Bekaert: des perspectives toujours troubles

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Le groupe belge subit de plein fouet les tensions commerciales et le ralentissement industriel planétaire. S’il tire son épingle du jeu dans le domaine du renforcement de pneumatiques, les applications des câbles d’acier lui donnent en revanche du fil à retordre.

Bekaert n’a pas brillé en 2019: le producteur de câbles en acier a eu peine à s’extraire du creux de 2018.Ses secteurs d’activité sont mis à mal par les conflits commerciaux et le ralentissement de l’industrie mondiale – sans aucune amélioration en vue. Dans son rapport d’activités du 3e trimestre, Bekaert évoque même des conditions de marché de plus en plus difficiles en raison de l’incertitude persistante. La direction exploite cette parenthèse pour réaliser des économies et restructurer ses lignes de métier, mais le résultat de ces efforts ne sera visible que lors du redressement des marchés finaux.

La stabilité du marché des pneus offre cependant une certaine constance aux résultats. La division spécialisée dans le renforcement du caoutchouc représente environ la moitié du chiffre d’affaires (CA) du groupe et plus de 70% du bénéfice opérationnel (Ebit). Sur les neuf premiers mois de l’année, le CA a augmenté de 5,2%, grâce surtout à un premier semestre robuste sur le marché chinois. Les ventes automobiles piétinent, mais Bekaert est parvenu à limiter les dégâts, car il s’agit d’un marché de remplacement et le groupe met l’accent sur les pneus de camions, nécessitant un renforcement plus important. La direction table sur une croissance annuelle de 2 à 3% pour le marché des pneumatiques. L’entreprise souligne son excellente position et sa maîtrise technologique en développant un surcroît de capacité au Vietnam, non concerné par le conflit commercial sino-américain. A plus long terme, Bekaert doit pouvoir maintenir une marge bénéficiaire de près de 10% dans la division.

La situation est plus délicate dans la division des applications de fil d’acier pour l’industrie, la construction et l’agriculture, qui s’adjuge un tiers du CA consolidé. La marge se maintient à 3,1%, de sorte que la contribution au bénéfice du groupe reste très limitée. Sur les neuf premiers mois de l’année, le CA a reculé de 2,4%, surtout en raison de la baisse des volumes de ventes (-5%). La division est affectée par l’asthénie de la demande et la concurrence intense complique la défense des tarifs et des marges. La baisse du prix du fil machine contraint même l’entreprise à déprécier ses stocks, avec un effet négatif de 50 à 60 millions d’euros pour 2019.

En outre, les taxes à l’importation sont un handicap concurrentiel pour les usines américaines de Bekaert, car plusieurs concurrents fabriquent eux-mêmes leur fil machine. La situation risque de s’aggraver si Donald Trump impose également des taxes à l’importation sur l’acier brésilien et argentin. Bekaert anticipe un nouvel affaiblissement de la demande de fil d’acier et intensifie donc son programme de restructuration, avec deux fermetures d’usines prévues (aux Etats-Unis et en Malaisie) et pour un coût de 87 millions d’euros en 2019. Cet effort doit toutefois lui permettre de dégager chaque année entre 20 et 30 millions d’Ebit supplémentaire à compter de 2020.

Conclusion

Avec un rapport cours/bénéfice de 10 et une valeur d’entreprise de moins de 6 fois le cash-flow opérationnel (Ebitda), la valorisation est attrayante. Elle repose toutefois sur le bénéfice opérationnel récurrent (Rebit), alors que les dépréciations et les frais de restructuration éroderont une part considérable du résultat en 2019 et 2020. Les efforts visant à améliorer la marge porteront leurs fruits à terme, si l’industrie mondiale parvient à sortir de l’impasse. Les perspectives restent trop troubles pour que la valorisation relativement faible autorise un conseil d’achat.

Conseil: conserver

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 23,5 euros

Ticker: BEK BB

Code ISIN: BE0974258874

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 1,44 milliard EUR

C/B 2018: 14

C/B attendu 2019: 10

Perf. cours sur 12 mois: -1%

Perf. cours depuis le 01/01: +12%

Rendement du dividende: 2,6%

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