L’IA dans tous vos produits du quotidien

Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Sans surprise, l’invitée de marque du dernier CES de Las Vegas se nommait… intelligence artificielle. Cette technologie qui a marqué l’année 2023 a intégré une multitude de produits électroniques. Un petit tour d’horizon de certains d’entre eux permet de constater à quel point elle devrait bien rentrer dans tous les aspects de notre vie dans les années à venir.

Tous les professionnels de la tech réunis au début de l’année à Las Vegas pour le célèbre salon CES (Consumer Electronics Show) n’avaient qu’un seul mot en bouche : IA. De fait, l’intelligence artificielle a fait office d’invité de marque lors de la grand-messe mondiale de la tech. Sans grande surprise puisque depuis un peu plus d’un an, OpenAI et son ChatGPT ont remis cette technologie au centre des attentions et… au cœur de la valeur attendue.

Au gré des allées du CES, la plupart des entreprises, géantes ou start-up, affichaient fièrement leurs avancées réelles ou supposées en IA. Des claviers d’ordinateur au frigo en passant par l’oreiller ou le miroir, presque aucun des produits présentés ne passait à côté de ces deux lettres. Mais comme toujours au CES, il faut séparer le bon grain de l’ivraie, les produits novateurs utiles côtoyant moult présentations de gadgets plus ou moins convaincants. Et les médias techs du monde entier se plaisent à épingler les pires produits, à basé d’IA ou non. Car le buzzword du moment était affiché à quasi toutes les allées. Au point que certains imaginent des sanctions pour les marques qui affichent faussement la présence d’IA dans leurs appareils.

Et force est de constater que la récolte de “pires” produits aura été prolifique en 2024 : analyseur d’urine, tasse intelligente à 200 euros pour garder son café chaud, oreiller doté d’intelligence artificielle, écouteurs à batterie intégrée, frigo doté d’IA capable de vous donner des recettes… Des innovations pas toujours pertinentes mais qui témoignent de la volonté des fabricants de tirer profit de cette nouvelle technologie. Reste à voir quels usages vont réellement s’imposer. Les observateurs n’ont pu s’empêcher de repenser à la période de naissance des applications mobiles en 2008 ou 2009, quand des développeurs se servaient des capteurs de l’iPhone pour proposer des applications simulant la levée (et la dégustation) d’un verre de bière ou affichaient une flamme sur l’écran pour simuler un briquet. Des gadgets inutiles mais qui amusaient la galerie. En est-on au même stade avec l’IA aujourd’hui? En partie: certaines utilisations de l’intelligence artificielle ne sont que gadgets ou n’apportent clairement pas assez de valeur pour s’imposer… Mais d’autres nouveautés pourraient susciter de nouveaux usages et changer votre quotidien. Voici un petit tour d’horizon de ce que le CES a proposé….

Rabbit R1

Rabbit R1 – L’IA permet à 
ce mini-robot d’apprendre 
des habitudes de son utilisateur et d’anticiper les actions et besoins à venir.

Probablement l’un des produits les plus remarqués lors de la dernière édition du CES, ce Rabbit R1 fait figure de véritable ovni. Un produit d’un nouveau genre, inclassable dans les catégories classiques. Ni un smartphone, ni une mini-tablette… Il s’agit d’un petit boîtier doté d’un écran, d’un appareil photo et d’une molette de défilement. Il se présente comme un compagnon numérique dopé à l’IA.

Sa particularité ? Connecté en 4G, il est capable d’entendre vos requêtes et d’y donner suite puisqu’il a accès à une multitude de vos applications mobiles. “Réserve-moi un Uber pour aller à la gare”, “Je souhaite louer une maison à la plage en Italie du 1 au 15 juillet pour six personnes. Et j’aurai besoin d’une voiture de location”. Le petit lapin vous fait des propositions sur écran et vous n’avez plus qu’à valider.

