Euronav a atteint son plus haut niveau depuis 2010

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Le groupe se porte bien entendu très bien et la reprise du marché du fret est assurément une bonne nouvelle, mais les investisseurs se sont un peu trop emballés. A leur décharge, il attendaient ce redressement depuis longtemps.

Le spécialiste belge du transport maritime de produits pétroliers Euronav n’a pas chômé au 2e trimestre. Sa flotte est en cours de renouvellement. En avril, il a vendu quatre anciens VLCC (navires d’une capacité de 320.000 tonnes) pour 198 millions de dollars au total (plus-value: 1,2 million), acheté deux VLCC de type ECO, de construction récente, pour 179 millions de dollars et vendu un vieux Suezmax (pétrolier d’une capacité de 150.000 à 165.000 tonnes) (plus-value: 6,5 millions). En juin, il a cédé ses deux plus anciens Suezmax (plus-value: 18,4 millions de dollars). Ce faisant, le groupe a réduit l’âge moyen de la flotte de VLCC de 7,3 à 6,6 ans et celui de la flotte de Suezmax, de 11,4 à 10,7 ans. Trois VLCC et trois Suezmax flambant neufs lui seront livrés dans les 18 mois qui viennent.

En juin toujours, Euronav a racheté International Seaways, son partenaire dans la coentreprise FSO qu’ils détenaient à parts égales, laquelle exploitait deux FSU (unités de stockage flottantes) depuis 2008. Il a déboursé 300 millions de dollars (fonds de roulement et dette inclus), dont 140 millions en numéraire, pour deux ULCC (bateaux-citernes géants, d’une capacité de 3 millions de barils), pour lesquels un nouveau contrat de 10 ans prendra cours au 3e trimestre. Le groupe s’est de la sorte assuré un flux de revenus fixes plus important.

Le 11 juillet, soit près de trois mois après avoir fait part de leur intention de s’unir, Euronav et Frontline ont annoncé être parvenus à un accord quant aux modalités du mariage. La transaction s’opérera entièrement en actions: les actionnaires d’Euronav recevront 1,45 action Frontline par action Euronav détenue. Probablement au 4e trimestre, Frontline lancera une offre d’échange volontaire et conditionnelle, laquelle aboutira s’il détient au moins 50% + 1 action, mais l’objectif est évidemment une fusion complète. Reste qu’il sera tout sauf simple de l’atteindre, car la famille Saverys (propriétaire de la Compagnie maritime belge, CMB), qui a accru sa participation dans Euronav ces derniers mois, en détiendrait, si l’on s’en tient à la dernière communication en date à cet égard, 20,28% du capital. Et que la CMB a pour Euronav d’autres ambitions: transformer le pur armateur qu’il est en un acteur diversifié également dans l’écologisation du secteur maritime et ce, grâce à CMB Tech, filiale de CMB spécialisée dans les solutions propres (recourant à l’hydrogène pour réduire l’empreinte carbone des clients dans les ports, sur les routes et le réseau ferroviaire).

Contrairement à d’habitude à cette période-là de l’année, Euronav a bénéficié au cours de ces derniers mois de la belle progression des taux de fret, qui étaient redescendus à des niveaux historiquement bas. La guerre en Ukraine a en effet redessiné – et rallongé de 4-5% – les routes maritimes: les produits proviennent désormais davantage des Etats du Golfe et des deux Amériques. Par ailleurs, très peu de nouveaux navires sont commandés dans le monde et la suroffre se résorbe.

Euronav a vu son chiffre d’affaires (CA) augmenter de 49,7% en un an, au 2e trimestre, à 148,7 millions de dollars, et sa perte nette passer de 89,7 à 4,9 millions de dollars; au terme du semestre, le premier était en hausse de 26,4%, à 263,1 millions de dollars, et la seconde avait diminué de 160,7 à 48,3 millions. Le tarif d’affrètement moyen des VLCC est passé de 11.250 à 17.000 dollars par jour au 2e trimestre et de 13.000 à 15.000 dollars/j au 1er semestre; celui des Suezmax, de 10.500 à 20.000 dollars/j au 2e trimestre et de 11.750 à 17.750 dollars/j au 1er semestre. Pour le trimestre en cours, le groupe a déjà loué environ la moitié de la capacité disponible à 12.700 dollars/j (VLCC) et 23.900 dollars/j (Suezmax).

Conclusion

Portée par les achats de la CMB et de Frontline et, plus récemment, par la reprise du marché du fret, laquelle était certes attendue depuis longtemps mais a suscité un enthousiasme selon nous démesuré, l’action Euronav a atteint son plus haut niveau depuis 2010. Nous prendrions au moins une partie de nos bénéfices.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 16,60 euros

Ticker: EURN BB

Code ISIN: BE0003816338

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 3,65 milliards EUR

C/B 2021: –

C/B attendu 2022: 75

Perf. cours sur 12 mois: +141%

Perf. cours depuis le 01/01: +101%

Rendement du dividende: 0,7%

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