se targuer d’une longue expérience chez de grands acteurs de la consommation. Il doit toutefois encore montrer qu’il sait redresser les ventes.
Autre point réjouissant: la nouvelle baisse de la dette financière nette, qui est passée l’année dernière de 6,77 à 4,46 millions d’euros (de 2,9 fois à 2,2 fois le Rebitda). En l’absence de bénéfice net, les actionnaires ne recevront, une fois de plus, aucun dividende cette année. Le dernier date de 2012 et le prochain ne sera versé dans le meilleur des cas qu’en 2021.
Conclusion
Si Fountain a la tête hors de l’eau, c’est uniquement grâce à sa meilleure maîtrise des coûts, ces dernières années. Depuis 18 mois, le cours de l’action surpasse à peine un euro. Pour qu’elle puisse décoller, le CA doit absolument reprendre le chemin de la hausse. Si l’entreprise parvenait à renouer avec la croissance, ceux qui en détiennent le titre ou l’acquièrent aujourd’hui seront gagnants. Mais c’est un pari risqué, vu la tendance de l’action au cours de ces derniers exercices.
Conseil: acheter
Risque: élevé
Rating: 1C
Cours: 1,03 euro
Ticker: FOU BB
Code ISIN: BE0003752665
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 4,3 millions EUR
C/B 2018: 15
C/B attendu 2019: 15
Perf. cours sur 12 mois: -7%
Perf. cours depuis le 01/01: +1%
Rendement du dividende: –
Actions belges
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