Euronav: la fusion avec Gener8 est bouclée
En juin, Euronav a finalisé sa fusion avec l’américain Gener8 Maritime. L’armateur anversois, qui était déjà le plus grand opérateur indépendant, voit ainsi sa capacité de transport accrue à 19,4 millions de tonnes, près du double de son plus grand concurrent, Frontline.
L’entité fusionnée dispose désormais d’une flotte de 27 navires pouvant transporter jusqu’à 330.000 tonnes de brut (very large crude carriers, ou VLCC; six de plus depuis la fusion) et de 43 Suezmax (navires d’une capacité de 150.000 à 165.000 tonnes; 13 de plus). Ces chiffres prennent déjà en compte la cession par Gener8, en juin, de six jeunes VLCC pour 434 millions de dollars (123 millions en liquide et 311 millions de dettes), opérée afin de maintenir le taux d’endettement sous les 50%.
La dette nette d’Euronav s’est alourdie de 755 millions de dollars fin 2017 à 1,55 milliard fin juin, mais l’entreprise dispose du bilan le plus sain du secteur. La fusion a été intégralement financée par l’émission de 60,9 millions d’actions nouvelles Euronav, les anciens actionnaires de Gener8 détenant ainsi 28% d’Euronav.
Depuis cette union, l’âge moyen de la flotte a rajeuni à cinq ans. Fin juin, Euronav avait annoncé l’acquisition, pour 32,5 millions de dollars, de Seaways Laura Lynn (un ULCC, ou ultra large crude carrier, soit un pétrolier ultra grand), d’une capacité maximale de 442.000 tonnes. Il n’existe dans le monde que deux exemplaires de ce transporteur de brut, et Euronav détenait déjà l’autre (TI Europe).
Dans ce secteur, la prochaine phase haussière du cycle se fait toujours attendre, comme en ont témoigné les résultats du deuxième trimestre. Cependant, la direction de l’entreprise se montre plus optimiste qu’il y a quelques mois, en raison de quatre éléments. Après 18 mois de limitations, la production de pétrole augmente en Russie et en Iran, et augmentation de l’offre rime avec hausse de la demande de pétroliers. En outre, il est de plus en plus probable que l’Iran, compte tenu des sanctions américaines, réduise de 10 à 30 VLCC la flotte mondiale; ceux-ci serviront au stockage de brut. Par ailleurs, un nombre croissant de navires a été mis au rebut. Rien qu’au premier semestre, la flotte mondiale s’est allégée de 41 VLCC anciens – on n’avait plus déclassé autant de bâtiments depuis 1985. Enfin, la hausse des prix des navires neufs, de 8% en moyenne, est également un élément positif.
Bien que la demande de pétrole enregistre une croissance constante, l’offre et la demande de pétroliers ne se sont pas encore équilibrées. Le redressement des tarifs de location des pétroliers n’est dès lors pas attendu avant le deuxième semestre de 2019. Le prix de location moyen des VLCC s’élevait à 16.751 dollars par jour au deuxième trimestre, contre 18.725 dollars au premier trimestre et 28.351 dollars au deuxième trimestre de l’an dernier. Celui des Suezmax a baissé à 12.883 dollars, contre 13.334 dollars un trimestre plus tôt et 17.341 dollars au deuxième trimestre de 2017. Euronav a limité la perte nette à 12,5 millions de dollars au deuxième trimestre grâce à une plus-value exceptionnelle sur la vente du Suezmax Cap Jean (10,2 millions) et à la fusion avec Gener8 (36,3 millions).
Pour le troisième trimestre en cours, 60% de la capacité disponible sur le marché au comptant a été réservée à 17.100 dollars (VLCC) et 12.725 dollars (Suezmax). Euronav versera un dividende intermédiaire d’au moins 0,06 dollar brut par action en octobre.
Conclusion
En absorbant Gener8, Euronav a fait un formidable bond en avant alors que le secteur est en bas de cycle. Le groupe est fin prêt, et c’est une première, à profiter de la prochaine phase haussière. Une inversion de la tendance qui ne devrait toutefois s’observer qu’à partir du deuxième semestre de 2019. Beaucoup dépendra du nombre de nouveaux navires que comptera la flotte mondiale.
Conseil : acheter
Risque : moyen
Rating : 1B
Cours : 7,14 euros
Ticker : EURN BB
Code ISIN : BE0003816338
Marché : Euronext Bruxelles
Capit. boursière : 1,57 milliard EUR
C/B 2017 : 927
C/B attendu 2018 : –
PERF. cours sur 12 mois : +20 %
PERF. cours depuis le 01/01 : -7 %
Rendement du dividende : 1,7 %
Actions belges
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