2024, année électorale émaillée de nouveaux troubles sociaux ?

Manifestation (illustration). © Belga

Avec la hausse du coût de la vie, les risques de troubles sociaux augmentent. Ils sont des risques importants pour l’économie. En 2024, avec ses nombreuses élections à travers le monde, ces troubles pourraient par exemple se concrétiser par des votes populistes.

En 2018, le coût de la vie a poussé de nombreuses personnes, en France mais aussi en Belgique, à mettre un gilet jaune et à manifester. Depuis, malgré une importante vague d’inflation et une crise énergétique, un tel mouvement contestataire n’a plus vu le jour. Ou pas encore ? Des troubles sociaux se profileraient à l’horizon, selon une étude d’Allianz Trade.

C’est qu’avec cette hausse du coût de la vie, les inégalités se creusent. En Belgique notamment, l’écart entre les plus pauvres et les plus riches a augmenté plus qu’ailleurs en Europe, en 2022. La “résilience économique et sociale” a quant à elle baissé, entre 2021 et 2023. L’indice, développé par Allianz et reprenant 12 critères différents, est passé à 69,5 dans notre pays, perdant 2,2 points (à 0, le risque est le plus élevé et à 100 il l’est le moins). La Belgique se situe à la 19e place dans le monde, où la moyenne est de 45,7.

Les ménages avec les revenus les plus faibles dépensent aussi, proportionnellement, beaucoup plus pour les achats essentiels comme la santé, le logement et la nourriture (67% de leurs dépenses totales) que les ménages les plus riches (55%). Avec l’inflation, dont le ralentissement en octobre ne devrait être que temporaire, selon les experts d’Allianz, l’étau se serre et il y a de moins en moins de marge pour d’autres dépenses.

Dépenses essentielles (en % des dépenses totales). Vert : les 20% des ménages avec les revenus les plus faibles. Rouge : les 20% des ménages avec les revenus les plus élevés. Crédit : Allianz Trade.

Année électorale

Ces inégalités et pertes de pouvoir d’achat ne seraient pas anodines. Elles peuvent avoir des troubles sociaux comme résultats, qui eux ont un impact négatif sur l’économie. Dans le monde en général, mais aussi en Belgique. “La hausse des prix des produits de première nécessité, en particulier pour les ménages à faible revenu, pourrait accroître le mécontentement social et entraîner un glissement des électeurs vers des partis populistes et potentiellement hostiles aux entreprises. Il s’agit d’un risque particulier en Europe en vue des prochaines élections européennes de mai 2024 et d’un défi pour les gouvernements, qui devraient s’y attaquer à court terme”, notent les experts dans le rapport.

“L’augmentation des risques et des troubles sociaux a un impact considérable sur l’économie. À l’échelle mondiale, la situation s’est détériorée et nous pensons que cette tendance négative va se poursuivre”, s’exprime aussi Johan Geeroms, Director Risk Underwriting Benelux chez Allianz Trade, en commentant l’étude. Et d’ajouter : “Les troubles sociaux dissuadent les investisseurs. De nombreuses régions sont confrontées à une recrudescence des conflits et de l’instabilité politique. L’année prochaine, 75 % du PIB mondial se rendra aux urnes, y compris les États-Unis, l’Union européenne et l’Inde. Cela signifie de l’incertitude, ce qui n’est jamais bon pour l’économie. Le risque de perturbations et d’entraves au commerce ne fait que croître.”

Un risque de plus : l’IA

A côté des facteurs économiques, l’intelligence artificielle (IA) générative serait aussi un risque pouvant favoriser l’émergence de problèmes sociaux. D’un côté, elle pourrait mener à des suppressions d’emplois. D’un autre côté, elle peut propager des fausses informations. Ces dernières peuvent être propices à l’émergence d’émeutes, comme l’a montré l’assaut du Capitole aux États-Unis ou du parlement brésilien. Elles peuvent aussi aider à influencer les votes en faveur de candidats populistes – et comme dit plus haut, 2024 sera une longue année électorale.

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