Un taux d’emploi de 80% : l’impossible équation

Alexander De Croo (Open Vld), Pierre-Yves Dermagne (PS) et Vincent Van Peteghem (CD&V) - BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ © Belga
Baptiste Lambert

La Vivaldi s’est fixé comme objectif d’atteindre un taux d’emploi de 80% d’ici à 2030. En l’état, c’est une équation impossible.

Un record”. Avec 5.078.000 travailleurs au dernier trimestre 2023, il n’y a jamais eu autant de personnes à l’emploi en Belgique. L’année dernière, le taux d’emploi s’est ainsi établi à 72,1%, s’est réjoui le vice-premier ministre Pierre-Yves Dermagne (PS), reprenant les derniers chiffres de Statbel, publiés ce mercredi.

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Ce taux reste toutefois largement inférieur à la moyenne européenne (75,5%) et il renferme toujours de grandes disparités entre Régions. Le taux d’emploi est de 77% en Flandre contre seulement 66,7% à Bruxelles et en Région wallonne.

Or, avec un taux de chômage d’à peine 3,5%, la Flandre ne peut quasiment plus progresser sur ce volet. Et mettre tous les chômeurs francophones à l’emploi ne permettrait pas d’atteindre un taux d’emploi de 80%. La subtilité se trouve dans le taux d’inactivité. Si on écarte les étudiants, ce taux d’inactivité tourne autour de 18% en Flandre, de 21 % à Bruxelles et de 25% en Wallonie. C’est le premier élément de notre équation impossible : sans remettre au travail les malades de longue durée et les bénéficiaires du revenu d’insertion, il est impossible d’atteindre l’objectif fixé.

Où sont les emplois privés ?

L’autre élément, il nous vient tout droit du dernier rapport de la Banque Nationale (BNB), publié lui aussi ce mercredi. Outre le fait qu’il constate que la création nette d’emplois a largement diminué en 2023 (42.000) par rapport à 2021 (94.000) et 2022 (104.000), il met en avant un mal belge : sur les 42.000 postes nets de cette année, 62% relèvent du secteur public, que ce soit dans l’enseignement, l’administration, les soins de santé ou le secteur de l’action sociale. Les services marchands n’ont, eux, créé que 14.000 emplois.

La question de savoir dans quelle mesure la création d’emplois peut encore progresser reste entière. Et “elle est vite répondue” : comment un secteur public peut-il continuer à créer des emplois alors que le prochain gouvernement doit réaliser dans le même temps un effort de 5 milliards d’euros par an, sur la prochaine législature, dixit les nouvelles règles budgétaires européennes ? À minima, si la maison Belgique ne veut pas creuser son déficit (qui est déjà le pire de la zone euro après la Slovaquie), les autorités devront faire un effort de 2,5 milliards par an, dixit la BNB.

Pierre Wunsch, le gouverneur de la BNB, a été très clair lors de la présentation du rapport : “Le prochain gouvernement devra commencer par annoncer de mauvaises nouvelles.” Or, la prochaine législature, elle s’achèvera en 2029. Notez-le ici : faute de création d’emplois dans le secteur privé et de remise au travail des inactifs, le taux d’emploi de 80% en 2030 est une équation impossible.

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