Claire Munck, CEO de BeAngels: “Le tax shelter pour start-up doit être affiné”

Claire Munck © Belga Image
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Le MR souhaite renforcer le mécanisme de “tax shelter” pour les investissements en capital réalisés dans les jeunes entreprises et imagine de doubler le plafond d’investissements déductibles. BeAngels, plus grand réseau belge de “business angels”, voit d’autres priorités.

1. Renforcer le “tax shelter” pour les start-up est probablement accueilli avec enthousiasme par les “business angels”. Y avait-il une demande de leur part en ce sens?

Je ne pense pas qu’il y avait forcément une demande des business angels. Il me semble qu’il s’agit surtout d’une réflexion pour amener plus de capital dans l’économie réelle via un incitant fiscal qui doit pousser les Belges à considérer l’actionnariat comme une diversification de leur épargne. Ce qui ne peut qu’être intéressant alors que les entreprises belges souffrent d’une sous-capitalisation chronique. Néanmoins, relever le plafond déductible du côté des investisseurs n’est, à mon sens, pas la priorité. D’autres améliorations du mécanisme de tax shelter pour start-up seraient plus utiles.

2. Lesquelles?

D’abord, commencer par augmenter sensiblement le plafond de ce que les entreprises peuvent lever au titre du tax shelter. Pour l’instant, celui-ci ne s’applique que sur les premiers 250.000 euros levés en capital. Ce qui est franchement très bas. Le risque, c’est notamment que certains entrepreneurs limitent leur levée de fonds pour rentrer dans les conditions de ce tax shelter alors qu’ils auraient besoin de plus. Il pourrait aussi être intéressant de prévoir de nouvelles conditions si les entreprises devaient ne pas réussir. Aujourd’hui, pour pouvoir profiter du tax shelter, l’investisseur doit rester actionnaire quatre ans. Cela peut le freiner à sortir d’une boîte alors que cela peut éventuellement s’avérer nécessaire. Ou cela peut pousser les entrepreneurs à ne pas la liquider alors qu’elle ne marche pas… Le mécanisme du tax shelter est très important pour les jeunes entreprises, mais on peut, c’est vrai, l’améliorer…

3. Pourtant, certains s’interrogent sur sa véritable utilité: les mécanismes de subsides et les fonds sont nombreux, et il se dit que trouver l’argent est moins compliqué que de trouver des bons projets. Qu’en pensez-vous?

D’abord que les fonds publics ne peuvent pas combler tous les besoins. Par ailleurs, pour investir, ces fonds demandent le plus souvent que des privés investissent également. Et, à l’inverse de beaucoup de fonds publics, le grand apport des privés vient aussi de leur implication dans l’entreprise, puisqu’ils injectent une partie de leur propre patrimoine. Ensuite, il faut être conscient que le tax shelter ne s’applique pas qu’à des start-up de la tech qui veulent “changer le monde” mais à n’importe quel projet d’entreprise. Et pour beaucoup, le besoin est réel.

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