Wallonie entreprendre, le nouvel outil économique de la Région wallonne

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Ne dites plus SRIW, Sogepa ou Sowalfin, dites ” WE “. La fusion, opérationnelle depuis ce lundi, doit apporter plus de lisibilité et d’efficacité aux interventions régionales dans le capital des entreprises.

Pour le ministre de l’Economie Willy Borsus (MR), c’est l’aboutissement d’un long combat. Il a longtemps fustigé, depuis les bancs de l’opposition, la profusion de structures économiques régionales. En ce début janvier, il a acté “avec un enthousiasme teinté d’une certaine joie” la fusion de trois de ces structures (SRIW, Sogepa et Sowalfin) au sein de la société Wallonie Entreprendre, nouvellement créée. “ Ces entités étaient performantes, mais elles souffraient parfois d’un manque de lisibilité et du recouvrement de certaines activités “, pointe le ministre. Ce nouvel outil concentre désormais dans ses mains des participations dans plus de 600 entreprises pour un total de 4,1 milliards d’euros. WE devrait injecter environ 900 millions d’euros par an dans les entreprises wallonnes que ce soit en prêt, en capital ou en garantie.

Wallonie Entreprendre sera organisée en 13 business units (politique industrielle, life sciences, digital, internationalisation, transmission, transition énergétique et circulaire, entrepreneuriat social, etc) afin de pouvoir accompagner les entreprises dans tous les secteurs et à tous les stades de leur développement. Ces départements rassembleront des expertises parfois un peu trop dispersées entre les différents outils pour offrir un meilleur service aux entreprises wallonnes. Il ne s’agit pas d’une rationalisation -le cadre est maintenu à 260 ETP- mais d’une réorganisation, précise Willy Borsus qui n’exclut toutefois pas que des économies d’échelle se dégagent au fil du temps.

Un encadrement plus pointu des entreprises

Olivier Vanderijst, président du comité de direction de WE et qui dirigeait précédemment la SRIW, semble convaincu que cette réorganisation amènera un encadrement plus pointu des entreprises, mais aussi une plus grande expertise dans la veille stratégique, qui doit aider à bien anticiper les secteurs d’avenir. “ La business unit “Accompagnement et sensibilisation” va par exemple accompagner les entreprises pour qu’elles soient bien à niveau en matière d’ESG (responsabilité sociétale des entreprises), explique-t-il. Notre objectif est que dans les cinq ans, 90% des entreprises wallonnes aient été accompagnées sur ce plan. C’est indispensable pour qu’elles conservent leur compétitivité.” Il précise bien qu’il s’agit d’accompagner, d’inciter (via par exemple des financements préférentiels pour les entreprises qui progressent en ce domaine) et non de sanctionner. “De toute façon, c’est un mouvement général : les entreprises vont être poussées dans cette direction par leurs clients et par leurs banquiers”, ajoute Olivier Vanderijst.

Innovation utile : les entreprises ne devront pas naviguer entre ces 13 business units, elles auront chacun un “account manager”, un interlocuteur unique qui sera leur point de contact pour trouver les bonnes portes au sein de Wallonie Entreprendre.

Seulement 3 outils économiques?

Si la motivation de cette réforme est de concentrer les forces et d’éviter les recoupements d’activités, pourquoi la limiter à ces trois outils économiques ? Pourquoi, par exemple, ne pas intégrer la Spaque (société publique de traitement des sols pollués) à la business unit “Réhabilitation des sites” qui figure désormais dans l’organigramme de WE ? “La Spaque reste à l’écart en raison des spécificités de son métier, répond Willy Borsus. Mais elle sera gérée par WE, car les liens sont étroits entre la politique industrielle et la réhabilitation de ces friches.”

La même question se pose par rapport aux invests provinciaux, qui débordent de plus en plus régulièrement de leurs frontières territoriales et qui se déploient dans des domaines techniquement de plus en plus pointus (on songe évidemment aux biotechs et au numérique). Des protocoles d’accord ont été signés entre les invests (dont une bonne partie des moyens provient du gouvernement wallon) et WE afin de baliser les modes d’intervention. Les invests devront communiquer à WE tous les projets d’intervention au-delà de 2,5 millions et WE fera l’inverse pour les projets de moins de 1,5 million d’euros. “La communication aura lieu en amont du processus, précise Olivier Vanderijst. Nous discuterons alors pour voir l’outil le plus pertinent pour intervenir dans le dossier. ” Il rappelle que ces différents outils collaborent déjà au travers par exemple du Fonds Amerigo (financé également par les assureurs et la SFPI), tout comme WE est partenaire de Nethys dans la Socofe et l’éolien off-shore. “ Je ne voulais pas sacrifier l’expertise de proximité apportée par les invests, explique Willy Borsus. Mais ne pas tenir compte de l’intérêt d’une certaine transversalité aurait été un mauvais choix. Je pense que nous avons trouvé un bon point d’équilibre. Le fonctionnement sera de toute façon évalué dans quelques années et, au besoin, adapté.

Le conseil d’administration de WE a été désigné pour une période de sept ans. Il sera présidé par Pierre Rion (président d’IPM et président du fonds Wing), avec à ses côtés Marylise Ledouble (vice-présidente), Jean-Paul Bastin, Caroline Descamps, Philippe Gilson, Renaud Moens, Dominique Offergeld, Pierre Parlongue, Laurent Wenric, Clarisse Ramakers et Pierre Crevits (Belfius)

Il y avait 11 directeurs dans les trois ex-outils économiques régionaux. Cinq d’entre eux formeront el comité de direction de WE (Olivier Vanderijst, Olivier Bouchat, Jean-Pierre Di Bartolomeo, Sebastien Durieux et Laurence Glautier), les six autres seront repris dans une extension temporaire du comité de direction.

Wallonie entreprendre, le nouvel outil économique de la Région wallonne
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WE, comme Wallonie Entreprendre

L’une des motivations de la réforme est de doter les structures régionales de financement des entreprises d’une marque forte. Ce travail de “branding” a été piloté par Gwenaël Hanquet, de l’agence Minale Design Strategy. Ce fut un chantier de longue haleine, avec plus de 500 réunions, afin d’impliquer le plus largement possible les équipes (260 ETP) dans le processus. L’option retenue est celle d’une “marque descriptive ” : Wallonie Entreprendre. A priori, tout le monde sait tout de suite plus ou moins à quoi s’attendre.

La subtilité, ce sont évidemment les initiales. WE signifie “nous” en anglais et symbolise donc “l’union, la cohésion autour d’un projet commun”. Et cela se prononce “Oui” ce qui, en français cette fois, entend marquer “l’adhésion à un projet d’avenir”. L’acronyme sera mis en avant dans la communication et l’idée est bien que l’on retienne surtout le “WE” et pas forcément Wallonie Entreprendre.

L’ensemble du processus de fusion des outils économiques – les réunions, le branding, la protection de la nouvelle marque, le procédures juridiques et financières – aura coûté un peu plus de deux millions d’euros, estime le ministre de l’Economie Willy Borsus. Il n’y a pas de frais de déménagement puisque les différentes équipes officiaient déjà dans le même bâtiment dans le centre de Liège. “Nous avons un ERP commun, grâce à Odoo, glisse Olivier Vanderijst. Il y a un champion wallon dans ce domaine, autant l’utiliser !

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