Pour le travailleur belge, mieux vaut préserver sa santé mentale que faire carrière
Huit travailleurs belges sur 10 privilégieraient leur santé mentale et un bon équilibre vie privée-vie professionnelle par rapport au succès de leur carrière.
Les résultats de l’étude Talent Trends, du bureau de recrutement Michael Page, et menée auprès de près de 70.000 employés montre que 80% des travailleurs belges privilégient leur santé mentale et un bon équilibre vie privée-vie professionnelle par rapport au succès de leur carrière. C’est plus que la moyenne européenne (73%), mais autant que chez nos voisins français. Quant au fameux équilibre vie privée-vie professionnelle, il arrive en tête des priorités pour 59% des travailleurs interrogés. Par ailleurs, l’étude démontre également que plus d’une personne sur deux (58%) refuserait une promotion si celle-ci était susceptible d’impacter négativement leur bien-être.
De plus, le bureau de recrutement s’attend à une amplification du phénomène de « Grande Démission » étant donné que 43% de travailleurs belges interrogés se revendiquant comme « chercheur d’emploi actif ».
Gregory Renardy, Managing Director de Michaël Page, explique que ces tendances liées au bien-être redessinent le marché du travail de notre pays.
80% des travailleurs disent privilégier leur santé mentale, cela se traduit comment ?
Gregory Renardy : Dans le chef des employés, cela se traduit surtout par « si cela ne me convient pas, je pars ». Avec la guerre actuelle des talents et le phénomène de « la grande démission », le travailleur est dans une situation de force, il peut s’offrir le luxe de choisir. Depuis le covid, les employeurs savent qu’il n’y aura pas de retour en arrière, ils doivent intégrer les notions de bien-être, de santé mentale dans leur politique d’entreprise, sinon ils n’attireront jamais personne et seront hors-jeu.
Quelles actions mettent-ils en place pour améliorer cela ?
La génération actuellement au travail (la fin de la génération X et les millennials) est une génération qui est en quête de sens. Les employeurs doivent tenir compte de cette quête de sens sur les valeurs sociétales actuelles, en essayant de les faire participer un maximum à cela. Par exemple, comment rendre l’entreprise plus verte. Pour les retenir, les employeurs doivent travailler sur ces engagements.
La flexibilité ayant une grande importance pour eux, il est important que les employeurs leur offrent cette possibilité, mais en mettant à leur disposition les outils nécessaires pour y parvenir. C’est vrai partout, mais surtout en Belgique où cette offre de flexibilité est particulièrement importante. Avant, on proposait des voitures de société, mais actuellement avec les difficultés de déplacement, il n’est pas rare que ce qui fera la différence pour retenir un employé soit la possibilité de se rendre à vélo jusqu’à son lieu de travail.
N’est-ce pas paradoxal d’offrir plus de flexibilité et de télétravail à l’heure où l’on veut que les travailleurs reviennent au bureau ?
Cette une période un peu délicate en effet, car tout ceci est très récent. Avec le covid et les confinements, le télétravail s’est généralisé. On est à un moment où il faut faire le bilan de cette période, car si certaines choses peuvent se faire à distance et que cela fonctionne, d’autres non. C’est donc un vrai challenge !
Comment attirer les travailleurs à revenir au bureau, mais sans les y contraindre ? Il y a eu de nombreuses initiatives par exemple en rafraîchissant les bureaux. Les entreprises investissent dans des initiatives afin de rendre le retour au bureau sympathique.
Il y a-t-il une dégradation des conditions de travail à l’heure actuelle ?
Je ne pense pas qu’il y ait aujourd’hui une dégradation des conditions de travail, je parlerais plus d’un besoin sociétal. La génération actuelle de travailleurs a des besoins de plus en plus importants et les employeurs qui n’ont pas bougé assez vite en payent le prix fort, car ils n’arrivent pas à retenir les talents. La différence est plutôt une rupture par rapport au passé.
Quels sont les facteurs qui pèsent sur la santé mentale des travailleurs actuellement ?
La recherche de sens, si le travailleur ne voit pas de but à son travail.
Il y a aussi la charge mentale, le stress… toutes ces choses dont on ne parlait pas auparavant. On observe aussi que le télétravail et la flexibilité qu’il offre ont aussi leur revers, car il existe un risque réel que l’employé ne sache pas se déconnecter à cause du stress.
Quelles sont les « solutions » qui peuvent être mises en œuvre pour améliorer cela ?
Pour moi, il faut que l’entreprise s’implique et mette en place des solutions afin de donner du sens à au travail de ses employés, et de faire participer vraiment aux valeurs de la société actuelle, que cela soit au travers de groupes de travail, d’animations… Que cela donne du sens à leur job.
Les entreprises doivent aussi mettre en place une offre globale de flexibilité. Pas seulement leur permettre de télétravailler, mais leur permettre de faire cela dans des conditions optimales que cela soit au niveau des outils, des infrastructures, des transferts de compétences, et ce malgré la distance et le fait qu’on ne se voit pas. Finalement travailler sur une offre digitale complète est un élément essentiel.
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