Engie: une sanction excessive

Illustration © Getty Images/Bloomberg Creative Photos

Le groupe profite véritablement du chaos actuel sur les marchés de l’énergie. Or la valorisation de l’action a chuté, ce qui offre une opportunité d’achat.

L’action Engie ne s’est pas encore remise de son dévissage après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fin février. Le groupe énergétique dépend en effet du gaz naturel russe et risque de perdre près d’un milliard d’euros sur Nord Stream 2, un gazoduc censé acheminer le gaz russe vers l’Allemagne. En revanche, il profite largement de la volatilité des marchés européens du gaz naturel et de l’électricité.

Au premier trimestre, le chiffre d’affaires (CA) du groupe a augmenté de 84% et le bénéfice d’exploitation, de 75%, en glissement annuel. Confiante, la direction a sensiblement relevé les perspectives pour 2022 et table désormais sur un bénéfice net récurrent de 3,8-4,4 milliards d’euros (fourchette initiale: 3,3-3,5 milliards d’euros). A tort selon nous, le titre est classé parmi les perdants. Il représente plutôt une opportunité pour les investisseurs.

Plusieurs facteurs expliquent les bons résultats du premier trimestre. Les prix élevés de l’électricité ont dopé les ventes des centrales hydroélectriques françaises et nucléaires belges. Opérationnels à 91%, les actifs belges ont généré un bénéfice d’exploitation de 530 millions d’euros, contribuant à un tiers de l’augmentation du bénéfice du groupe sur la période. Les centrales thermiques ont elles aussi été très rentables. Plus les prix de l’électricité s’accroissent, plus le résultat gonfle. Pour cette année, Engie a déjà vendu 86% de l’électricité produite, à pas moins de 67 euros par mégawatt-heure (MWh) en moyenne. Pour2023 et 2024, respectivement 66 % et 32 % de la production a déjà été vendue, à 54 euros par MWh.

Engie tire également parti de la volatilité des marchés de l’énergie. Le groupe a en effet conclu des contrats d’achat à long terme, notamment avec la Norvège, l’Algérie, la Russie et les Etats-Unis, si bien qu’il disposait de plus de gaz naturel que nécessaire pour approvisionner ses clients. Au cours de ces derniers mois, il a vendu ce surplus de gaz sur les marchés au comptant à des prix particulièrement élevés.

Grâce à son portefeuille énergétique diversifié, le groupe peut aussi couvrir le risque de non-paiement et fait office d’assureur, sur un marché volatil, sans modifier l’équilibre des risques. Le groupe a réduit considérablement sa dépendance directe au gaz naturel russe et a conclu un accord de paiement avec Gazprom qui n’enfreint pas les sanctions européennes.

Engie a dégagé un bénéfice opérationnel de 439 millions d’euros au premier trimestre, en exploitant à merveille la volatilité des prix. Etant donné que le calme est encore loin d’être revenu sur les marchés de l’énergie, cette source de revenus ne se tarira pas de sitôt.

La hausse des cours de l’énergie accroît toutefois le besoin en fonds de roulement du groupe; la charge de la dette a ainsi augmenté de 2 milliards d’euros, à 27,3 milliards d’euros. La hausse du cash-flow d’exploitation a toutefois permis au ratio d’endettement de diminuer quelque peu, à 2,3.

Conclusion

L’action Engie a souffert ces derniers mois, alors que le groupe profite véritablement du chaos régnant sur les marchés de l’énergie, des prix élevés de l’électricité et du très bon taux de disponibilité du parc nucléaire belge. En conséquence, les investisseurs ne paient plus que 10 fois les bénéfices et 7 fois le cash-flow d’exploitation escomptés. C’est peu pour une entreprise qui n’a pas ménagé ses efforts, ces dernières années, pour améliorer son profil de risque et la prévisibilité de ses résultats. Nous maintenons notre recommandation d’achat.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 12,6 euros

Ticker: ENGI

Code ISIN: FR0010208488

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 30,7 milliards EUR

C/B 2021: 11

C/B attendu 2022: 10

Perf. cours sur 1 an: +3%

Perf. cours depuis le 01/01: -3%

Rendement du dividende: 6,7%

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