Des atouts uniques

Pour interpréter les résultats du gestionnaire de réseaux haute tension Elia, il faut faire preuve de ténacité. Les jongleries comptables avec un nombre infini de corrections, propres à l’activité d’Elia, rendent en effet la tâche complexe. Cela dit, pour estimer la rentabilité du groupe plus rapidement, on peut aussi se baser sur le dividende, qui a été relevé en 2013 de 4,8%, à 1,54 EUR brut par action. Cette hausse du dividende reflète les solides résultats des dernières années, malgré la tendance baissière du taux belge à long terme. Car alors qu’une baisse des taux est généralement une bonne nouvelle pour les actions, le bénéfice d’Elia augmente au contraire parallèlement aux taux. Elia peut en effet comptabiliser une certaine marge bénéficiaire dans ses tarifs de transmission, basée sur plusieurs paramètres, comme le taux de l’obligation d’Etat belge à 10 ans. Plus ce taux sans risque est faible (ou élevé), plus l’indemnité sans risque que perçoivent les actionnaires d’Elia le sera également, et donc plus le bénéfice net d’Elia sera faible (ou élevé). L’an dernier, la baisse des taux a coûté 7 millions EUR de bénéfice net sur un bénéfice total de 175,8 millions EUR. Elia est tout de même parvenu à publier des résultats annuels particulièrement bons au bilan de l’exercice 2013. Son bénéfice net s’est inscrit en hausse de plus de 13% grâce surtout à une augmentation nette du bénéfice de sa filiale allemande 50Hertz, dont le résultat s’est accru de 50% l’an dernier. L’essentiel de cette hausse du bénéfice de 50Hertz est cependant attribuable à un revenu financier exceptionnel consécutif à une nouvelle méthode de calcul des revenus de congestion et d’enchères. Les résultats de l’an dernier ne pourront donc pas être réitérés mais la tendance bénéficiaire sous-jacente de 50Hertz demeure positive, ce qui s’explique essentiellement par le fait que 50Hertz a investi lourdement l’an dernier dans le réseau haute tension allemand, et par la prévision, cette année encore, d’investissements pour plus de 500 millions EUR. Dans la mesure où 50Hertz peut répercuter ces frais d’investissement avec une large marge bénéficiaire dans les tarifs appliqués en Allemagne, son bénéfice sous-jacent devrait donc également progresser nettement cette année. Elia évoque d’ailleurs des “perspectives positives” en Allemagne. En Belgique, au niveau d’Elia Transmission, l’évolution du bénéfice est moins évidente. Celui-ci a même reculé de 13,6% en raison de la baisse des taux et d’un amortissement exceptionnel consécutif à de nouvelles règles de valorisation pour les engagements en matière de pension. L’activité demeure cependant stable, et à cet égard, on attend surtout de savoir quand Elia se verra attribuer un cadre régulatoire plus lucratif de la part de l’organe de contrôle du secteur (la Creg). Cette année commencent les négociations, qui devraient déboucher d’ici à la fin de l’année sur une nouvelle structure tarifaire. Ces nouveaux tarifs seront applicables à compter du 1erjanvier 2016. Un changement d’orientation des taux et/ou un cadre régulatoire plus lucratif en Belgique pour Elia pourraient générer encore plus de valeur pour les actionnaires à moyen terme.

Conclusion

La faiblesse des taux dessert toujours Elia, mais celle-ci est compensée par la contribution au bénéfice accrue de la filiale allemande 50Hertz. L’action se comporte comme une obligation, non seulement en raison de son coupon intéressant, mais aussi parce que ce titre offre une protection contre une hausse des taux. Compte tenu de ces atouts uniques, Elia mérite une place dans tout portefeuille.

Conseil: digne d’achat

Risque: faible

Rating: 1A

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