Cours record de Barco
A l’instar des perspectives pour l’exercice courant, la hausse de la rentabilité de Barco a émerveillé le marché. Loin de nous l’envie de jouer les Cassandre, mais le contexte actuel – décélération de la croissance mondiale – risque de lui être néfaste.
Alors que la marge opérationnelle (cash-flows opérationnels ou Ebitda/chiffre d’affaires) ressortait à 10,3% au terme du premier semestre de 2018, il était permis de douter que l’objectif (entre 12 et 14% en 2022) du CEO du groupe, Jan De Witte, était réaliste. L’exercice précédent, elle n’avait pas dépassé 10,4%. Or, Barco a surpris tous les observateurs, fin 2018 : la rentabilité a progressé d’une manière époustouflante au quatrième trimestre. Le chiffre d’affaires (CA) a gagné 3,2% en un an, à 281,7 millions d’euros, mais s’est établi plus de 2% en deçà du consensus. En 2018, il a atteint 1,03 milliard d’euros, un montant inférieur (d’un demi-pour cent) aux prévisions également, tandis que, à 12,1% en moyenne, la marge d’Ebitda s’est déjà hissée dans la fourchette escomptée en 2022. Au second semestre, la marge moyenne a été de 13,8%. L’augmentation de la part des produits à forte valeur ajoutée dans le CA total explique cette hausse. Le groupe a par ailleurs gagné en efficacité et optimisé les coûts.
Les performances de ses divisions sont cependant très variables. Entertainment signe un quatrième trimestre et une année décevante; l’époque où la Chine contribuait fortement à sa croissance est révolue, des projecteurs à meilleur marché se vendant de plus en plus au segment médian. Sa rentabilité s’est également dégradée: la marge d’Ebitda est de 7,4% à peine (consensus: 8,8%), bien en deçà de la moyenne du groupe. Mais le pire semble passé pour la division. Aux Etats-Unis comme en Europe, on commence à remplacer les vieux projecteurs. Enterprise a brillé, en revanche. Un tiers du CA et la moitié du bénéfice opérationnel du groupe sont à mettre à son crédit. La marge d’Ebitda (18,1%) a surpris le consensus (14,9%). ClickShare est la star incontestée de la division; depuis sa mise sur le marché en 2012, le produit s’est vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires. Barco doit cependant rester vigilant, car son produit phare en inspire plus d’un – des copies ont déjà été retirées du marché. La plus petite division, Healthcare, a rapporté un CA comparable à celui de l’an dernier, mais une marge d’Ebitda (12,5%) supérieure à la moyenne du groupe.
Si le nombre de nouvelles commandes a augmenté de 10% au quatrième trimestre, il est, sur l’intégralité de l’exercice, en baisse par rapport à 2017 (-1,3%). En effet, bien que les carnets d’Enterprise (+3,9%) et de Healthcare (+4,5%) se soient étoffés, cela n’a pas suffi à neutraliser le recul enregistré chez Entertainment (-7,7%).
Pour 2019, Barco annonce une croissance du CA avoisinant 5% et une nouvelle amélioration de la marge d’Ebitda. Fin 2018, le groupe technologique faisait état d’une trésorerie nette de 247,7 millions d’euros, soit 37 millions de plus qu’un an plus tôt. Sa joint-venture Cinionic, qui commercialisera une nouvelle génération de projecteurs laser, dispose encore de 84,6 millions de dollars de liquidités. Barco a relevé le dividende de 2,1 à 2,3 euros brut par action.
Conclusion
Nous sommes pour notre part satisfaits, mais pas euphoriques. Une entreprise cyclique, telle Barco, n’est pas immunisée contre le ralentissement général de la croissance. Compte tenu également d’une valeur boursière qui a déjà augmenté de plus d’un tiers depuis fin décembre, nous ne considérerions pas comme acquise la poursuite de l’envol du cours de l’action. A conserver.
Conseil: conserver/attendre
Risque: moyen
Rating: 2B
Cours: 128,6 euros
Ticker: BAR BB
Cours ISIN: BE0003790079
Marché: Euronext Bruxelles
Capit. boursière: 1,6 milliard EUR
C/B 2018: 21
C/B attendu 2019: 19
Perf. cours sur 12 mois: +33%
Perf. cours depuis le 01/01: +27,5%
Rendement du dividende: 1,8%
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