Exmar encore en eaux troubles mais rame moins

L’on note une amélioration de la rentabilité sur le premier semestre et l’accord conclu récemment avec YPF devrait mettre du beurre dans les épinards.

La question de la poursuite du financement des activités de l’entreprise hante les dirigeants d’Exmar depuis plusieurs mois. L’armateur belge de pétroliers est non seulement très endetté mais en outre sa rentabilité laisse à désirer. Et lorsque, invoquant la force majeure, la société publique argentine YPF a voulu, au printemps dernier, résilier le contrat, conclu en 2018 à peine et d’une durée de 10 ans en principe, portant sur la location du FLNG Tango, plateforme d’Exmar liquéfiant en mer du gaz naturel, la pérennité de l’entreprise belge a été menacée. Fragilisée par la crise sur les marchés de l’énergie consécutive à la pandémie, YPF n’était tout simplement plus en mesure de payer le loyer du FLNG.

Sans ce revenu annuel de plus de 40 millions de dollars, difficile sinon impossible pour Exmar d’honorer ses engagements en matière de dette et de poursuivre ses activités. Heureusement pour le groupe belge, les deux parties sont parvenues à un accord la semaine dernière: Exmar renonce à poursuivre le groupe argentin, qui lui versera une indemnité totale de 150 millions de dollars; un premier paiement de 22 millions a été effectué, le solde suivra en 18 mensualités. Il reste naturellement à voir si YPF pourra respecter ses engagements. Exmar peut désormais se mettre en quête d’un nouveau client pour l’usine flottante FLNG. Si ce n’est que par les temps qui courent, trouver un client ne sera pas aisé.

Exmar navigue donc encore en eaux troubles. D’autant plus que le négociant en matières premières Gunvor, qui lui loue un autre navire de stockage, paie pour sa part encore son loyer mais souhaite résilier le contrat parce qu’il n’a lui-même pas encore trouvé de client pour ce bâtiment. Or Exmar a une flotte à refinancer – les navires liquéfiant du gaz de pétrole (GPL) -, et a besoin de fonds pour financer deux nouveaux grands navires GPL, qui seront livrés l’année prochaine. Cela dit, si YPF s’en tient à ses engagements, Exmar devrait disposer de suffisamment de liquidités.

A fin juin, les covenants étaient en tout cas respectés. La dette financière nette correspondait à 53% des fonds propres, un niveau bien inférieur au seuil défini (70%). Le cash-flow opérationnel correspondait pour sa part à 3,6 fois les charges d’intérêt (2 fois étant le minimum requis).

Notons que sur le plan opérationnel, la situation s’est améliorée au cours du premier semestre de l’année. Le bénéfice net s’est élevé à 4,4 millions de dollars, ou 0,07 euro par action, si l’on fait abstraction des plus-values exceptionnelles sur la vente de navires ou d’autres actifs. L’amélioration de la rentabilité tient avant tout à la suspension des revenus locatifs du FLNG Tango et ensuite au redressement, en juin, des tarifs de transport de GPL, qui avaient fort baissé au printemps. C’est principalement le maintien à niveau de la production de gaz aux Etats-Unis qui explique ce redressement aussi rapide qu’inattendu des tarifs de transport. Lequel ne concerne cependant pas les plus petits navires, constate Exmar: on en commande peu, et ils ont besoin d’être remplacés. Ce qui augure de meilleurs tarifs, dans les années à venir.

Conclusion

Exmar n’est pas encore sorti de l’ornière, mais l’accord conclu avec YPF soulage direction et actionnaires. Et si le groupe est toujours fort endetté, sa rentabilité s’améliore grâce à la hausse des prix du transport de GPL, son activité principale. Le profil de risque d’Exmar demeure élevé, mais sa faible valorisation le compense à nouveau. C’est pourquoi nous relevons notre conseil à “conserver”.

Conseil: conserver

Risque: élevé

Rating: 2C

Cours: 2,31 euros

Ticker: EXM

Code ISIN: BE0003808251

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 163 millions d’euros

C/B 2019: –

C/B attendu 2020: 15

Perf. cours sur 12 mois: -58%

Perf. cours depuis le 01/01: -55%

Rendement du dividende: –

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