Débat des présidents: tous contre le MR, les Engagés courtisés

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

On rase gratis dans tous les partis, sauf chez des libéraux accablés par le duo PS-Ecolo. Paul Magnette rêve visiblement d’un Olivier. Le premier débat des présidents, mardi soir à RTL, était révélateur.

Un Paul Magnette (PS) professoral dans ses prises de parole et théâtralement à l’écoute d’Ecolo et des Engagés. Un Georges-Louis Bouchez (MR) tentant de marquer sa différence sans toujours réussir à masquer son arrogance/exaspération. Une Rajae Maouane (Ecolo) enrouée et limitée à la marque verte. Et un Maxime Prévot (Engagés) en verve et courtisé, tandis que François De Smet (DéFI) tentait de marquer des points en sagesse et que Raoul Hedebouw (PTB) cognait moins fort que d’habitude.

Le premier débat entre les présidents de partis de la campagne électorale en vu du scrutin de juin, mardi soir sur RTL, a été révélateur à plus d’un titre. En voici les enseignements.

1. On rase gratuit partout, sauf au MR

Défilant les enjeux prioritaires au yeux des Belges (pouvoir d’achat, santé, enseignement, criminalité…), le débat a porté essentiellement sur le contenu en proposant à chaque parti de mettre en avant une mesure phare. Et le moins que l’on puisse dire, alors que le contexte budgétaire sera extrêmement compliqué, c’est que l’on dépense à tout-va dans les partis. Une réforme fiscale par-ci, un refinacement des soins de santé par là, un grand plan contre le burn-out ou de lutte contre la criminalité par là-bas, sans parler de transports gratuits… Les promesses ont volé de la part du PS, d’Ecolo, des Engagés, pour ne pas parler d’un PTB qui va chercher l’argent chez les riches (comme le PS, ceci dit).

Le MR était le seul à tenter de ramener en permanence le débat sur la nécessité de créer de l’activité ou de réduire les dépenses de l’Etat. Non sans promettre des propositions d’impôts pour lesquelles on se demande aussi où il ira chercher l’argent. Cela lui a valu des volées de critiques et un rappel permanent au “gouvernement MR/ N-VA” de la part de Paul Magnette, cette Suédoise de 2014-2019 étant accusée de tous les maux actuels de la Belgique.

2. Les Engagés très courtisés

Après des années de galère passées à revitaliser son parti, Maxime Prévot (Engagés) est de retour à l’avant-scène. Et il prend visiblement du plaisir à réexister, dévoilant longuement ses plans longuement travaillés, avec un petit côté rappelant le “en même temps” du président français, Emmanuel Macron. Son centre à lui est moins marqué à gauche que ne l’était celui de Joëlle Milquet.

Pour autant, en le regardant avec des yeux de sirène, Paul Magnette a montré physiquement combien il comptair sur lui. Les Engagés, pointés à 13% en Wallonie dans les derniers sondages (c’est plus difficile à Bruxelles) sont courtisés comme jamais en vue d’une future majorité. En fin de débat, Georges-Louis Bouchez, fort isolé, a imploré Maxime Prévot de choisir son camp, soulignant les similarités de programme (sur le nucléaire, noamment).

Réponse de Maxime Prévot: “Je n’ai pas d’exclusive, sauf les extrêmes.”

3. PS, Ecolo, Engagés: c’est signé?

Placés côte à côte, Paul Magnette (PS), Rajae Maouane (Ecolo) et Maxime Prévot (Engagés) ont témoigné tout au long du débat d’une proximité… laissant croire qu’un pré-accord de majorité serait déjà signé. Ce serait le scénario idéal pour Paul Magnette: réunir rapidement cet Olivier (nom de la coalition) pour compose une majorité “la plus progressiste possible”, mais sans le PTB, si possible avant la formation d’un gouvernement fédéral qui s’annonce laborieuse. Ce serait, en outre un signal fort pour les socialistes avant les communales d’octobre.

Bémols à ce scénario? Les Engagés, on l’a dit, n’excluent rien et doivent encore confirmer l’essai. Ecolo, comme en a témoigné la prestation de sa coprésidente, est réellement en difficulté de se positionner avec force. Et le MR, seul contre tous, joue une stratégie qui pourrait brouiller les pistes.

Alors que les analystes présents sur le plateau après le débat présentaient Maxime Prévot comme étant le grand vainqueur, le politologue Dave Sinardet a souligné que le MR était le seul à s’être réellement distingué en servant de punching-ball.

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