Les grands noms de la tech belge se sont rétrouvés en Norvège

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Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

La seconde édition de la Trends Winter University fut un succès. Cette jolie parenthèse qui permet aux entrepreneurs belges de la tech de se retrouver et partager sans détours leurs expériences entrepreneuriales, ou débattre sur des thèmes d’actualité, se déroulait dans le cadre idyllique des îles Lofoten, en Norvège.

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L’eau est calme et paisible dans le fjord des Trolls, en plein cœur des îles Lofoten, dans le nord de la Norvège. La nuit tombe peu à peu, ajoutant cette touche solennelle à la découverte des lieux. Pour offrir encore davantage de quiétude à ce paysage de montagnes enneigées au bord de l’eau, le bateau bascule sur ses moteurs électriques…

La quarantaine d’entrepreneurs belges à bord sont des dirigeants de scale-up et start-up, réunis à l’occasion de la deuxième édition de la Trends Winter University. Tous profitent du spectacle avant d’assister à la keynote flottante de Jürgen Ingels. L’entrepreneur flamand à succès (il a cofondé et revendu la plateforme de payement Clear2Pay) et désormais investisseur via Smartfin dresse le portrait de ce qu’on pourrait appeler le “New Normal” des start-up et scale-up.

C’est que pour les entrepreneurs de la tech, la crise est bel et bien là: les années covid et post-covid furent généralement florissantes pour ces agents de la transition digitale, mais le retour à la normale, accentué par la crise, est compliqué. Investisseurs hyper-frileux, valorisations à la baisse, croissance pas toujours aussi simple et besoin d’arriver le plus rapidement possible à l’équilibre constituent désormais leur quotidien…

Pierre-Antoine Dusoulier (Ibanfirst)
Pierre-Antoine Dusoulier (Ibanfirst) © National

Au départ de Brussels Airport vers Evenes, en Norvège, en ce samedi matin de mars, le sujet sur toutes les lèvres n’avait lui non plus rien de rassurant: Silicon Valley Bank venait à peine d’annoncer sa chute. Lors de la keynote de Jürgen Ingels, le groupe passe dès lors en mode “réflexion” quand l’entrepreneur explique les raisons qui poussent les investisseurs à préférer désormais “épouser des ânes” (comprenez des start-up à croissance raisonnée) plutôt que de draguer des licornes (comprenez des start-up qui lèvent énormément d’argent tout en prévoyant des années de pertes avant une revente astronomique).

Traverser les intempéries

Oui, le monde de la tech change. Et la mer aussi. Alors que le bateau quitte le fjord pour rejoindre le village de Svolvaer, les vagues se font plus sérieuses et le bateau tangue sévèrement. Une partie du groupe tente, parfois sans succès, de masquer le mal de mer qui s’empare de lui. Les plus poétiques y voient une solide métaphore du parcours entrepreneurial qui impose de traverser les intempéries du monde du business, tandis que les plus téméraires restent attablés au bar du navire, continuant à faire connaissance autour d’une Lofotpils, bière blonde locale.

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Le groupe d’entrepreneurs présents à ce séjour est composé de profils techs très variés, tant dans leur secteur d’activité respectif qu’au niveau de la taille de leur boîte. On retrouve par exemple Dries Buytaert, fondateur de Drupal, cette plateforme de gestion de sites web notamment utilisée à la Maison-Blanche. Mais aussi Nicolas Brusson, CEO et cofondateur de la multi-licorne française de covoiturage BlaBlaCar, ou des noms bien connus de la scène tech tels que Jan Hollez (Deliverect), Adrien Roose (Cowboy), Louis Jonckheere (Showpad), Quentin Colmant (Qover), Cédric Pierrard (Efficy) ou Danaë Delbeke (Indigo).

“Nous nous connaissons généralement comme entrepreneurs, commente Jan Hollez, cofondateur de la licorne flamande Deliverect. Mais nous n’avons pas vraiment la possibilité d’échanger en détail sur nos défis, surtout une fois que l’on devient une scale-up. Ici, l’expérience favorise la rencontre, et permet aussi de mieux connaître les gens derrière les entreprises.

