bpost confiante, contrairement aux investisseurs

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Koen Van Gerven semble certain que le quatrième trimestre courant sera excellent. Le CEO de bpost a en effet maintenu ses prévisions pour l’exercice: le dividende s’établira à 1,31 euro par action et le cash-flow opérationnel avoisinera les 560 millions d’euros, le bas de la fourchette annoncée.

Si l’on se fonde sur les neuf premiers mois de l’année, l’on peine à croire que le groupe aura produit (le solde, pour arriver à 560, soit) 195 millions d’euros de cash-flow opérationnel (Ebitda) au cours des trois derniers mois de 2018. Au trimestre précédent, celui-ci a atteint 79 millions à peine. Le quatrième trimestre est certes souvent le plus rentable pour le groupe, mais l’an dernier, l’Ebitda s’était établi à 151 millions d’euros au terme de cette période. Le groupe est donc censé dégager 44 millions d’euros de plus, alors que sa rentabilité est sous pression. Les investisseurs sont sceptiques.

Les prévisions de bpost prennent en compte la part qu’apportera Radial, le spécialiste des solutions de logistique acquis l’an dernier, dans l’Ebitda total. En outre, l’entreprise contrôle les coûts de manière plus stricte – elle a aussi anticipé au mieux son fonctionnement au mois de décembre, qui connaît traditionnellement un pic. De surcroît, le produit de la vente du centre de tri de Bruxelles X et la reprise de plusieurs provisions augmenteront le résultat exceptionnel. Les récentes grèves ne devraient pas compromettre les résultats du quatrième trimestre.

Le rapport relatif au troisième trimestre n’a pas convaincu le marché. En un an, l’Ebitda a fondu de 28%. Mais si l’on fait abstraction des éléments uniques, qui l’avaient dopé de 22 millions d’euros sur cette période l’an dernier, le recul de l’Ebitda n’est plus que de 10,3%. L’entreprise postale n’a d’ailleurs pas caché, l’an passé, la nature exceptionnelle d’une partie de ses revenus. Mais si la direction veut regagner la confiance des investisseurs, il lui faudra éviter de recourir à ce type d’ingénierie souvent; dès lors que l’Ebitda structurel est moindre, les perspectives à long terme doivent être ajustées.

C’est principalement la hausse des coûts qui a entraîné le repli de l’Ebitda au troisième trimestre. A l’exclusion des résultats de Radial, les revenus ont augmenté, entre juillet et septembre, de 43,5 millions d’euros mais les charges d’exploitation se sont accrues de 55 millions d’euros (à parts à peu près égales: consolidation des acquisitions et croissance organique des frais de transport et charges de personnel en vue d’accélérer la croissance des volumes de colis livrés), par rapport à la même période l’an dernier. La division Colis, comme les entreprises acquises, n’est pas encore assez rentable. La distribution de courrier classique a produit un chiffre d’affaires stable par rapport à l’an dernier grâce aux hausses de prix appliquées et à la baisse inchangée du trafic postal (-6,4%). bpost prévoit que le repli s’accélérera à 9% dans ce segment à l’horizon 2022. Les performances des autres divisions de l’entreprise devront obligatoirement être bonnes pour que le dividende, promis au moins égal à celui qui a été versé pour 2017, ne déçoive pas.

Conclusion

La valorisation de bpost est revenue à des niveaux ridiculement faibles: rapport cours/bénéfice de 8 et valeur de l’entreprise/Ebitda de 4,5. Elle compense certes les risques (avertissement sur bénéfice, coupe du dividende). Le rendement élevé du dividende (12%) n’endort pas les investisseurs, qui accordent peu de crédit aux prévisions de la direction. Nous confirmons notre recommandation: “conserver”.

Conseil : conserver

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 10,35 euros

Ticker : BPOST

Code ISIN : BE0974268972

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 2,1 milliards EUR

C/B 2017 : 15

C/B attendu 2018 : 8

Perf. cours sur 12 mois : -58%

Perf. cours depuis le 01/01 : -60%

Rendement du dividende : 12,4%

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