L’ampleur de la tâche pour parvenir à un taux d’emploi de 80% est désormais connue en Wallonie et à Bruxelles
Le Bureau du plan vient d’actualiser ses prévisions économiques pour les Régions. À politique inchangée, bénéficiant d’un effet mécanique, le taux d’emploi atteindrait 68,8% à Bruxelles et 67,7% en Wallonie, pour 78,7% en Flandre, en 2029. Autrement dit, tout indique que le nord du pays est dans les clous pour parvenir à l’objectif de 80%, contrairement au sud du pays, où il reste du pain sur la planche.
Le MR et les Engagés en ont fait l’un de leurs axes prioritaires : parvenir à booster un taux d’emploi en berne depuis trop longtemps. En Wallonie, le duo a mis sur la table différentes mesures pour y parvenir. Il est question d’une grande réforme du Forem, qui doit cibler l’activation, et d’une importante réforme de la formation, qui a tendance multiplier les acteurs.
À l’échelon fédéral, une limitation des allocations de chômage à deux ans semble se dessiner. Mais les modalités diffèrent d’un parti à l’autre, notamment sur ce que chacun propose après ces deux années. À partir de cette règle fédérale, chaque Région pourra choisir la manière de l’appliquer. Vers une obligation d’accepter un emploi ? Dans le public ou le privé ? Dans un métier en pénurie ? Des travaux d’intérêt général ? À ce stade, rien n’est encore clair. Et ne parlons pas de Bruxelles où les discussions n’ont pas encore débuté, et où rien ne devrait bouger avant les élections communales d’octobre.
Ce qui est beaucoup plus clair, par contre, c’est le carcan économique dans lequel se trouveront les deux Régions. Après ses perspectives nationales, le Bureau du plan vient d’actualiser ses perspectives économiques régionales entre 2024 et 2029, sans tenir compte, à fortiori, de l’impulsion des prochaines coalitions. Un rapport qui consacre un chapitre à l’emploi.
Un trou de plus de 10%
À politique inchangée, en 2029, le taux d’emploi devrait donc évoluer positivement de 66,5% à 68,8% à Bruxelles et de 65,5% à 67,7% en Wallonie. Ça reste fort timide, d’autant que les deux Régions bénéficieront d’un effet mécanique : les départs à la retraite des baby boomers, qui ralentit la croissance de la population d’âge actif. Un effet toutefois atténué à Bruxelles, où les migrations internationales ont une plus grande influence sur cette croissance.
Dans le détail, la croissance de l’emploi s’affaiblit dans les trois Régions en 2023 et 2024, avant de se redresser en 2025, pour se stabiliser en 2026 jusqu’en 2029, avec un avantage pour la Flandre : 1,0% par an en moyenne contre 0,7% en Wallonie et 0,4% à Bruxelles.
La population bruxelloise en emploi devrait par contre continuer de croître plus fortement que celle de Flandre et de Wallonie durant la période 2026-2029, avec respectivement +1,1% par an, contre +0,8% et +0,7%. Mais c’est principalement grâce à la Flandre, puisque, note le BFP, la capitale “peut profiter des navettes bruxelloises sortantes qui bénéficient largement à l’emploi des résidents bruxellois”.
Taux de chômage
Pour parvenir à un taux d’emploi de 80%, les nouvelles majorités devront forcément passer par la réactivation des inactifs, c’est-à-dire essentiellement les malades de longue durée. Mais le taux de chômage sera à tenir à l’œil. D’autant que la décrue, observée entre 2015 et 2022, s’est interrompue en 2023 et continuera de l’être en 2024. Le taux de chômage devrait remonter à 13,4% en Wallonie, 15% à Bruxelles et 5,9% en Flandre cette année. Notons, toutefois, que ce n’est pas le seul fait du tassement de la croissance. Cette hausse a aussi été provoquée par des changements de réglementation au sein du Forem, d’Actiris et du VDAB.
Mais les perspectives s’améliorent à peine par la suite, de sorte que le taux de chômage ne baissera pas en Wallonie et diminuerait à peine à Bruxelles, de 1,1%, à l’horizon 2029.
Croissance
Parmi les autres observations du Bureau du Plan, la croissance rebondirait plus fortement à Bruxelles, en 2024, passant de 0,7% en 2023 à 1,4%. L’explication ? La croissance sera surtout soutenue par la consommation privée et les investissements des entreprises cette année. Par contre, avec des exportations en net recul, la croissance du PIB flamand fléchirait, de 1,6% à 1,4%, tandis que celle du PIB wallon resterait stable à 1,3%.
Pas de quoi se réjouir très longtemps dans la capitale. À plus long terme, entre 2025 et 2029, la reprise du commerce extérieur et le soutien des services marchands devraient davantage profiter à la Flandre, avec une croissance moyenne de 1,5 % par an, un rythme qui reste plus élevé qu’en Wallonie (1,3%) et à Bruxelles (1,0%).
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