Premiers licenciements à cause de ChatGPT

Mathias Dopfner, CEO d'Axel Springer.
Mathias Dopfner, CEO d'Axel Springer. © Ruters
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Les robots comme ChatGPT remplaceront-ils les journalistes ? Le patron du groupe allemand de médias Axel Springer le pense. Il commence d’ailleurs à dégraisser…

Mathias Döpfner , le patron du groupe de média allemand Axel Springer a jeté un sacré pavé dans la mare des médias. Surfant sur le buzz des robots conversationnels et de génération de contenu comme ChatGPT, il a annoncé la suppression de postes au sein de ses rédactions. A l’occasion d’un grand plan d’économie et l’espoir de dégager 100 millions d’euros de bénéfices dans les trois ans, il est le premier grand patron des médias à dégainer de la sorte.

Automatisation croissante du travail de production

Dans une lettre adressée aux employés, Mathias Döpfner s’est dit convaincu que l’intelligence artificielle révolutionnera l’industrie des médias, avec une automatisation croissante du travail de production. Pour lui, la création journalistique (comprenant les reportages, scoops et éditos) deviendra le véritable « coeur du métier », tandis que la « production journalistique » ne sera qu’un « sous-produit ». Il entend par production journalistique des tâches simples de rédaction, mais aussi la mise en page, la relecture des articles, etc. Il s’attend à une réduction « significative » des emplois dans ces aspects du métier. S’il ne donne pas encore de chiffres précis quant aux emplois menacés, on sait néanmoins que les plus touchés au sein du groupe Axel Springer seront le tabloïd Bild et le quotidien généraliste Die Welt.

Ces derniers temps, l’intelligence artificielle a fait de grands bonds en avant dans la manière de répondre à des questions. Le phénomène ChatGPT développé par la firme américaine OpenAI est en mesure d’apporter des réponses en apparence intelligentes et structurées grâce à l’analyse de milliards de textes. Certains observateurs s’attendent à ce que ces technologies soient en mesure de générer des contenus toujours plus pertinents. Dans le monde de la presse, certains médias automatisent déjà des articles simples sur base de résultats sportifs ou des élections.

Dans la plupart des cas, l’IA n’est pas en mesure de dénicher des infos fraîches, d’aller sur le terrain d’un événement et de récolter des commentaires. Par contre, elle semble de plus en plus à même de mettre en forme des infos qu’on lui soumet et de structurer des textes. Et visiblement, le boss d’Axel Springer est le premier patron de médias à considérer que cela suffit dans certains cas. Mais sans doute pas le dernier…

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