Simplifions les dépenses publiques belges en rénovant la démocratie !

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Tandis que certains veulent taxer les plus riches, d’autres insistent sur la nécessité de réduire nos dépenses publiques très élevées. Et si c’était là le chantier salutaire pour simplifier la Belgique ?

« Le problème, ce ne sont pas les recettes, ce sont les dépenses. » Ces déclarations d’Alexia Bertrand (Open VLD), secrétaire d’Etat fédérale au Budget, alimentent le débat depuis ce week-end. « Si vous avez 54% de dépenses publiques, alors vous devez absolument réduite les dépenses », a-t-elle insisté sur la VRT. Une réponse à la gauche et à Vooruit qui préconise un renforcement de la taxation des grandes fortunes. Mais ce débat pourrait également être salutaire pour le pays. Voici comment.

Transformer la contrainte en opportunité

A peine les portes du conclave budgétaire refermées, le débat reprend de plus belle au sein de la Vivaldi, alors que les dernières grandes réformes de la législature (fiscalité, pensions) peinent à atterrir dans un contexte budgétaire difficile. Il est vrai que le petit effort de 0,3% du PIB décidé lors de conclave, certes supérieur à l’engagement initial, reste insuffisant au regard de la détérioration de nos finances publiques.

Le problème ? A partir de mai-juin, nous entrons dans une période électorale, généralement peu propice à des efforts impopulaires. Et les élections de l’an prochain, qui devraient être fixées le 9 juin 2024, risquent de déboucher sur un blocage institutionnel de longue durée. Et si l’on transformait la contrainte en opportunité : simplifier le fonctionnement de la Belgique pour la rendre plus efficace et réduire un certain nombre de dépenses publiques qui s’apparentent à de la gabegie ?

Dépenser chaque euro intelligemment

« Dire que l’Etat doit veiller à ce que chaque euro dépensé le soit intelligemment n’est pas, selon moi, une position de droite, insiste Yvan Verougstraete, vice-président des Engagés. Cela me semble même encore plus essentiel pour tous ceux qui, au quotidien, courent dans tous les sens pour s’en sortir… Et qui sont, à juste titre, encore plus révoltés quand ils voient que d’un autre côté on gaspille. » Lors d’un entretien à BX1, cette semaine, il a notamment évoqué le nombre trop important de fonctionnaires en Région bruxelloise.

« Mon but n’est certainement pas de “couper” pour “couper”, insiste-t-il, mais de limiter au maximum les dépenses inutiles pour éviter que le système ne craque, faire face au coût du vieillissement de la population et pouvoir réinvestir dans les services publics qui ont été délaissés et dans les infrastructures dont nous avons besoin pour relever le défi climatique! »

La technique de la « râpe à fromage » est souvent utilisée pour grappiller là où l’on peut pour éviter la banqueroute du système. Mais il est urgent de changer de logiciel.

Une plus grande efficacité

Deux contributions publiées dans L’Echo ces mardi et mercredi prêtent à réflexion. Bart Van Craynest, économiste en chef du Voka (patronat flamand) met le doigt sur le déficit d’efficacité de notre pays. « La qualité des politiques menées dans les pays scandinaves est nettement supérieure à celle de la Belgique, alors que les dépenses publiques y sont en moyenne inférieures de 5% du PIB, écrit-il. A l’échelle belge, cela dépense à quelque 30 milliards de dépenses. »

Tout en reconnaissant que le débat est complexe, l’économiste Etienne de Callataÿ (Orcadia Asset Management), souligne : « Nous avons une attitude à penser des règles complexes, dont la mise en œuvre est très lourde. On instaure des usines à gaz pour compenser des petites injustices. Nous avons des processus pour protéger les plus faibles, au détriment de l’efficacité globale : je parle des nominations à vie ou du corporatisme syndical, dans lequel on va défendre un syndiqué même s’il ne se comporte pas comme on est en droit d’attendre qu’il le fasse. »

Un chantier d’envergure… vital

En réalité, le chantier est d’envergure car le coût du fonctionnement belge est le fruit de son histoire et le garant de la paix tant sociale que communautaire. Les structures, toujours plus nombreuses, ont vu le jour pour pacifier l’école en raison des fractures religieuses, pour apaiser les colères linguistiques, pour défendre des intérêts partisans ou pour valoriser les missions de l’Etat. La résultant ? Un enchevêtrement illisible et provoquant trop souvent la défiance – quand cela n’induit pas des dérives de part de certains.

Une page blanche ? Cela semble difficile à envisager au vu des intérêts en jeu et cela ouvre la voie aux populismes dangereux. Mais une réforme de l’Etat, qui semble inéluctable en 2024, pourrait idéalement conjuguer ces deux objectifs : simplifier les structures et revitaliser notre démocratie.

Chiche.

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