“L’avidité c’est bien!”… Sauf pour Tipeee, la plateforme de crowdfunding

"L'avidité c'est bien". "Greed is good". C'est la réplique culte de Michaël Douglas dans Wall Street © Capture d'écran Youtube
Gilles Quoistiaux Journaliste Trends-Tendances

Peut-on tout se permettre pour faire de l’argent ? Y a-t-il des limites juridiques et morales ? C’est le sujet du film Wall Street. Et certains devraient peut-être le revoir. Ce sont les dirigeants de Tipeee. Tipeee, c’est une plateforme de crowdfunding, de financement participatif.

Tipeee est dans la tourmente depuis la diffusion d’un reportage de France 2, dans l’émission Complément d’enquête. Apparemment, les dirigeants de Tipee ne sont pas très regardants sur les projets financés par leur plateforme.

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Vous connaissez le principe du financement participatif : vous avez une idée, un projet, vous cherchez à le financer. Vous le présentez en ligne, sur une plateforme. Les internautes qui sont intéressés par votre projet mettent de l’argent dans la cagnotte, pour vous aider à le concrétiser. Plein de plateformes sont apparues : Kickstarter, KissKissBankBank, Ulule et donc Tipeee. Le problème de Tipeee, c’est qu’elle accepte visiblement tout et n’importe quoi. Les journalistes de France 2 ont débusqué des projets véhiculant des propos antisémites. Le patron de Tipeee s’en explique dans l’émission en affirmant “en fait j’assume tout… aucune raison valable et morale de les enlever du site”.

“Aucune raison valable et morale de les enlever du site”. Pour du contenu antisémite, c’est quand même étonnant. Dans un autre genre, il faut savoir que c’est notamment via Tipee que le documentaire complotiste “Hold Up” a été financé. Les producteurs du film ont touché 150.000 euros grâce à Tipeee. Et la plateforme a bien sûr touché sa commission, 8 % , donc 12.000 euros. L’argument, il est simple : les dirigeants de Tipeee privilégient la liberté d’expression. Ils ne veulent pas jouer les censeurs. Selon eux, tant que la justice n’a pas tranché, tant qu’il n’y pas de condamnation, ils ne peuvent pas intervenir.

Bad buzz.

Ils se retrouvent dans la même position que Facebook il y a quelques années. Vous vous souvenez, avant la période Trump, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, ne voulait surtout pas se mêler de tout ce qui était publié sur sa plateforme. “Chacun est libre de dire ce qu’il veut, c’est la liberté absolue.” Puis, on s’est rendu compte que tout ce laisser-aller favorise l’émergence des discours extrémistes et des fake news. Depuis lors, Mark Zuckerberg a évolué, il prend beaucoup plus au sérieux les questions de modération.

Une question de réputation pour ces plateformes.

Exactement. Le bad buzz autour de Tipeee en France, ce n’est pas bon pour les affaires. Depuis le reportage de Complément d’enquête, toute une série d’utilisateurs quittent la plateforme. C’est le cas de certains Youtubeurs, qui se finançaient via Tipeee. Aujourd’hui, ils se désolidarisent de la plateforme, ils suppriment leurs comptes, ils vont voir ailleurs. Donc sur ce coup-là, on peut dire que l’avidité, c’est pas bien. Greed is bad.

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