Sa force ? Une IA embarquée (Perplexity, d’une start-up américaine qui se promet de dépasser l’IA de Google) ainsi qu’un accès à vos applis mobiles (vous devez le configurer sur un PC) et la capacité à la faire parler entre elles. Rabbit R1, mis au point par une jeune pousse de la Silicon Valley, pourrait s‘imposer dans nos vies s’il rend bel et bien les services qu’il promet. Son côté futuriste séduit. Et surtout, il se place dans une catégorie de produits inédite. Seul l’AI Pin, présenté l’an passé, lui fait concurrence. Il faudra voir ce que, dans la réalité, ce type d’appareils permettra réellement de faire. S’ils facilitent vraiment la vie des gens, ils pourraient bien se tailler une place dans notre quotidien, comme l’a fait l’iPhone depuis exactement 17 ans.

Les robots compagnons

Ballie – L’IA permet à ce mini-robot d’apprendre des habitudes de son utilisateur et d’anticiper les actions et besoins à venir.

L’idée de petits robots qui vous aident à domicile ou vous tiennent compagnie n’est pas nouvelle. Les Japonais en sont friands depuis déjà plusieurs années. Et, chez nous aussi, nombreux sont les modèles disponibles (on se souvient de Nao, Pepper, etc.). Mais aucun n’a vraiment réussi à s’imposer jusqu’à présent. Pas assez pratiques, pas assez fluides ou pas assez perfectionnés pour vraiment vous aider.

Cette année, à Las Vegas, plusieurs sociétés ont présenté des robots embarquant de l’intelligence artificielle. C’est notamment le cas de Samsung qui a dévoilé une nouvelle version de Ballie, un robot ressemblant à une grosse balle de tennis, qui se déplace dans votre domicile. Connecté et mobile, il peut assurer une surveillance de votre maison, activer les objets connectés (aspirateur, ampoules connectées, etc.), répondre au téléphone, projeter des images sur les murs grâce à son vidéoprojecteur, etc. Il occupera votre chien, jouera de la musique ou des films et peut également servir de coach sportif. L’IA lui permettra d’apprendre les habitudes de son utilisateur et d’anticiper les actions et besoins à venir.

Ce genre de robot n’a, jusqu’ici, jamais réussi à vraiment trouver sa place dans nos foyers. Mais l’IA embarquée devrait les rendre plus intelligents et leur permettre de meilleures interactions avec les utilisateurs.

Voitures avec assistants

Cela fait longtemps que certains observateurs comparent les voitures d’aujourd’hui à des smartphones sur roues tant la technologie embarquée devient importante. Et les géants du net multiplient les tentatives pour s’emparer du tableau de bord des constructeurs. Lesquels misent également sur le numérique pour se démarquer. Ils sont d’ailleurs tous présents depuis quelques années au CES. Cette fois, ils surfent sur la vague de l’IA, et ChatGPT notamment. Ainsi ­Volkswagen a dévoilé l’utilisation du célèbre chatbot d’OpenAI dans plusieurs de ses modèles dont l’ID 3, ID 4 et ID 5, puis sur les Tiguan, Passat et Golf.

L’objectif ? Intégrer dans le véhicule un nouveau compagnon, capable de converser avec l’automobiliste de manière plus fluide. Lui demander sa route, un resto japonais ou une pompe à essence à proximité. Mercedes, de son côté, fait de même mais pas avec ChatGPT. La marque allemande a dévoilé son assistant virtuel MBUX intégré qui fait appel à une IA générative “avec un support proactif qui facilite la vie”.

Timekettle X1, 
l’interprète personnel

Timekettle X1 – Ce petit boîtier, doté d’un écran et d’oreillettes, permet la traduction simultanée entre deux individus en plus de 40 langues, y compris par téléphone.

L’intelligence artificielle a totalement bouleversé le monde de la traduction. Aujourd’hui, les sites comme Deepl ou Google Traduction remplacent de plus en plus de traducteurs. Demain, les appareils de traduction avec IA intégrée remplaceront une partie des interprètes ou faciliteront, à tout le moins, les contacts entre personnes ne parlant pas la même langue.

Au CES 2024, le Timekettle X1 a reçu un Innovation Award. Ce petit boîtier est doté d’un écran et d’oreillettes. Il permet la traduction simultanée entre deux individus en plus de 40 langues, y compris par téléphone. Il offre aussi la possibilité de traduire des conversations dans des groupes de 20 personnes qui parlent pas moins de cinq langues différentes. Le traduction se fait en audio dans l’oreillette et par écrit sur l’écran de l’appareil qui ressemble à un vieux dictaphone.