Partage d’expériences sincère et transparent

Ce n’est qu’après une première soirée (et un peu de repos) qu’intervient Dries Buytaert (Drupal) pour une autre keynote inspirante. L’entrepreneur détaille et commente l’incroyable parcours qui l’a mené de sa chambre d’étudiant à la tête d’un logiciel open source de gestion de sites internet connu mondialement. Des tentatives pour obtenir des fonds auprès de ses proches aux premiers grands noms ayant utilisé Drupal en passant par les premiers serveurs reçus pour faire tourner son projet, Dries Buytaert rappelle, par l’exemple, à quel point le chemin vers le sommet est parsemé d’embûches.

Se déroulent ensuite une série de sessions de travail durant lesquelles un entrepreneur est chaque fois interrogé par les journalistes de Trends-Tendances, lance des réflexions et suscite un partage d’expériences sur des topics majeurs. Ainsi Jan Hollez et Danaë Delbeke expliquent comment ils attirent et retiennent des profils internationaux. Nicolas Brusson développe la manière dont BlaBlaCar a géré les quelque 300 millions d’euros de cash levés auprès des investisseurs tandis que Jeroen Dewit explique la manière dont il a vendu Teamleader. De son côté, Pierre-Antoine Dusoulier, boss de la fintech belge Ibanfirst détaille la stratégie de croissance par acquisitions qu’il a mise en place et lui a déjà fait reprendre trois entreprises aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni.

Voir aussi le reportage de Canal Z sur la Trends Winter University

Une constante à cette matinée de tables rondes et celles qui lui ont succédé: toutes balaient à la fois les questions traditionnelles que se posent les entrepreneurs à la tête de société tech en croissance et des thèmes bien d’actualité comme la manière de lever des fonds en période de crise ou de réduire la voilure au sein de ses équipes. “Ces sessions sont particulièrement riches d’enseignements puisque les entrepreneurs témoignent en détail et sans langue de bois sur leur propre expérience, allant jusqu’à citer des chiffres rarement communiqués publiquement”, nous glisse un participant.

Pêche en groupe

Pour la qualité des rencontres et la valeur des échanges, “il était important de réunir les entrepreneurs dans un endroit tel que les magnifiques îles Lofoten, loin du tumultes du day-to-day pour, en plus des tables rondes, avoir des échanges informels et de passer du bon temps”, glisse Axel Smits, chairman et senior partner de PwC, partenaire de la Trends Winter University. “Se trouver dans un environnement où les entrepreneurs se livrent de manière vraiment ouverte et transparente et développent des connexions très spéciales est absolument unique”, confirme Quentin Colmant, cofondateur de la scale-up bruxelloise d’assurance Qover.

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Des moments de partage effectivement souvent poursuivis durant les pauses ou les activités ludiques de l’après-midi. Le premier jour, les participants de la Trends Winter University avaient le choix: soit s’adonner au kayak sur les eaux froides de Svolvaer, le petit village de pêcheurs où séjournait le groupe, soit partir à la rencontre des aigles de mer. D’autres avaient plutôt décidé de chausser des raquettes et grimper dans les montagnes avoisinantes…

Mais les connexions se sont encore davantage opérées lors de la deuxième après-midi d’activité, quand le groupe s’est attaqué à… de la pêche de mer. Ce jour-là, deux bateaux ont embarqué la troupe sur une mer (heureusement nettement moins agitée qu’en début du séjour) pour pêcher le met qui allait être dégusté lors du repas de clôture. Une activité durant laquelle tous ont eu l’occasion, pour ramener le poisson du soir, de démontrer la persévérance et l’adaptation dont ils sont capables. Qualités qui, jusqu’ici, leur ont aussi permis de traverser tempêtes et vagues à la tête de leur société…

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