Miroirs connectés 
et intelligents

Dans la catégorie “maison connectée”, le miroir BMind Smart ­Mirror s’est vu honorer lui aussi d’un Innovation Award. Ce miroir se veut intelligent grâce à ses algorithmes d’IA. Il peut vous poser des questions et s’adapter en fonction de vos réponses. Si vous lui répondez que nous n’avez pas le moral, il pourra vous souffler quelques encouragements bien sentis, vous proposera de commencer une séance de méditation, vous affichera une image de bien-être ou vous allumera ses lampes embarquées dans un coloris réconfortant. Ce miroir a, de fait, pour objectif de surveiller la santé mentale de ses utilisateurs.

Un autre miroir, le Anura Magic Mirror, a aussi été présenté au CES. Il analyse votre pression sanguine et peut estimer votre risque de problème cardiaque. Il peut aussi déduire votre âge sur base de votre peau et déterminer votre niveau de stress. Pas forcément destinés au domicile des particuliers, ces miroirs trouveront d’abord une place chez des médecins, dans des salles de sport, etc.

BeamO, l’auscultation 
à distance

Le BeamO vous permet de faire votre check-up personnel ou d’effectuer à distance des relevés pour votre équipe médicale.

Encore un produit d’un genre nouveau : le BeamO mis au point par le spécialiste des objets connectés Withing. Son objectif avoué ? Remplacer le thermomètre familial et devenir le point central de la vérification de votre état de santé. Soit par vous même, soit par un spécialiste de la santé.

En effet, BeamO permet de prendre votre température de manière précise, mais aussi votre fréquence cardiaque, votre taux d’oxygène dans le sang. Il est même doté d’un stéthoscope digital. Certifié médicalement, le BeamO vous permet donc de faire votre check-up personnel ou d’effectuer à distance des relevés pour votre équipe médicale dans le suivi de certaines pathologies.

A ce stade, la dose d’IA sem­ble assez faible dans cet appareil qui peut, par exemple, alerter les utilisateurs en cas de fréquence cardiaque trop élevée. De fait, l’entreprise reste visiblement prudente avant de tout confier à ses algorithmes, précisant que “les bruits du cœur et les bruits respiratoires doivent impérativement être interprétés par un médecin”. L’usage de l’IA dans l’univers médical reste bien sûr sensible, pour des questions évidentes de responsabilité.

Les ordinateurs boostés 
à l’IA

Moins futuristes qu’un Rabbit R1 ou qu’un interprète dans la poche, le bon vieil ordinateur portable passe aussi à la moulinette de l’intelligence artificielle. Les fabricants de PC sont tous venus présenter les nouvelles générations de produits, “dopés à l’IA”. Pas toujours avec des fonctionnalités aussi révolutionnaires qu’une IA générative qui fait “tout à votre place”, mais avec de belles améliorations de l’ergonomie, de la facilité d’utilisation.

Chez Asus, une caméra AiSens sait quand vous êtes absent, améliore votre image ainsi que la qualité audio en diminuant le bruit inutile à l’arrière-plan. Lenovo va plus loin, avec sa série de PC Yoga AI. Ces derniers embarquent de l’IA à pas mal de niveaux. D’une part de manière invisible pour optimiser les performances des processus. D’autre part, avec le logiciel Yoga Creator Zone. Ce software permet aux artistes et créateurs d’utiliser de manière simple l’IA générative.

A l’inverse d’un Midjourney, le programme leur permet de générer des images sans devoir faire usage de prompts compliqués. Sur pas mal de ­claviers d’ordinateurs, on voit apparaître également la touche “Copilot” qui donne immédiatement accès aux solutions d’IA générative de Microsoft. Des nouveautés qui ne semblent pas révolutionnaires mais qui montrent la direction que prend l’IA sur nos ordinateurs et qui, d’ici peu, seront généralisées et largement exploitées.

L’intelligence artificielle est présente dans la plupart des secteurs, ou presque, avec ses partisans et ses détracteurs, mais quel est son impact?

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